
Alors que les frappes israéliennes sur des sites iraniens se poursuivent, Téhéran brandit désormais la menace d’un retrait du TNP, le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Il s’agit d’un document international signé il y a plus de cinquante ans, mais qui reste au cœur des tensions régionales.
Un traité né à l’ombre de la bombe
Le TNP est signé en 1968, en pleine guerre froide. Il entre en vigueur deux ans plus tard avec un objectif clair: éviter que d’autres pays rejoignent le cercle des puissances nucléaires. Son préambule évoque «les dévastations que subirait l’humanité entière» en cas de conflit atomique et appelle à tout faire pour éviter ce scénario.
Trois principes structurent le traité: empêcher la prolifération, favoriser le désarmement et permettre un accès encadré au nucléaire civil.
Presque tous les pays concernés, mais pas tous égaux
Aujourd’hui, 191 pays ont ratifié le TNP. C’est l’un des traités les plus largement signés dans le monde. Mais quatre États ne l’ont jamais rejoint: l’Inde, le Pakistan, Israël et le Soudan du Sud.
Cinq pays seulement sont reconnus comme puissances nucléaires légitimes: les États-Unis, la Russie, la Chine, la France et le Royaume-Uni. Ils avaient tous déjà testé la bombe avant 1967. En contrepartie, ils s’étaient engagés à entamer un désarmement progressif, mais cet engagement est souvent jugé symbolique, tant les arsenaux restent intacts.
L’Iran, le traité et la surveillance
L’Iran a ratifié le traité en 1970. Officiellement, il ne cherche pas à obtenir la bombe. Mais depuis le début des années 2000, son programme nucléaire fait l’objet de tensions et de soupçons.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’a jamais prouvé que Téhéran développait une arme, mais plusieurs rapports mentionnent un enrichissement d’uranium supérieur aux niveaux habituellement nécessaires pour un usage civil. En 2012 déjà, l’enrichissement atteignait 20%. Aujourd’hui, il serait bien plus élevé, selon les dernières données.
Depuis les récentes frappes, le ministère iranien des Affaires étrangères a indiqué que des discussions internes étaient en cours sur un éventuel retrait du TNP. Ce départ ne signifierait pas systématiquement que l’Iran va produire la bombe, mais il rendrait juridiquement cette option envisageable.
Et les autres pays?
Plusieurs pays, à différentes époques, ont fait le choix de renoncer à leur programme nucléaire militaire. L’Afrique du Sud a démantelé le sien dans les années 1990. La Libye, le Brésil, la Suède ou encore la Suisse ont abandonné leurs ambitions avant même d’arriver à un stade avancé. L’Ukraine, le Kazakhstan et la Biélorussie ont restitué les armes héritées de l’Union soviétique après leur indépendance.
À l’inverse, la Corée du Nord s’est retirée du traité en 2003. Trois ans plus tard, elle menait son premier essai nucléaire. Ce précédent, largement documenté, est souvent cité comme un point de bascule inquiétant.
Israël, de son côté, n’a jamais signé le TNP. Pourtant, il est largement admis qu’il possède l’arme nucléaire, même si cela n’a jamais été officiellement confirmé.
Quand le traité ne suffit plus à rassurer
Téhéran continue d’assurer qu’il ne souhaite pas obtenir l’arme atomique. Le pouvoir iranien rappelle régulièrement la fatwa prononcée par l’ayatollah Ali Khamenei en 2005, interdisant la production, le stockage et l’usage d’armes nucléaires.
Mais depuis le début du conflit ouvert, la question du traité revient sur la table. «Le TNP interdit à la République islamique de posséder des armes nucléaires. Mais si Téhéran s’en retire, c’est une autre logique qui s’imposera», a déclaré un ancien diplomate onusien à Reuters.
La guerre est en cours. Ce qui est nouveau, ce n’est pas la bombe, mais la possibilité qu’elle soit utilisée.
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