
C’est une petite phrase qui a fait grand bruit. Lors d’un meeting tenu le 17 juillet, Donald Trump, jamais avare en propositions (surtout quand elles secouent le système), a suggéré que Coca-Cola devrait remplacer le sirop de maïs par du sucre de canne dans ses célèbres canettes. Une déclaration à la fois sucrée, explosive… et amère pour certains.
Le 17 juillet, Donald Trump a annoncé via Truth Social que Coca‑Cola allait troquer le sirop de maïs contre du vrai sucre de canne dans ses boissons aux États-Unis – rien que ça! Rapidement, la marque a répondu avec prudence, tout en affirmant que des «innovations à venir» étaient en préparation.
Avant d’ouvrir le débat, rappelons que Coca-Cola est une institution aux États-Unis. Créée en 1886, vendue dans plus de 200 pays, la boisson gazeuse est depuis longtemps un symbole de l’American way of life, tout autant qu’un pilier économique. Rien qu’aux États-Unis, l’entreprise emploie plus de 80.000 personnes, alimente un gigantesque réseau de distribution… et sponsorise le Super Bowl à l’école primaire, rappelle CNN Business. Alors quand le 45e président des États-Unis se mêle de la recette, forcément, ça fait des vagues.
Sirop de maïs vs sucre de canne
Depuis les années 1980, Coca-Cola vend aux États-Unis une version sucrée au sirop de maïs à haute teneur en fructose (HFCS). Moins coûteux à produire que le sucre classique, ce sirop règne en maître sur les sodas américains, selon Food & Wine. Pourquoi? Parce que le maïs est abondant, subventionné et produit massivement aux États-Unis. Résultat: des coûts réduits et une chaîne d’approvisionnement locale bien rodée.
Mais voilà que Trump veut «rendre au Coca son vrai goût», en troquant le sirop de maïs contre du sucre de canne, comme dans les versions mexicaines du Coca. Sur le papier, le sucre de canne est plus «naturel», moins controversé sur le plan de la santé, et donnerait au Coca un goût plus rond, plus fidèle à la recette originale. De quoi séduire les nostalgiques et les amateurs de produits moins transformés. Mais dans les faits, cette transition serait un véritable casse-tête logistique et économique, souligne Reuters.
Les cultivateurs de maïs voient rouge
La Corn Belt, ceinture agricole qui couvre une bonne partie du Midwest américain, vit du maïs. Et pas uniquement pour garnir les barbecues du 4 Juillet: le sirop de maïs est l’un de ses débouchés majeurs. Remplacer cette production massive par du sucre de canne reviendrait à bousculer des milliers d’agriculteurs et à déséquilibrer toute une industrie, déjà fragilisée par les aléas climatiques et les tensions commerciales. En effet, 400 millions de boisseaux sont chaque année transformés pour l’industrie agroalimentaire, selon les chiffres avancés par Reuters.
«Ce serait une catastrophe pour nous», confie un producteur de l’Iowa à Reuters. «Le sirop de maïs, c’est notre pain quotidien. Trump, lui, préfère le sucre. Mais nous, on vit du maïs.»
L’association professionnelle Corn Refiners estime qu’un changement massif pourrait faire perdre jusqu’à 5,1 milliards de dollars à l’économie agricole, sans compter les milliers d’emplois menacés.
D’où vient le sucre de canne?
L’autre problème, c’est l’offre. La production américaine de sucre de canne est limitée, principalement concentrée en Floride, en Louisiane et à Hawaï. Impossible donc de couvrir une demande gigantesque comme celle de Coca-Cola, qui écoule des milliards de litres par an.
Il faudrait donc importer du sucre, notamment d’Amérique latine ou d’Asie, ce qui impliquerait coûts d’importation, taxes, tensions commerciales potentielles… et un bilan carbone alourdi.
Si le Coca au sucre de canne séduit certains consommateurs et nutritionnistes, son adoption à grande échelle ne ferait pas que des heureux: risques pour l’industrie agricole du maïs, hausse des prix de production (et donc des canettes), augmentation des importations et logistique à repenser pour toute l’industrie agroalimentaire américaine.
Et Coca-Cola dans tout ça? L’entreprise ne s’est pas encore exprimée officiellement sur la suggestion présidentielle. Prudence diplomatique sûrement! Trump veut sucrer les sodas autrement. Mais s’attaquer au sirop de maïs, c’est toucher à une colonne vertébrale économique des États-Unis, pas juste à une recette de cola. Alors… avec ou sans glaçons?
Commentaires