
Natanz, Ispahan et Fordo, frappés dimanche par les États-Unis, une usine de conversion dans le centre du pays, une centrale dans le sud... plusieurs installations majeures composent le programme nucléaire en rapide développement de l'Iran, que Téhéran qualifie de purement civil.
Des avions américains ont «mené à bien une attaque très réussie» sur les sites de Natanz et Ispahan, ainsi que sur l'usine d'enrichissement de Fordo, visée par «une pleine charge de bombes», selon le président Donald Trump.
Celui-ci avait récemment affirmé que Téhéran ne pouvait en aucun cas disposer de l'arme nucléaire, alors qu'Israël estime avoir retardé «d'au moins deux ou trois ans», avec ses frappes sur l'Iran depuis le 13 juin, la potentielle acquisition de la bombe atomique par son ennemi juré.
Téhéran nie avoir un tel projet et assure mener un programme civil.
En riposte au retrait américain en 2018 de l’accord censé encadrer ses activités atomiques, en échange d’une levée des sanctions internationales, l’Iran a néanmoins considérablement augmenté l’ampleur de son programme nucléaire.
Mi-mai, l’Iran disposait d’un stock total d’uranium enrichi de 9.247,6 kg, soit 45 fois la limite fixée par le pacte connu sous l’acronyme JCPOA, selon le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Parmi cette quantité, 408,6 kg étaient enrichis à 60%, un taux proche des 90% nécessaires à la fabrication d’une arme nucléaire. Cette réserve pourrait suffire à produire près de neuf bombes, d’après la définition de l’instance onusienne basée à Vienne.
Voici la liste des principaux sites connus, qui font l'objet d'inspections régulières de l'AIEA.
Sites d'enrichissement d'uranium
Natanz: L'usine de Natanz (centre), dont l'existence a été révélée en 2002, est sans doute le plus connu des sites nucléaires iraniens.
Jeudi, Israël avait affirmé avoir déjà détruit sa «principale installation», avant l'offensive américaine.
Le site comprend deux bâtiments, l’un souterrain, l’autre en surface, qui abritent près de 70 cascades de centrifugeuses — soit plus de 10.000 machines utilisées pour enrichir l’uranium.
En avril 2021, il a été visé par un sabotage attribué par l'Iran aux services secrets israéliens.
Fordo: La construction, en violation des résolutions de l’ONU, de cette usine souterraine située entre Téhéran et Qom (centre) a été révélée par l’Iran à l’AIEA en septembre 2009, provoquant une crise avec les grandes puissances du Conseil de sécurité.
Après l'avoir présentée comme un «site de secours» dans une zone montagneuse proche d'une base militaire afin de se protéger d'une attaque aérienne, Téhéran a indiqué qu'il s'agissait d'une usine d'enrichissement d'uranium à taux élevé, pouvant accueillir quelque 3.000 centrifugeuses.
Début 2023, des particules d’uranium enrichi à 83,7% y ont été détectées. L’Iran a invoqué des «fluctuations involontaires» lors du processus d’enrichissement.
Donald Trump a qualifié Fordo de «site principal».
Sites de conversion d'uranium et de recherche
Ispahan: L'usine de conversion d'Ispahan (centre), testée industriellement en 2004, permet de transformer du «yellowcake» (poudre de minerai d'uranium concentré extrait des mines du désert iranien) en tétrafluorure, puis en hexafluorure d'uranium (UF4 et UF6). Ces gaz doivent ensuite être introduits dans des centrifugeuses pour produire de l'uranium enrichi.
Toujours à Ispahan, un laboratoire inauguré en avril 2009 produit du combustible faiblement enrichi, destiné à d'éventuelles centrales.
Début 2024, l'Iran a annoncé le début des travaux de construction d'un nouveau réacteur de recherche sur le site.
Quatre de ses bâtiments ont été touchés par les frappes israéliennes depuis le 13 juin, dont une usine de conversion d'uranium.
Arak: La construction du réacteur à eau lourde d’Arak, situé au centre du pays, a débuté dans les années 2000. Ce réacteur est officiellement destiné à produire du plutonium à des fins de recherche médicale.
Cependant, le projet a été gelé conformément à l’accord de Vienne de 2015, qui prévoyait sa reconfiguration afin de réduire les risques de prolifération. Le cœur du réacteur a été retiré et du béton y a été coulé pour le rendre inopérant.
Le site, désormais appelé Khondab, devrait être mis en service en 2026, selon les informations communiquées par l’Iran à l’AIEA.
Ce complexe, qu’Israël affirme avoir visé en frappant un «réacteur nucléaire inachevé», comprend également une usine de production d’eau lourde.
Téhéran: Le centre de recherche nucléaire de Téhéran possède un réacteur fourni en 1967 par les Américains pour la production d'isotopes médicaux.
Centrales nucléaires
Bouchehr: Située dans le sud du pays, la centrale nucléaire de Bouchehr, construite par la Russie qui fournit également son combustible, a commencé à fonctionner à faible puissance en septembre 2011, avant d’être raccordée au réseau électrique l’année suivante.
Moscou avait repris en 1994 la construction de ce site d'une puissance de 1.000 mégawatts, commencée par les Allemands avant la révolution islamique de 1979.
Deux autres réacteurs sont en cours de construction avec l'aide de la Russie:
Darkhovin: L'Iran a démarré fin 2022 la construction d'une centrale de 300 mégawatts, dans le district de Darkhovin (sud-ouest).
Sirik: Des travaux ont commencé début 2024 pour bâtir à Sirik, sur le détroit d'Ormuz, un nouveau complexe composé de quatre centrales individuelles d'une capacité de production combinée de 5.000 mégawatts.
AFP
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