Les tours et détours de la succession des Dalaï Lama
Le Dalaï Lama Tenzin Gyatso, 90 ans, évoque des scénarios inédits pour désigner son successeur hors de Chine. ©Eric Feferberg/AFP.

Quatorze Dalaï Lama se sont succédé ces six derniers siècles à la tête des bouddhistes tibétains, tous sont des réincarnations de leurs prédécesseurs et désignés selon une procédure aussi complexe qu'opaque pour les non-initiés.

Le dernier d'entre eux, Tenzin Gyatso, né en 1935 dans une famille de paysans et qui fête ses 90 ans le 6 juillet, a suggéré que son successeur pourrait être une femme, un adulte voire qu'il pourrait rester le dernier de la lignée...

Seule certitude aux yeux du chef spirituel en exil : le 15e Dalaï Lama devra être issu d’un territoire extérieur à la Chine, qui a repris le contrôle total du territoire tibétain en 1950.

Avant un message qui pourrait préciser ses intentions, le 2 juillet, voici un florilège des indices qu'il a semés publiquement sur sa succession.

Oracles et désignation traditionnelle

Le 14e Dalaï Lama a assuré qu'il laisserait à sa mort des « instructions écrites claires ». Il a notamment promis de consulter, à l'occasion de son 90e anniversaire, les membres de sa communauté pour définir s'il existe un consensus sur la nécessité de prolonger sa fonction.

La responsabilité formelle de la désignation de son successeur incombera alors à son bureau, le Gaden Phodrang Trust, établi en Inde.

L’élu devra être né « dans le monde libre » et être désigné selon les procédures traditionnelles, incluant la consultation des protecteurs spirituels et des oracles tels que la déesse Palden Lhamo.

La réincarnation au cœur de la tradition

Les Dalaï Lama sont considérés comme des réincarnations du bodhisattva de la compassion, qui choisit de renaître pour aider les êtres vivants.

Tenzin Gyatso fut reconnu enfant après avoir identifié des objets de ses prédécesseurs.

Historiquement, la désignation peut aussi passer par des signes inhabituels, comme pour le 8e Dalaï Lama identifié par sa position en lotus dès bébé.

Méthodes anciennes et enjeux modernes

Dans certains cas, plusieurs candidats sont départagés par tirage au sort, une procédure utilisant autrefois une urne dorée, désormais sous contrôle chinois.

Le Dalaï Lama actuel a averti que cette urne perdrait sa valeur spirituelle si utilisée malhonnêtement.

Par ailleurs, plusieurs Dalaï Lama sont nés hors du Tibet, dans des régions aujourd’hui contestées entre la Chine et l’Inde.

Secrets et dissimulations historiques

La désignation peut aussi faire l'objet de dissimulation, comme pour le 5e Dalaï Lama dont la mort fut tenue secrète plusieurs années, la doublure prenant sa place sur le trône pour masquer son décès.

Ce secret vise à préserver la stabilité politique et spirituelle durant les périodes agitées.

Par AFP

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