
La Bourse de Commerce – Pinault Collection accueille actuellement, et jusqu’au 21 septembre, Clinamen, une installation grandiose de Céleste Boursier-Mougenot. Jumelant eau, porcelaine et ondes sonores, elle fait de la Rotonde du musée un endroit de contemplation sensorielle.
La Bourse de Commerce – Pinault Collection accueille Clinamen, une œuvre immersive, sensorielle et onirique signée Céleste Boursier-Mougenot. Conçue à l’origine au XVIIIᵉ siècle comme halle au blé, la Bourse de Commerce, aujourd’hui musée d’art contemporain, devient ici un écrin vivant pour une œuvre en perpétuelle reconfiguration. Cette installation transforme en effet la Rotonde du musée en un espace de méditation, à la fois sonore et visuelle.
Céleste Boursier-Mougenot a représenté la France à la 56e Biennale de Venise en 2015. De 1985 à 1994, il a été compositeur pour la compagnie Side One - Posthume Théâtre, conduite par le metteur en scène Pascal Rambert. L’artiste s’est ensuite dédié à la création d’installations sonores, voulant accorder une configuration indépendante à sa musique. Partant d’objets ou de situations diversifiées, il a conçu des dispositifs capables de transformer ces éléments en partitions musicales, reproduisant en temps réel des sons qu’il qualifie de «vivants».
Imposante et fine, son œuvre se compose d’un bassin circulaire de 18 mètres de diamètre, débordant de 75 tonnes d’eau bleutée. À la surface flottent des dizaines de bols en porcelaine blanche. Mus par un léger courant propulsé par des pompes invisibles, ces objets s’entrechoquent délicatement, provoquant une mélodie de l’instant, unique et captivante, comme le tintement d’un carillon féerique ou celui des poulies cognant les mâts.
Ce ballet aquatique, animé par les caprices de la lumière et du hasard, rappelle les Nymphéas de Monet ou encore les expériences acoustiques de Björk. Présentée pour la première fois à Paris, l’installation apporte au bâtiment de béton conçu par l’architecte Tadao Andō une essence flamboyante multisensorielle. Cette expérience cosmique s’installe dans le théâtre de l’éphémère, celui de l’ici et maintenant, qui capte le regard et enchante les oreilles.
Dans cet univers onirique et hypnotisant, un livre à la main ou le silence à l’âme, on se retrouve face à l’eau salvatrice, purificatrice, régénératrice. C’est une oasis en plein cœur de Paris, où, loin du bruit des rues et du vacarme des transports en commun, on retrouve un brin de solitude et de rêverie. On noie le chaos dans un rêve éveillé en s’accrochant au bleu enveloppant, comme une source de vie et de renouveau. Dans cette fluidité statique, l’être retrouve un univers intérieur, intrinsèque. Il s’extrait des panaches du monde virtuel d’aujourd’hui et se reconnecte avec ses pensées, sans paillettes, en toute humilité. Puisse ces installations vivantes nous ramener du côté de l’art, de la poésie, de l’humain.
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