Entre Londres et Paris, l'immigration s'impose au sommet
Rencontre au 10 Downing Street à Londres, le 9 juillet 2025, au second jour de la visite d'État du président français Emmanuel Macron au Royaume-Uni. ©Alberto Pezzali/AFP

C’est le sujet qui a plané sur toute la visite, sans forcément s’afficher sur les tapis rouges. La gestion de l’immigration illégale entre la France et le Royaume-Uni était ce mercredi 9 juillet au cœur des discussions entre le président français Emmanuel Macron et le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer.

Depuis le début de l’année, plus de 20.000 migrants ont tenté de traverser la Manche à bord d’embarcations de fortune. Un chiffre qualifié de record qui alimente la pression politique des deux côtés du détroit et appelle une réponse urgente. 

Les Britanniques veulent aller plus loin. Au-delà du traité de Sandhurst de 2018, qui prévoyait déjà des financements pour sécuriser les côtes françaises, Londres propose désormais un mécanisme inédit: renvoyer vers la France les migrants arrivés illégalement sur le sol britannique, tout en acceptant d’accueillir un nombre équivalent de réfugiés enregistrés. Une sorte de contrat moral à base de «un pour un» que la France regarde avec prudence.

Car Paris refuse de devenir le sac de tri de l’asile britannique. Mais l’Élysée se dit prêt à renforcer les moyens de lutte contre les départs. Emmanuel Macron a validé une extension de la doctrine maritime, qui autoriserait les forces françaises à intervenir dès les premiers mètres en mer, avant même que les bateaux ne quittent les côtes. Un changement technique mais lourd de sens dans ce dossier où chaque geste est interprété. 

«Nous voulons des résultats concrets», a déclaré Macron. Mais sur le terrain, rien n’est simple. Les passeurs s’adaptent, les traversées se multiplient et les dispositifs changent de forme sans changer de fond.

Plusieurs ONG dénoncent une fuite en avant sécuritaire et les experts pointent une mécanique infernale: plus on renvoie, plus on tente à nouveau. 

A ce stade, aucun nouvel accord n’a été signé. Mais la volonté politique est là. Et c’est exactement ce que cherchait Emmanuel Macron en rencontrant Keir Starmer, un partenaire avec qui remettre à plat la coopération migratoire dans un climat post-Brexit plus apaisé. 

Ce qui se joue aujourd’hui entre Paris et Londres pourrait, au fond, dépasser la Manche, en devenant une tentative, même si encore incomplète, de penser autrement les mouvements humains, à l’heure où les frontières dans le monde entier se ferment plus vite qu’elles ne se négocient.

 

 

Commentaires
  • Aucun commentaire