
Le conflit militaire entre Israël et l’Iran s’est intensifié pour la cinquième nuit consécutive, mardi, au rythme d’échanges de missiles suscitant l’inquiétude croissante des grandes puissances.
Malgré les appels internationaux à la désescalade, Téhéran et Tel-Aviv poursuivent un affrontement militaire d’une intensité inédite depuis le déclenchement de l’offensive israélienne vendredi dernier, visant à empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire. En réponse, l’Iran a lancé une série d’attaques par drones et missiles, que les Gardiens de la révolution annoncent comme «continues jusqu’à l’aube».
Missiles et explosions dans les deux capitales
Dans la nuit de lundi à mardi, des missiles iraniens ont été détectés en direction d’Israël. Les sirènes ont retenti à l’aube, notamment dans le nord du pays. Les habitants ont été brièvement invités à se réfugier dans les abris avant que les autorités ne lèvent l’alerte. Cinq personnes ont été blessées dans une frappe ayant touché un parking au centre du pays, déclenchant un incendie qui a ravagé un bus.
L’Iran a annoncé avoir détruit des cibles stratégiques en Israël dans la nuit à l’aide de drones. «Divers types de drones destructeurs, équipés de capacités de ciblage et de destruction précises, ont détruit des positions stratégiques du régime sioniste à Tel-Aviv et à Haïfa», a déclaré le général Kioumars Heidari, commandant des forces terrestres de l’armée iranienne, cité par la télévision d’État.
Israël avait multiplié les frappes ciblées contre des infrastructures militaires iraniennes. Parmi elles, le bâtiment de la télévision publique Irib à Téhéran a été touché en pleine émission, interrompant brutalement un direct. Une présentatrice a été filmée quittant le plateau en courant alors que le plafond s’effondrait autour d’elle. Trois secouristes du Croissant-Rouge ont également été tués dans un bombardement dans la capitale.
Au total, depuis vendredi, les représailles iraniennes auraient fait 24 morts côté israélien, selon le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahou. De son côté, l’Iran déplore au moins 224 morts et plus de 1.000 blessés, selon un bilan officiel établi dimanche.
Défense anti-aérienne activée et scènes de panique à Téhéran
Dans les rues de la capitale iranienne, l’ambiance est à la peur. Le Grand Bazar est resté fermé lundi, les stations-service prises d’assaut et plusieurs commerces affichent des rayons vides.
Face à l’intensification des frappes, les défenses aériennes ont été activées de part et d’autre. L’espace aérien iranien a été fermé temporairement et des explosions ont été entendues dans plusieurs quartiers de Téhéran. D’importants embouteillages ont été observés en direction de Karaj et Chalus, après qu’un message d’évacuation a circulé, notamment relayé par Donald Trump.
«Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement», a déclaré le président américain, qui a quitté prématurément le sommet du G7 au Canada pour suivre l’évolution du conflit. Il a accusé l’Iran de ne pas avoir signé un accord nucléaire «quand je leur ai dit de le faire», qualifiant la situation de «gâchis de vies humaines».
Trump mobilise le Pentagone, Pékin évacue, Paris alerte
En réaction, le président Trump a ordonné le déploiement de «ressources supplémentaires» au Moyen-Orient. Le porte-avions USS Nimitz, positionné en mer de Chine méridionale, fait route vers la région selon le Pentagone. La Chine, de son côté, a recommandé à ses ressortissants de quitter Israël «dès que possible», tandis que la Jordanie aurait renforcé sa vigilance à la frontière.
Sur le plan diplomatique, la communauté internationale peine à freiner la montée des tensions. Lors du sommet du G7, les dirigeants occidentaux ont condamné les frappes iraniennes, mais certains ont mis en garde contre une logique de changement de régime. Emmanuel Macron a ainsi averti que «vouloir changer le régime en Iran par la force serait une erreur stratégique», appelant à la cessation immédiate des frappes contre les civils et les infrastructures vitales.
Donald Trump a décidé de quitter prématurément, lundi, le G7 au Canada, pour se consacrer à l'évolution du conflit entre Israël et l'Iran, a annoncé la Maison Blanche, bousculant l'agenda de la dernière journée de ce sommet.
«À cause de ce qui se passe au Moyen-Orient, le président Trump va partir ce soir après le dîner» avec les autres dirigeants du G7 au Canada, un jour plus tôt que prévu, a indiqué sa porte-parole Karoline Leavitt sur X.
Toutefois, Donald Trump a assuré lundi que son départ anticipé du G7 n'avait «rien à voir avec un cessez-le-feu» entre Israël et l'Iran, et a reproché au président français Emmanuel Macron de n'avoir «rien compris» à ses intentions.
Nouvelles négotiations?
Selon le site américain Axios, la Maison Blanche discute avec Téhéran de la tenue cette semaine d’une rencontre entre l’émissaire américain Steve Witkoff et le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi. Objectif: explorer une sortie de crise diplomatique qui inclurait un nouvel accord nucléaire et un arrêt des hostilités entre Israël et l’Iran. L’entretien, encore incertain, serait une tentative de dernière minute de Donald Trump pour revenir à la logique du deal, plutôt que de basculer dans une guerre totale. Selon un haut responsable américain cité par le média, Trump considère la capacité des États-Unis à utiliser des bombes anti-bunkers, nécessaires pour frapper le site d’enrichissement souterrain de Fordow, comme un levier stratégique pour faire plier l’Iran.
Objectifs nucléaires visés et négociations suspendues
Israël affirme avoir visé des centaines de cibles, notamment des installations nucléaires. Une frappe aurait détruit «la principale installation» du site d’enrichissement d’uranium de Natanz, selon Tel-Aviv. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a toutefois précisé «ne pas avoir constaté d’attaque» contre la partie souterraine du complexe, où se trouvent les centrifugeuses principales.
Cette flambée de violence survient alors qu’une nouvelle session de négociations entre Washington et Téhéran devait se tenir dimanche à Oman. L’Iran, accusé par les États-Unis et Israël de vouloir développer l’arme atomique s’est retiré des pourparlers en réaction aux frappes israéliennes.
Vers un changement de régime?
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s’est montré particulièrement offensif lors d’une conférence de presse. Il a revendiqué l’élimination de plusieurs hauts gradés iraniens, dont trois chefs d’état-major, un commandant de l’armée de l’air et deux responsables du renseignement. «Nous les éliminons un par un», a-t-il affirmé. Il a également appelé le peuple iranien à se soulever contre la République islamique et estimé que la mort de l’ayatollah Ali Khamenei «mettrait fin au conflit».
Une rhétorique qui a suscité de vives réactions. Sur le réseau X, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi a accusé Trump de «ne pas prendre la diplomatie au sérieux», estimant qu’«un seul appel téléphonique suffirait à faire taire Netanyahou».
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