
La séance parlementaire consacrée au débat de politique générale, la première depuis 2017, s’est achevée ce matin par un vote de confiance. Celui-ci avait été réclamé par le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, qui s'était déclaré insatisfait des réponses apportées par le Premier ministre, Nawaf Salam, aux interrogations des parlementaires.
À l’issue de ce vote, cinq mois après la formation du gouvernement, 69 députés ont renouvelé leur confiance au gouvernement, au terme d’une séance entamée mardi et marquée par des échanges nourris, des mises en garde et une polarisation croissante sur la question du désarmement. À noter que sur les 82 députés présents, 9 ont voté contre et 4 se sont abstenus de voter.
Se prononçant en amont de l’appel au vote et en réaction aux multiples interventions parlementaires, le Premier ministre a prononcé un discours dense, dans lequel il a affirmé sa volonté de faire face à l’ampleur de la tâche gouvernementale, tout en soulignant les limites de son mandat.
«J’ai écouté les opinions et les interventions des députés, et je prendrai toutes les critiques au sérieux», a-t-il assuré. «Notre responsabilité est grande et nous sommes déterminés à poursuivre notre travail malgré les difficultés et les obstacles», a-t-il ajouté.
Il a, dans ce sens, rappelé que le gouvernement ne date que d’il y a quelques mois, mais que cela ne l’empêchait pas d’œuvrer en faveur de l’extension de la souveraineté de l’État sur l’ensemble du territoire et de la mise en œuvre d’un plan global de désarmement. «Chacun sait que l’armée a beaucoup entrepris pour étendre la souveraineté de l’État sur ses terres au sud du Litani», a-t-il affirmé, avant de réitérer l’engagement du gouvernement à «poursuivre ses efforts dans ce sens sur les zones situées au nord et au sud du Litani».
Concernant le dossier des déplacés syriens, le chef du gouvernement a fait part de la mise en place d’un plan qualifié de «sûr et durable» pour leur retour, précisant que ce dernier n’était pas une simple déclaration d’intention, mais un engagement «sans équivoque et irréversible», tel qu’énoncé dans le discours d’investiture du président de la République et dans la déclaration ministérielle. Il a, dans ce contexte, indiqué que «16.000 demandes de retour de Syriens déplacés ont été enregistrées au cours des dix derniers jours».
Sur le front intérieur, le Premier ministre a reconnu que «les institutions de l’État ont failli à leurs devoirs» et que l’action gouvernementale se heurtait à des «obstacles et des défis hérités du passé». Mais malgré ces contraintes, a-t-il assuré, «nous renouvelons notre engagement et notre détermination à réformer et à sauver le pays».
Il a également évoqué les nominations dans la fonction publique, qu’il a défendues en insistant sur le respect des principes «de compétence, de concurrence et d’égalité».
En matière économique, M. Salam a réaffirmé que «le gouvernement a donné la priorité aux droits des déposants», soulignant que leur restitution passait par «l’instauration de la transparence et de la régularité dans le secteur bancaire».
Abordant les questions d’énergie et de technologie, il a mentionné la poursuite des négociations en vue de la construction de centrales électriques au gaz, ainsi que le développement du projet Starlink.
Enfin, concernant la gestion des déchets et la gouvernance locale, il a rappelé que «le ministère travaille, loin de toute fragmentation, à améliorer la gouvernance du secteur», tout en signalant que «le cabinet œuvre à la mise à jour de la stratégie nationale de gestion des déchets solides».
Sur la question de l’électricité, Nawaf Salam a fermement rejeté les accusations d’improvisation, assurant: «Je suis convaincu que ce que nous vous fournirons vous prouvera le contraire.»
Armes, souveraineté et réformes
Le débat sur les armes a occupé une place centrale lors de la séance. Plusieurs députés, issus de blocs opposés, ont exprimé des positions tranchées. Dans ce contexte, le député Ahmad Kheir (Modération nationale) a appelé les détenteurs d’armes illégales à coopérer avec l’État, indiquant qu’«il n’y aura pas de résurrection de la nation à l’ombre de la dualité des armes».
De son côté, le député dit du changement Michel Douaihy a plaidé pour un plan clair de désarmement, avec calendrier et garanties, affirmant que seule «la logique de l’État» protège réellement les Libanais.
Pour sa part, le député Pierre Bou Assi (Forces libanaises) a déclaré que «le Hezbollah affirme qu’il ne rendra pas les armes», se demandant alors à quoi servait la présence de l’armée libanaise. Une assertion reprise par le parlementaire Firas Hamdan, qui a souligné l’absence de mécanismes concrets pour le retrait des armes.
Le député de Kesrouan, Neemat Frem, a exprimé ses inquiétudes quant à l’avenir de l’État libanais, qu’il estime menacé. Intervenant lors du débat parlementaire, il a souligné que le rétablissement du monopole de l’État sur l’usage de la force, notamment à travers le désarmement du Hezbollah, est une étape essentielle pour restaurer la légitimité institutionnelle. Par ailleurs, M. Frem a critiqué la récente hausse des taxes sur les carburants décidée fin mai.
La gouvernance et la transparence ont également occupé une large part des discussions. Plusieurs députés se sont interrogés sur l’absence de vision économique, sur les mécanismes clientélistes et la paralysie du pouvoir judiciaire mais aussi sur la question du droit des déposants.
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