Syrie: un responsable juge «prématurées» les discussions sur un accord de paix avec Israël
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Sa'ar, s’exprime lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue lituanien au ministère des Affaires étrangères à Vilnius, le 1er juillet 2025. ©Petras Malukas / AFP

     

Les discussions sur la signature par la Syrie d'un accord de paix avec Israël sont «prématurées», a affirmé mercredi un responsable syrien cité par la télévision d'Etat, après qu'Israël s'est dit intéressé par la normalisation de ses relations avec Damas et Beyrouth.

«Les déclarations concernant la signature d'un accord de paix avec l'occupant israélien à l'heure actuelle sont considérées comme prématurées», a déclaré cette source officielle anonyme citée par la chaîne.

«Il n'est pas possible d'évoquer la possibilité de négociations sur un nouvel accord tant que l'occupant ne respecte pas pleinement l'accord de désengagement de 1974 et ne se retire pas des zones qu'il a envahies», a-t-elle ajouté.

«Cercle de paix et de normalisation»

Dans les rues de Damas et de Beyrouth, l’annonce par Israël de son intérêt pour une normalisation des relations avec ses voisins syrien et libanais suscite des réactions contrastées sur une question sensible.

Lundi, le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Saar a affirmé que son pays avait intérêt à ajouter la Syrie et le Liban au «cercle de paix et de normalisation», une déclaration qui intervient sur fond de bouleversements régionaux.

Des islamistes sont arrivés au pouvoir en décembre en Syrie, mettant fin à des décennies de règne du clan Assad, et Israël a mené ces derniers mois des frappes d’une puissance inédite contre ses principaux adversaires dans la région, affaiblissant notamment le Hezbollah libanais pro-iranien.

Les États-Unis, alliés d’Israël, exercent également des pressions en faveur de la paix.

En Syrie, théâtre d’un conflit dévastateur pendant 13 ans, Rania el-Fawakheri estime que son pays n’a «ni les moyens ni la volonté de mener une guerre» contre Israël.

«Normalisation conditionnelle»

«Il n’y a pas de problème à mener des négociations de paix, tant que cela se fait dans le respect de la dignité de la Syrie», indique à l'AFP cette femme au foyer rencontrée dans un café de Damas, se disant en faveur d'une «normalisation conditionnelle», qui ne touche pas aux «droits» des Syriens.

Les nouvelles autorités ont reconnu mener des négociations indirectes avec Israël.

Elles disent vouloir contenir l’escalade, l'armée israélienne ayant mené des centaines de frappes contre les infrastructures militaires syriennes depuis la chute de Bachar al-Assad, et déployé des forces dans la zone tampon démilitarisée du Golan entre les deux pays.

Depuis décembre, le président intérimaire Ahmad al-Chareh assure que la Syrie ne souhaite pas entrer en conflit avec ses voisins.

S'il appelle la communauté internationale à faire pression sur Israël pour qu’il arrête ses opérations militaires, il a rompu avec la rhétorique de Bachar al-Assad, qui qualifiait notamment Israël d' «entité usurpatrice».

Pendant des décennies, les programmes scolaires syriens ont présenté Israël comme un «ennemi» et le conflit avec ce pays y était dépeint comme un affrontement existentiel.

Selon l'avocat Awad al-Hamad, la paix avec Israël ne peut être réalisée sans conditions.

«Toute paix qui rendrait leurs droits aux Syriens serait soutenue par l’ensemble du peuple. Nous voulons récupérer notre terre, une terre occupée», affirme-t-il, faisant référence à la partie du plateau du Golan syrien occupée et annexée par Israël.

M. Saar a, lui, souligné que ce secteur resterait «partie intégrante» d'Israël dans tout éventuel accord de paix.

«Jusqu'à la fin des temps»

Du temps des Assad, la Syrie a plusieurs fois exigé la restitution complète du Golan en échange de la paix avec Israël.

L'émissaire américain pour la Syrie, Tom Barrack, a estimé dimanche que des accords de paix avec Israël étaient nécessaires pour la Syrie et le Liban. Il a rapporté que M. Chareh lui avait confié ne «pas détester Israël» et vouloir «la paix» à la frontière.

Le diplomate américain a également demandé aux responsables libanais de s’engager à désarmer le mouvement Hezbollah, ressorti très affaibli de la dernière guerre avec Israël.

Mais les autorités libanaises, qui affirment vouloir le monopole des armes, réclament, elles, le retrait israélien de cinq positions stratégiques dans le sud du pays.

«La priorité, c'est la sécurité du Liban. Si elle passe par la normalisation (…) alors on peut signer un traité de paix, pour reconstruire notre pays», déclare Naïm Qassir, septuagénaire originaire du Sud, interrogé dans le quartier de Hamra à Beyrouth.

Cet homme âgé de 71 ans estime toutefois que la normalisation «se fait entre gouvernements, pas entre les peuples».

Dans la même rue, un chauffeur de taxi, Ahmad Chams, 46 ans, est lui catégorique: «Même si le monde entier normalise avec Israël, nous, les habitants du Sud, de la Bekaa et de la banlieue sud, ne le ferons jamais», dit-il en référence à des bastions du Hezbollah.

Et d'ajouter: «Nous continuerons à combattre ce pays jusqu'à la fin des temps».

AFP

 

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