
Le conflit entre Israël et l’Iran est entré jeudi dans son septième jour, marqué par une intensification des frappes militaires de part et d’autre, tandis que la communauté internationale guette une éventuelle intervention des États-Unis. Une nouvelle vague de bombardements et de tirs de missiles a eu lieu pendant la nuit.
Frappes en Iran et en Israël
Aux premières heures de jeudi, l’armée israélienne a lancé une série de frappes aériennes sur des sites stratégiques à Téhéran et ses environs. Parmi les cibles visées figurait le réacteur à eau lourde d’Arak, un site sensible lié au programme nucléaire iranien. L’armée israélienne avait préalablement appelé les habitants d’Arak et de Khondab à évacuer la zone.
Les médias officiels iraniens ont confirmé la frappe, tout en minimisant les risques en affirmant que le site avait été évacué avant l’attaque et qu’il n’y avait «aucun danger de radiation». Israël, qui avait déjà ciblé des installations à Ispahan, Natanz et Karaj, cherche à affaiblir durablement les capacités nucléaires de la République islamique.
En représailles, l’Iran a tiré une salve de missiles balistiques visant plusieurs sites israéliens. L’hôpital Soroka à Beersheba, dans le sud du pays, a été directement touché. Le bâtiment a subi d’importants dégâts, poussant les autorités à appeler la population à éviter les lieux, le temps d’évaluer la situation. Selon un responsable militaire israélien cité par la presse locale, environ 20 missiles ont frappé des zones civiles depuis le début du conflit.
Les services de secours israéliens font état d’au moins 60 blessés jeudi matin. Des missiles ont également touché Tel-Aviv, Ramat Gan et Holon.
Selon une agence de presse iranienne, les frappes auraient visé le siège du commandement et du renseignement de l’armée israélienne.
Depuis vendredi dernier, le conflit a coûté la vie à au moins 24 personnes en Israël. En Iran, les autorités évoquent plus de 224 morts, dont des militaires, des scientifiques nucléaires et des civils. Ces bilans n'ont pas été actualisés depuis dimanche.
Fordo, cible prioritaire
Au cœur de la stratégie israélienne se trouve le site d’enrichissement d’uranium de Fordo, enfoui sous une montagne et conçu pour résister aux frappes conventionnelles. Israël ne dispose pas des moyens nécessaires pour le neutraliser par voie aérienne, mais les États-Unis, eux, en sont capables.
Washington possède la seule bombe capable de pénétrer ce type de structure: le Massive Ordnance Penetrator (MOP), une bombe de 13 tonnes conçue pour détruire les installations souterraines les plus protégées. Selon le site d’informations Axios, Israël fait pression sur les États-Unis pour utiliser cet armement dans l’attaque de Fordo.
Le spécialiste militaire Robert Pape a déclaré au Financial Times qu’il faudrait probablement deux frappes parfaitement coordonnées pour détruire Fordo: «Cela n’a encore jamais été tenté dans un vrai conflit», a-t-il précisé.
Trump approuve les plans, mais temporise
Le président américain Donald Trump a validé des plans opérationnels pour frapper l’Iran, mais n’a pas encore donné son feu vert définitif d’après CBS News et le Wall Street Journal. Selon ces médias, il s’interroge encore sur l’efficacité réelle d’une telle frappe contre les capacités nucléaires iraniennes, ainsi que sur le risque d’un enlisement militaire au Moyen-Orient.
«J’ai des idées sur ce qu’il faut faire, mais je n’ai pas encore pris de décision finale», a déclaré Trump mercredi. «J’aime prendre la décision à la dernière seconde, car les choses évoluent. Surtout en temps de guerre.»
Des responsables du Pentagone assurent que le MOP serait capable de détruire Fordo, mais le président reste prudent. Un responsable américain a confié à Axios: «Nous sommes prêts à frapper l’Iran, mais nous ne sommes pas encore convaincus que cela soit nécessaire.»
Fractures dans le camp républicain
Cette hésitation présidentielle suscite des critiques inhabituelles dans les rangs républicains. L’ancien conseiller Steve Bannon a mis en garde contre une décision précipitée, tandis que le sénateur Rand Paul a rappelé que toute action militaire nécessiterait l’aval du Congrès. À l’inverse, le sénateur Ted Cruz s’est dit favorable à des frappes ciblées, tout en excluant toute intervention terrestre américaine.
Malgré ces divisions, les canaux diplomatiques ne sont pas rompus. Le conseiller spécial Steve Witkoff entretient, selon Axios, des contacts intermittents avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi. Ce dernier doit rencontrer ses homologues européens vendredi à Genève, dans l’espoir de désamorcer l’escalade.
Guerre cybernétique et restrictions numériques
Le cyberespace constitue un autre front du conflit. L’accès à Internet en Iran a été fortement restreint cette semaine, selon les autorités, pour contrer de possibles cyberattaques. Cela fait suite à une intrusion revendiquée par un groupe de hackers anti-régime, qui affirme avoir piraté la banque publique Sepah.
Appels internationaux à la désescalade
Face à l’intensification des combats, plusieurs voix s’élèvent pour appeler à la retenue. Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a demandé une «désescalade immédiate», tandis que le président russe Vladimir Poutine a proposé un accord qui garantirait à la fois la sécurité d’Israël et le droit de l’Iran à un programme nucléaire civil.
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