
Les violents incendies qui frappent le sud de la France depuis la canicule de la semaine dernière ont atteint un paroxysme mardi, les flammes, poussées par le mistral, atteignant Marseille, alors que des milliers d'hectares sont partis en fumée dans l'Hérault et l'Aude, plus à l'ouest.
Parti en fin de matinée des Pennes-Mirabeau, localité limitrophe de la cité phocéenne, un feu déclenché par un incendie d'automobile sur l'autoroute A55 s'est rapidement propagé, poussé par un vent du nord causant des «sautes de feu jusqu'à 300 mètres», selon les pompiers.
En quelques heures, il avait parcouru quelque 700 hectares en direction de la deuxième ville de France, entraînant à la mi-journée la fermeture de l'aéroport d'Aix-Marseille Provence, le quatrième de France en nombre de passagers. Une reprise partielle du trafic était attendue à partir de 21h30.
Le panache de fumée dégagé provoquait sur Marseille une concentration en particules fines 10 fois supérieure aux normes, selon Atmo-Sud et s'étendait en mer sur une centaine de kilomètres, selon les images satellites.
Neuf pompiers ont été légèrement intoxiqués et une «dizaine d'habitations atteintes», selon le préfet de région Georges-François Leclerc, qui a qualifié vers 17h30 la situation de «pas figée, mais maîtrisée».
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau était attendu sur place à Marseille dans la soirée, vers 22h30. «Soutien à nos pompiers et forces engagés contre les incendies», a réagi sur X le président Emmanuel Macron.
Les conditions météo venteuses devaient durer «une bonne partie de la nuit (...), mais on n'a plus de progression linéaire», a expliqué en fin d'après-midi le vice-amiral Lionel Mathieu, chef des marins-pompiers de Marseille. Au total, plus de 700 pompiers étaient encore engagés mardi en fin de journée.
Quelques évacuations préventives — au moins 80 personnes à Marseille selon la préfecture de police — ont eu lieu et le système FR.alert a envoyé des textos recommandant le confinement à tous les téléphones bornant dans les zones concernées.
«Oiseaux en flammes»
Arrivé à 16h00 aux portes des quartiers nord de la cité phocéenne, l'incendie a poussé la préfecture et les autorités à appeler au confinement les quelque 15.000 habitants du 16e arrondissement, mélange d'habitat traditionnel villageois et de grandes cités, comme celle de la Castellane.
La police a bouclé le secteur, juste en dessous du centre commercial Grand Littoral. «Ils nous laissent pas rentrer», témoignait une habitante bloquée avec son panier de courses.
Dans le quartier marseillais de l'Estaque, aux confins nord de la ville, Monique Peter, retraitée de 73 ans, a «déjà eu de gros feux comme ça en 2001, en 2005, en 2006, mais pas aussi rapidement. En l'espace de dix minutes, le feu est sorti des Pennes-Mirabeau, vraiment ça a fait un saut. Quand on était dehors, on a vu des oiseaux s'envoler en flammes».
«On a été obligés de partir parce que les flammes arrivaient dans le jardin et les pompiers sont arrivés quatre heures après, tout simplement. Et depuis, on est là et on n'arrive pas à savoir si notre maison est encore debout», se désole-t-elle.
En fin d'après-midi la circulation des trains passant près de l'incendie, notamment la ligne vers Paris, a été interrompue au départ et à l'arrivée de Marseille, pour une durée indéterminée.
L'hôpital Nord, un des plus gros établissements publics de la ville, «est passé sur groupes électrogènes, par mesure de sécurité, en raison de micro-coupures électriques», a indiqué l'Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille.
À l'autre bout du littoral méditerranéen, plus d'un millier de pompiers venus de toute la France continuaient eux à lutter contre un incendie qui a parcouru 2.000 hectares de forêt depuis lundi, à proximité directe de Narbonne, dans l'Aude, un département touché par trois feux de forêt en une semaine. Selon le préfet, ce feu progressait encore modérément en fin de journée mardi.
Ici aussi le feu, parti lundi dans des circonstances inconnues d'un domaine viticole des Corbières, s'est vite propagé sur une végétation desséchée et sous l'effet d'un vent soufflant jusqu'à 90 km/h. Une enquête a été ouverte par le parquet de Narbonne pour déterminer les causes de l'incendie.
Pour éviter les stationnements anarchiques de nombreux camions et fluidifier le trafic routier, en cette période de congés estivaux, l'autoroute A9, fermée depuis lundi après-midi, causant des dizaines de kilomètres d'embouteillages, avait été rouverte à la circulation en fin de matinée.
Mais elle a été de nouveau coupée mardi en fin d'après-midi, «à titre préventif», dans l'Hérault cette fois, dans les deux sens de circulation, entre Sète (sortie N.33) et Agde (N.34), en raison de fumées provenant d'un feu de pinède qui a parcouru 700 hectares sur les communes de Castelnau-de-Guers et Montagnac. Au total, 820 pompiers étaient engagés mardi soir contre les flammes dans ce département, sur trois fronts.
À une cinquantaine de kilomètres plus au nord, les sapeurs-pompiers du Gard intervenaient eux depuis 13h55 pour un feu de forêt sur la commune de Montardier, où 120 hectares de végétation, de broussailles et de feuillus ont été parcourus.
AFP
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