
Les ministres des Finances du G20 ont plaidé vendredi pour la coopération multilatérale et l'indépendance des banques centrales, affichant un consensus a minima dans un monde secoué par les turbulences des droits de douanes imposés tous azimuts par Donald Trump.
Pour «assurer la stabilité des prix», l"«indépendance des banques centrales est cruciale» se sont accordés les argentiers du G20 dans un premier communiqué commun depuis que l'Afrique du Sud a pris la présidence du groupe à la suite du Brésil en novembre.
Cette déclaration signée par les États-Unis intervient après les critiques renouvelées du président américain Donald Trump à l'encontre du président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell, accusé encore cette semaine de faire du «mauvais boulot».
«C'est vraiment l'une de mes pires nominations», l'a attaqué de nouveau vendredi le président américain sur son réseau social Truth, demandant une baisse de plus de trois points des taux d'intérêts directeurs.
Le numéro un du Trésor américain Scott Bessent était toutefois absent à Durban, comme lors de la première réunion en février au Cap, mais représenté par le sous-secrétaire du Trésor aux Affaires internationales, Michael Kaplan.
En pleine polémique sur une prétendue «persécution» des fermiers blancs par Pretoria, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio avait boycotté la réunion des ministres des Affaires étrangères en Afrique du Sud, premier pays du continent à présider le groupe.
Environnement «difficile»
«Il est important de signaler que les États-Unis restent engagés dans le format du G20 et qu'ils ont également accepté ce communiqué commun», a relevé le Commissaire européen à l'Économie Valdis Dombrovskis devant les médias à l'issue de la réunion plénière.
«Elle a été difficile dans cet environnement», a reconnu le ministre des Finances sud-africain Enoch Godongwana. «Réussir ce que nous avons fait dans ce contexte, je pense que c'est une grande réussite».
Reconnaissant des «risques existants et émergents pour l'économie mondiale», les membres «soulignent l'importance de renforcer la coopération multilatérale» après des mois de décisions unilatérales des États-Unis chamboulant les règles du jeu international.
Washington doit justement succéder à Pretoria à l'issue du sommet des chefs d'État les 22 et 23 novembre à Johannesburg, où la présence de Donald Trump demeure incertaine.
En pleine escalade commerciale du président américain ayant menacé l'Union Européenne de 30% de surtaxes douanières au 1ᵉʳ août, les financiers du G20 se sont aussi accordés sur «l'importance de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour faire avancer les questions commerciales».
Tout en estimant que l'OMC, mise à mal par la politique du locataire de la Maison Blanche, nécessitait une «réforme importante».
Les discussions, qui ont eu lieu dans un luxueux hôtel en dehors de la ville côtière de Durban, ont porté sur la manière de «préserver un système commercial multilatéral fondé sur des règles» ainsi que la fiscalité mondiale, a ajouté Valdis Dombrovskis.
Les dirigeants se sont fixé l'objectif de «trouver une solution équilibrée et pratique qui soit acceptable pour tous» au sujet de la taxation minimale des multinationales dans le monde à 15%, quelques semaines après que Donald Trump a obtenu une exemption pour ses entreprises de cette mesure âprement négociée durant des années sous les auspices de l'OCDE.
S'agissant de la dette des pays moins avancés, un des sujets portés par la présidence sud-africaine, qui a par ailleurs choisi le thème «Solidarité, égalité, durabilité» pour cette édition, le G20 s'est dit déterminé «à remédier aux vulnérabilités de la dette» dans ces pays en «renforçant davantage la mise en œuvre du cadre commun du G20», déjà existant.
Concernant l'environnement et le changement climatique, un des thèmes de friction avec les États-Unis, le groupe s'en tient à une formule lapidaire en prenant «acte de la prochaine COP30 à Belem» au Brésil du 10 au 21 novembre.
AFP
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