De violents affrontements ont secoué mardi matin la ville de Soueïda, à majorité druze, dans le sud de la Syrie, où les forces gouvernementales ont pénétré après deux jours d’affrontements sanglants. Selon un correspondant de l’AFP présent sur place, des explosions et des tirs nourris ont retenti à l’entrée de la ville, tandis qu’une épaisse fumée noire s’élevait d’un quartier vers lequel convergeaient les troupes syriennes.
L’armée syrienne avait annoncé tôt dans la matinée le début de l’entrée de ses unités dans Soueïda, jusque-là sous le contrôle de groupes armés druzes. Un couvre-feu a été instauré, et les autorités ont appelé les habitants à rester chez eux et à signaler tout mouvement de «groupes hors-la-loi».
Un communiqué émanant des autorités religieuses druzes appelait les factions locales à remettre leurs armes sans opposer de résistance. Toutefois, l’un des signataires de cet appel, le cheikh Hikmat al-Hajri, figure spirituelle influente de la communauté, a pris ses distances dans un message séparé. Il a dénoncé «une campagne barbare» menée par Damas, accusant le pouvoir syrien de ne pas respecter ses engagements et de continuer à bombarder la ville. Il a également appelé les Druzes à se mobiliser pour défendre « leur terre, leur peuple et leur dignité ».
Sur des images tournées par les vidéastes de l’AFP, des combattants ralliés au régime, certains en civil, apparaissent brandissant leurs armes juchés sur un char, alors que les forces gouvernementales affluaient vers les zones de tension.
L’intervention des troupes syriennes intervient dans un contexte particulièrement instable. Dimanche, des affrontements avaient éclaté entre des combattants druzes et des membres de tribus bédouines locales, sur fond de tensions communautaires anciennes. Les forces gouvernementales, censées intervenir pour pacifier la région, se sont finalement engagées aux côtés des Bédouins contre les factions druzes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), des témoins et plusieurs groupes locaux.
Dans ce climat explosif, le ministre syrien de la Défense, le général de division Marhaf Abou Qasra, a annoncé mardi après-midi un cessez-le-feu total à Soueïda, à la suite d’un accord avec les notables de la ville. Il a précisé que les troupes ne répondront qu’en cas de tirs hostiles, tout en affirmant avoir donné des instructions strictes pour «assurer la sécurité des civils, préserver la paix sociale et protéger les biens publics et privés contre les abus».
Le ministre a ajouté que les quartiers de la ville seraient progressivement remis aux forces de sécurité intérieure une fois les opérations de ratissage achevées, afin de rétablir l’ordre et permettre le retour des habitants. Par ailleurs, il a ordonné le déploiement de la police militaire pour encadrer les forces engagées et sanctionner tout comportement excessif.
Israël entre en scène
L'agence officielle syrienne Sana a indiqué mardi que l'aviation israélienne avait visé Soueïda.
«L'aviation de l'occupation israélienne vise la ville de Soueïda», a affirmé l'agence. Israël avait déjà frappé lundi les abords de Soueïda. où étaient massées les troupes gouvernementales, et le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, avait affirmé qu'il s'agissait d'«un clair avertissement au régime syrien». «Nous ne permettrons pas que du mal soit fait aux druzes en Syrie, avait-il dit.
L’armée israélienne a confirmé avoir frappé des véhicules militaires des forces syriennes à Soueïda et selon la télévision syrienne, ces frappes ont fait des morts et des blessés parmi les forces de sécurité et de l’armée.
Avec AFP
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