
Au lendemain de la "dévastation" que les États-Unis affirment avoir infligée aux sites nucléaires iraniens, Israël a frappé lundi Téhéran "avec une force sans précédent" et bombardé de nouveau le site nucléaire de Fordo, d'après un média iranien.
La République islamique a également menacé Washington de "lourdes conséquences" à son intervention militaire du week-end, tandis que la Chine, les États-Unis et l'Union européenne redoutent une fermeture par l'Iran du détroit d'Ormuz par lequel transite un cinquième de la production mondiale de pétrole.
Frappes israéliennes "sans précédent"
Au 11e jour de guerre entre l'Iran et Israël et au lendemain de l'intervention américaine, le ministre israélien de la Défense Israël Katz s'est vanté du fait que son armée "frapp(ait) Téhéran avec une force sans précédent".
L'Iran a notamment affirmé qu'Israël avait touché la fameuse prison d'Evin, ce que M. Katz a confirmé.
D'autres bombardements ont endommagé un site d'alimentation électrique de la capitale iranienne et provoqué des coupures de courant, selon l'agence de presse Fars.
Dans le même temps, l'agence iranienne Tasnim a indiqué que "l'agresseur" frappait de nouveau le site nucléaire de Fordo enfoui sous une montagne au sud de Téhéran.
Simultanément en Israël, la compagnie publique d'électricité a fait état de dégâts "près d'une installation stratégique" du réseau électrique, entraînant des perturbations dans la distribution du courant dans le sud du pays.
L'Iran menace d'une "extension de la guerre"
Au lendemain de bombardements américains par des avions furtifs armés de bombes anti-bunker, les forces iraniennes ont averti Washington d'un risque d'"extension de la guerre dans la région".
"Les combattants de l'islam vous infligeront de lourdes conséquences imprévisibles avec des opérations (militaires) puissantes et ciblées", a prévenu leur porte-parole Ebrahim Zolfaghari.
Dimanche, un conseiller de l'ayatollah Ali Khamenei, le guide suprême iranien, avait jugé que les États-Unis "n'avaient plus leur place" au Moyen-Orient et qu'ils devaient s'attendre à des "conséquences irréparables".
Ali Akbar Velayati, cité par l'agence officielle Irna, avait même averti que les bases des forces américaines dans les pays arabes du Golfe seraient considérées "comme des cibles légitimes".
Inquiétudes sur le détroit d'Ormuz
Le ministère chinois des Affaires étrangères a exhorté lundi tous les protagonistes du conflit à "empêcher une escalade (...) éviter résolument la propagation de la guerre et à revenir sur la voie d'un règlement politique".
Pékin, qui importe du pétrole iranien, a également mis en garde contre un impact de la guerre sur l'économie mondiale et le commerce international dans le Golfe.
À cet égard, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a "encouragé" la Chine à aider à dissuader l'Iran de fermer le détroit d'Ormuz, voie maritime par laquelle passe 20% de la production mondiale de pétrole.
Une telle fermeture "serait extrêmement dangereuse", a renchéri la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas.
Quelque 84% du pétrole transitant par cette route, au large de l'Iran, est destiné à la Chine, l'Inde, la Corée du Sud ou au Japon.
D'ailleurs, les cours de l'or noir se sont envolés de presque 6% en début d'échanges sur les Bourses en Asie.
Diplomatie ou "changement de régime"
Le président russe Vladimir Poutine a condamné lundi les frappes américaines contre l'Iran, allié de Moscou, les qualifiant "d'agression non-provoquée", sans "fondement" ni "justification", après avoir reçu le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi.
Son porte-parole à Téhéran Esmaïl Baghaï a jugé que les États-Unis avaient "trahi la diplomatie" en attaquant l'Iran deux jours avant un cycle de négociations sur le nucléaire prévu le 14 juin à Oman.
Du côté des puissances européennes marginalisées par l'intervention des États-Unis, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont pressé dimanche Téhéran "de ne pas entreprendre d'autres actions susceptibles de déstabiliser la région".
Mais le président américain Donald Trump s'est ouvertement interrogé sur son réseau Truth Social sur l'idée d'un "changement de régime" en Iran pour lui "rendre de nouveau sa grandeur".
L'imprévisible et impétueux milliardaire républicain avait vanté auparavant "des dommages monumentaux causés à tous les sites nucléaires en Iran", voire une "destruction totale".
L'AIEA veut voir les sites nucléaires iraniens
Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi a réclamé lundi un accès aux sites nucléaires iraniens pour pouvoir établir ce qu'il est advenu du stock d'uranium enrichi à un niveau proche du seuil de conception d'une bombe atomique.
Il a révélé que Téhéran lui avait écrit le 13, jour de l'attaque israélienne, pour la mise en place "de mesures spéciales pour protéger les équipements et la matière nucléaire".
Perturbations sur les marchés et dans le secteur aérien
Les tensions ont provoqué une flambée des cours du pétrole. Le Brent a bondi de plus de 3% à l’ouverture des marchés lundi matin, alimentant les inquiétudes sur l’approvisionnement énergétique. Les compagnies aériennes, dont Singapore Airlines, Air France et British Airways, ont suspendu ou détourné plusieurs vols à destination du Moyen-Orient. Des zones de non-survol se dessinent désormais au-dessus de l’Iran, de l’Irak, de la Syrie et d’Israël.
Manifestations mondiales et alerte sécuritaire
Des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes, notamment à New York, Londres, Istanbul et Kuala Lumpur, pour dénoncer l’intervention américaine et appeler à la fin des hostilités. Le département d’État américain a émis une alerte de sécurité mondiale à l’intention de ses ressortissants, craignant des représailles.
Prochaines étapes incertaines
Donald Trump doit réunir dans la journée son équipe de sécurité nationale pour évaluer les prochaines étapes. La Maison-Blanche n’a pas exclu de nouvelles actions, tout en laissant entendre que la réponse dépendra de l’attitude de l’Iran dans les heures et les jours à venir.
Avec AFP
Commentaires