Picasso en céramique: sept trésors bientôt aux enchères
Une photo prise le 5 juin 2025 à la maison de vente Piguet à Genève montre le cachet original de Picasso visible au dos d’une assiette en céramique représentant une chèvre (vers 1950), avant la vente de sept œuvres céramiques uniques et jamais vues de Pablo Picasso. ©Fabrice COFFRINI / AFP

Sept pièces uniques de céramique réalisées par Pablo Picasso seront mises en vente aux enchères le 19 juin à Genève. Issues de la succession de l’artiste, ces œuvres inédites sont exposées au public pour la première fois.

S'offrir un Picasso pour quelques dizaines de milliers de francs, un rêve bientôt possible : sept céramiques, assiettes et plats, uniques et inédites du géant de l'art moderne vont être proposées aux enchères le 19 juin à Genève.
Motifs emblématiques de l'univers artistique de Pablo Picasso, pigeon, chèvre, taureau, poisson et oiseau ornent ces plats et assiettes aux couleurs variées.
«C'est un ensemble tout à fait exceptionnel. Les assiettes et les plats que nous avons ici sont vraiment de la main de Picasso», s’enthousiasme Bernard Piguet, directeur de la maison Piguet, en présentant les œuvres à l’AFP.
«Ces pièces uniques appartenaient à la succession Picasso et les héritiers, au début des années 1980, en ont fait cadeau à un de leurs amis», explique-t-il.
Un proche des Picasso, amateur d’art français, dont le nom n’est pas dévoilé, les a conservées jusqu’à sa mort. Ses héritiers ont décidé de mettre les céramiques en vente, en lots séparés.
Créées entre 1947 et 1963 dans l’atelier Madoura, à Vallauris (sud de la France), ces céramiques sont pour la première fois exposées au grand public cette semaine, avant les enchères.
Deux grands plats ornés de pigeons sont estimés chacun entre 30 000 et 50 000 francs suisses (entre 32 000 et 53 000 euros). Un troisième plat représentant trois poissons bleu, rose et brique sur fond blanc, aux allures de dessin d’enfant, est estimé entre 20 000 et 30 000 francs. Une sorte de briquette, intitulée Tête d’homme barbu, aux pastels céramiques jaune, blanc, grenat, brun, bleu, orange et vert, atteint la même estimation.

Chèvre et taureau 

Émaillée sur un fond peint, dans les tons gris, marron et noir, une assiette ronde-carrée (estimée 20 000-30 000 francs) représentant la tête d’une chèvre arbore au dos le prestigieux cachet : «Empreinte originale de Picasso».
On découvre aussi un taureau dans une arène sur une tomette hexagonale (estimée 15 000-20 000 francs) et un oiseau stylisé d’une touchante simplicité sur une assiette peinte sous glaçure noire et blanche (estimée 15 000-25 000 francs).
«Si vous avez un peu de recul par rapport à l’œuvre de Picasso et ses dessins qui deviennent pratiquement inabordables aujourd’hui, vous avez ici des œuvres originales de la main de Picasso qui ont une estimation raisonnable», commente Bernard Piguet.
Assiettes, plats, vases, pichets et autres ustensiles de terre constituent des milliers d’objets créés par Picasso dans l’atelier de céramique Madoura, dirigé par le couple de potiers Georges et Suzanne Ramié.
Après la Deuxième Guerre mondiale, «Picasso est déjà un artiste internationalement connu. Il a déjà ouvert énormément de voies à tous les artistes, les grandes œuvres connues sont réalisées, et il cherche un nouveau moyen d’expression pour son art», raconte Adeline Bisch Balerna, responsable du département Tableaux et Sculptures chez Piguet Hôtel des Ventes.
«Il va pousser les portes de l’atelier de Madoura-Ramié, et rencontrer son fondateur Georges Ramié, et il va être subjugué par toutes les possibilités qu’offre ce nouveau moyen d’expression», explique-t-elle.

Un Klein inédit 

La maison d’enchères propose aussi deux dessins de Picasso «jamais apparus sur le marché de l’art», appartenant à la même collection: Sérénade (1919, estimée 20 000-30 000 francs) et Famille balzacienne (1962, estimée 80 000-120 000 francs).
Parmi la sélection d’art contemporain de la vente figure aussi un des premiers monochromes bleus d’Yves Klein. Datée de 1959, l’œuvre (estimation 100 000-150 000 francs) est exécutée à l’aide du célèbre International Klein Blue (IKB), pigment breveté par l’artiste en 1960.
«Avec la lumière du soleil, il a vraiment ce bleu lumineux, ce bleu Klein complètement fascinant. Quand on le pose dans un intérieur un peu moins éclairé, on le voit bleu foncé, presque bleu nuit», décrit M. Piguet.
L’œuvre, réalisée sur une cartoline, provient de la collection du couple d’artistes suisses Muriel et Gérald Minkoff, qui avaient l’habitude d’échanger leurs œuvres avec d’autres contemporains. Elle a été découverte par leurs héritiers dans leur appartement genevois, selon la maison Piguet.

Par Agnès PEDRERO / AFP

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