Turquie: le PKK en cinq dates
Du soulèvement armé lancé en 1984 à l’appel à la dissolution lancé en 2025 par Abdullah Öcalan, le PKK s’apprête à franchir un tournant historique en initiant vendredi une cérémonie de désarmement dans le nord de l’Irak. ©Yasin Akgul / AFP

La guérilla kurde du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan, s'apprête à clore une étape historique en procédant à un premier dépôt d'armes vendredi, dans le nord de l'Irak.

Voici cinq moments clefs de l'histoire du PKK et de son fondateur Abdullah Öcalan.

1978-1984: création du PKK et début de la lutte armée
D'obédience marxiste-léniniste à sa création, le PKK se forme autour d'un noyau d'étudiants de l'université d'Ankara en 1978, dont l'objectif est de parvenir à la libération du Kurdistan.

Ses fondateurs sont principalement (mais pas exclusivement) kurdes comme Abdullah Öcalan, étudiant en sciences politiques.

En 1980, le coup d'État militaire en Turquie force le PKK et son chef à s'expatrier en Syrie et au Liban (alors occupé par l'armée de Hafez al-Assad): le PKK s'y entraîne dans la plaine de la Bekaa.

En 1984, le PKK s'engage dans une série d'attentats, ciblant notamment des postes et des convois militaires turcs.

La répression conduite en retour par l'État enclenche un cycle de violences, en particulier dans le sud-est du pays à majorité kurde, placé en état de quasi-guerre civile. Sans gain militaire significatif.

1999: capture d'Öcalan
Menacé, le chef du PKK quitte la Syrie et entame un périple entre plusieurs pays européens. Il est arrêté le 15 février 1999 au Kenya.

Condamné à mort en Turquie, il est placé à l'isolement sur l'île-prison d'Imrali, au large d'Istanbul. Sa peine est commuée en prison à vie en 2002 quand la Turquie renonce à la peine capitale.

2013-2015: le pari de la trêve
Abdullah Öcalan appelle le PKK à déposer les armes à l'occasion du Nouvel An kurde, le 21 mars 2013, alors que s'engagent des négociations avec le pouvoir de Recep Tayyip Erdogan via les députés du parti prokurde HDP (devenu DEM).

C'est la première vraie trêve après une précédente tentative au début des années 2000. Elle vole en éclats après un attentat antikurde meurtrier en juillet 2015 à la frontière syrienne (34 morts).

La victoire de candidats prokurdes aux élections législatives en 2015 suscite un nouveau durcissement du pouvoir qui craint de perdre la main.

2015-2016: la guerre du Sud-Est
L'aviation turque multiplie les raids anti-PKK en Irak et mène une vaste offensive militaire dans le sud-est de la Turquie où le PKK lance un «soulèvement urbain».

S'ensuivent des combats quotidiens, dévastateurs, jusqu'au cœur de grandes villes, dont Diyarbakir, qui laissent un sentiment amer dans la population.

Les combats se doublent d'attentats sanglants à Ankara et Istanbul. L'État répond par une répression accrue contre les partis prokurdes, notamment le HDP.

Vaincus par la puissance de feu d'Ankara, les combattants se replient dans le nord de l'Irak et de la Syrie.

La Turquie se déploie progressivement dans le nord de la Syrie où elle entend instaurer une «zone de sécurité» pour protéger ses frontières. En décembre 2024, elle admettait la présence de 16.000 à 18.000 soldats.

2025-2025: appel à la dissolution d'Öcalan
Après une décennie de statu-quo militaire, le chef du parti nationaliste MHP, principal allié du président Erdogan, propose à l'automne 2024 à Abdullah Öcalan d'appeler le PKK à déposer les armes et de «venir s'exprimer devant le Parlement».

Au terme d'une médiation d'élus du parti prokurde DEM, autorisés à le rencontrer en prison, Abdullah Öcalan appelle le 27 février 2025 le PKK à «déposer les armes et (...) à se dissoudre», affirmant «assumer la responsabilité historique de cet appel».

Lors d’un congrès tenu le 12 mai, le PKK a confirmé sa dissolution. Le 9 juillet, son leader Abdullah Öcalan, qui a fêté ses 76 ans en juin, a annoncé qu’un processus de désarmement allait commencer «rapidement». «Je crois au pouvoir de la politique et de la paix sociale, et non des armes. Et je vous appelle à mettre ce principe en pratique», insiste-t-il dans un message vidéo prononcé en turc.

La première cérémonie de désarmement devrait avoir lieu vendredi dans le nord de l'Irak.

Par AFP

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