Iran-Israël: le cessez-le-feu tient, vers une reprise des négociations nucléaires avec Washington
Téhéran et Washington envisagent de relancer les discussions nucléaires après 12 jours de guerre. ©Various sources / AFP

Le fragile cessez-le-feu entre l’Iran et Israël tient toujours jeudi, deux jours après avoir été initié par Donald Trump qui a annoncé la reprise prochaine des discussions avec Téhéran sur son programme nucléaire, retardé selon lui de «plusieurs décennies» par les frappes américaines.

«Nous avons l’espoir de parvenir à un accord de paix global» après 12 jours de guerre, a assuré sur CNBC l’envoyé spécial de M. Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff. «Nous avons des discussions avec les Iraniens, de multiples interlocuteurs nous contactent et je pense qu’ils sont prêts», a-t-il expliqué.

Le cessez-le-feu se passe «très bien», a également affirmé le président américain, estimant que l’Iran et Israël étaient «fatigués, épuisés» par le conflit.

Selon le dernier bilan officiel iranien qui ne recense que les victimes civiles, la campagne militaire israélienne a fait au moins 627 morts et plus de 4.870 blessés.

L’Iran a riposté par des tirs de missiles et de drones, qui ont fait 28 morts en Israël, selon les autorités.

Téhéran, qui a réaffirmé ses «droits légitimes» à développer un programme nucléaire civil, s’est dit prêt à reprendre les discussions avec Washington sur un accord encadrant son programme nucléaire en échange de la levée des sanctions sévères frappant son économie.

«Nous allons parler la semaine prochaine avec l’Iran, nous pourrions signer un accord, je ne sais pas», a annoncé Donald Trump à l’issue du sommet de l’Otan à La Haye.

Coup dur

La guerre a empêché la tenue d’une nouvelle session prévue le 15 juin de ces pourparlers irano-américains sous médiation omanaise, qui avaient été lancés en avril.

Israël a lancé le 13 juin une attaque sans précédent sur l’Iran, avec l’objectif affiché de l’empêcher de se doter de l’arme nucléaire, une ambition que Téhéran dément nourrir.

Les États-Unis, alliés indéfectibles d’Israël, ont mené dimanche des bombardements qui ont selon M. Trump «complètement détruit» les trois principaux sites nucléaires iraniens à Fordo, au sud de Téhéran, Natanz et Ispahan.

Téhéran a admis que ses installations nucléaires avaient été «considérablement endommagées» par les bombardements israéliens et américains.

Mais des experts ont soulevé la possibilité que l’Iran se soit préparé à l’attaque en évacuant ses quelque 400 kilogrammes d’uranium enrichi à 60%, niveau proche du seuil de 90% nécessaire à la conception d’une bombe atomique.

Et selon un document classé secret-défense dévoilé mardi par CNN, les frappes auraient scellé les entrées de certaines installations sans détruire les bâtiments souterrains, retardant le programme iranien de seulement quelques mois.

La Maison Blanche a confirmé l’authenticité du rapport mais l’a qualifié de «tout à fait erroné».

La porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt a assuré mercredi sur Fox News que les États-Unis «n’ont eu aucune indication que de l’uranium hautement enrichi ait été déplacé avant les frappes». Elle a martelé que les installations étaient «ensevelies sous des kilomètres et des kilomètres de gravats».

La divulgation de CNN a provoqué la colère du président américain qui a annoncé une conférence de presse du ministre de la Défense Pete Hegseth jeudi à 08h00 locales (12h00 GMT) afin de «lutter pour la dignité de nos grands pilotes américains».

Le ministre iranien de la Défense, Aziz Nasirzadeh, participe pour sa part jeudi en Chine à une réunion de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) avec ses homologues russe et chinois notamment.

La guerre a porté un «coup dur» au programme nucléaire de Téhéran mais il est «encore tôt pour évaluer les résultats de l’opération», a affirmé de son côté le porte-parole de l’armée israélienne, le général de brigade Effie Defrin.

Arrestations en Iran

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a jugé impossible à ce stade d’évaluer les dégâts et réclamé un accès aux sites. L’agence onusienne «a perdu la visibilité sur (les stocks d’uranium enrichi) à partir du moment où les hostilités ont commencé», a expliqué mercredi son directeur général, Rafael Grossi.

À Téhéran, Saeed, un vendeur de 39 ans, se félicite d’une «amélioration de la situation» depuis le début du cessez-le-feu.

«Les gens retournent à leur travail et à leur vie» dit-il à l’AFP, dans une capitale toutefois encore plus calme que de coutume, et où beaucoup de commerces restent fermés.

Au Khouzestan, dans le sud-ouest de l’Iran, les médias ont annoncé jeudi l’arrestation d’au moins 26 personnes accusées d’avoir collaboré avec Israël, son ennemi juré, pendant la guerre.

Les autorités iraniennes ont par ailleurs annoncé la levée progressive des restrictions sur internet qui avaient été durcies durant la guerre et la réouverture de l’espace aérien sur la moitié orientale du pays.

Par AFP

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