Trump surenchérit avec 30% de droits de douane pour le Mexique et l'UE
Le président américain Donald Trump s'adresse à la presse avant de monter à bord de Marine One sur la pelouse sud de la Maison Blanche à Washington, DC, le 11 juillet 2025. Le 12 juillet 2025, le président Donald Trump a déclaré que les principaux partenaires commerciaux des États-Unis, le Mexique et l'Union européenne, seraient soumis à des droits de douane de 30 % à partir du mois prochain. ©Andrew CABALLERO-REYNOLDS / AFP

Donald Trump a annoncé samedi l'imposition de droits de douane de 30% pour les produits de l'Union européenne et du Mexique importés aux États-Unis, une nouvelle surenchère sur fond de négociations avant l'échéance du 1er août qui sème l'inquiétude en Europe.

Le président américain a justifié, dans une nouvelle lettre publiée sur sa plateforme Truth Social, cette décision en se plaignant du déficit commercial américain avec les 27 pays de l'UE.

Cette charge a aussitôt suscité de vives réactions en Europe, où, des voitures aux médicaments, des avions aux vins, des secteurs essentiels de l'économie du continent pourraient être frappés.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a averti sur X que, si cette annonce était effectivement mise en place, cela «perturberait les chaînes d'approvisionnement transatlantiques essentielles».

Si elle se dit «prête à poursuivre le travail» pour trouver un accord avec Washington d'ici à l'échéance du 1er août, Ursula von der Leyen menace d'adopter des «contre-mesures proportionnées si cela s'avère nécessaire». Bruxelles avait déjà préparé, sans l'appliquer, un train de surtaxes sur des produits américains.

Mais Donald Trump a prévenu qu'en cas de mesures de rétorsion, il augmenterait d'autant ses droits de douane sur les produits européens entrant aux États-Unis, en plus des 30% annoncés samedi.

Déficit commercial

Début avril déjà, le chef de l'État américain avait menacé l'UE d'infliger 20% de droits de douane aux produits européens exportés aux États-Unis. Fin mai, frustré par le manque d'avancée dans les négociations, il avait relevé ce taux à 50%, avec effet annoncé au 1er juin, finalement repoussé au 1er août, jusqu'à sa lettre de samedi.

Selon des sources diplomatiques, les discussions menées jusqu'ici se faisaient sur la base de droits de douane américains de 10%, avec exceptions.

Donald Trump laisse la porte ouverte à une renégociation.

«Si vous êtes prêts à ouvrir aux États-Unis votre marché fermé, à éliminer vos droits de douane, vos mesures protectionnistes et les obstacles aux échanges, nous envisagerons éventuellement des ajustements», a écrit samedi le président américain à Ursula von der Leyen.

En 2024, les États-Unis ont affiché un déficit commercial de 236 milliards de dollars avec l'UE (+13% sur un an), qui a exporté 606 milliards de biens sur le territoire de la première économie mondiale, selon des chiffres du bureau du représentant américain au commerce.

La mesure annoncée par Donald Trump, uniforme sur les 27, toucherait chacun d'entre eux différemment.

L'Irlande, avec son industrie pharmaceutique, et l'Allemagne, avec ses automobiles et son industrie lourde, seraient ainsi plus exposées que la France, même si la filière viticole hexagonale craint déjà d'une «catastrophe».

Le président français Emmanuel Macron, exprimant sa «très vive désapprobation», a appelé Bruxelles à «défendre résolument les intérêts européens», en l'invitant à «accélérer la préparation de contre-mesures crédibles».

De son côté, la ministre allemande de l'Économie Katherina Reiche a appelé l'UE à négocier de «manière pragmatique une solution avec les États-Unis qui se concentre sur les principaux points de conflit».

«Arrêter les cartels»

Au Mexique, l'imposition d'une surtaxe de 30%, contre annoncés 25% jusqu'ici, a été qualifiée d'«injuste» par le gouvernement, qui assure être encore en pourparlers avec Washington.

Cette surtaxe ne devrait pas s'appliquer aux produits, largement majoritaires, entrant dans le cadre de l'accord Canada/États-Unis/Mexique (ACEUM), a précisé un responsable américain à l'AFP, ajoutant cependant que la question n'a pas encore été définitivement tranchée par le président.

Le Mexique est particulièrement vulnérable: 80% de ses exportations ont pour destination les États-Unis. Mais Donald Trump a une nouvelle fois accusé samedi Mexico de ne pas lutter suffisamment contre l'immigration illégale et le narcotrafic.

Depuis lundi, le gouvernement Trump a précisé à une vingtaine de partenaires commerciaux, principalement asiatiques, les taux qui seront désormais appliqués, de 20% à 40% à l'exception du Brésil (50%).

Une soixantaine de nations devraient, sauf accord commercial avant la date limite du 1er août, se voir infliger des surtaxes supérieures à 10%, niveau plancher qui sera appliqué aux autres, Canada et Mexique étant des cas particuliers.

L'ancienne vedette de téléréalité a fait des droits de douane un axe fort de sa politique économique. Ils sont, pour lui, un moyen de réduire le déficit commercial américain et de réindustrialiser les États-Unis.

De nombreux économistes y voient un frein pour la croissance mondiale et un facteur inflationniste aux États-Unis.

AFP

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