Procès Weinstein: le jury tranche entre culpabilité et acquittement
L'ancien producteur de cinéma hollywoodien Harvey Weinstein comparaît devant le tribunal pénal de Manhattan lors de son nouveau procès pour viol et agression sexuelle à New York, le 11 juin 2025. ©Steven HIRSCH / POOL / AFP

Reconnu coupable d’agression sexuelle sur l’ex-assistante de production Miriam Haley, Harvey Weinstein a été partiellement acquitté lors de son second procès à New York. Ce verdict intervient dans un climat tendu entre jurés, alors que l’ancien producteur star de Hollywood purge déjà une peine en Californie.

L'ancien producteur roi du cinéma Harvey Weinstein, visage honni du mouvement #MeToo, a de nouveau été reconnu coupable mercredi d'une agression sexuelle lors d'un procès au verdict partagé à New York, les jurés l'ayant aussi partiellement acquitté.

Comme en 2020, lors d'un premier procès ensuite annulé, les douze jurés de la cour pénale de Manhattan ont déclaré à l'unanimité le fondateur des studios Miramax «coupable» d'agression sexuelle en 2006 sur l'ancienne assistante de production Miriam Haley.

Mais, lors de ce verdict prononcé au cinquième jour de délibérations et sur fond de vives tensions entre jurés, l'accusé de 73 ans a aussi été reconnu «non coupable» d'une agression sexuelle similaire, la même année, à l'encontre de la mannequin polonaise Kaja Sokola, 19 ans à l'époque.

Diminué par de nombreux problèmes de santé, Harvey Weinstein est resté impassible à l'énoncé du verdict. Quand il est sorti de la salle d'audience, poussé sur une chaise roulante, il a semblé murmurer «ce n'est pas vrai».

Au pied du tribunal, Miriam Haley s'est dit elle «très reconnaissante» à l'égard des jurés.

«Aux prédateurs qui croient encore qu'ils peuvent profiter des victimes et s'en sortir indemnes: votre temps est compté. Le monde change et vous ne pourrez pas échapper éternellement aux conséquences de vos actes», a-t-elle lancé.

L'organisation Equality Now a dit espérer que ce verdict «montre aux victimes de viols et d'agressions sexuelles qu'elles seront crues, que la justice est possible et que les hommes puissants peuvent être amenés à rendre des comptes».

«Calmer les esprits»

Les délibérations doivent se poursuivre jeudi pour une accusation de viol contre l'aspirante actrice Jessica Mann en 2013, a annoncé mercredi le juge Curtis Farber, qui a pris la décision inhabituelle d'appeler les jurés à prononcer un verdict partiel et à les renvoyer chez eux mercredi à la mi-journée, pour «calmer les esprits».

Juste avant, le juge venait d'expliquer que l'un des membres du jury lui avait confié se sentir menacé dans le huis clos du délibéré. «Un autre juré lui a dit, en gros: Un jour je te retrouverai à l'extérieur, a révélé le magistrat. Face à ce nouvel épisode de tensions, Harvey Weinstein a réclamé que le procès soit de nouveau annulé. En vain.

Le juge Farber fixera lui-même la peine de l'ancien producteur, déjà derrière les barreaux en raison d'une condamnation à 16 ans de prison pour viol en Californie en 2023. Il encourt 25 ans de prison pour l'agression sexuelle de Miriam Haley.

Les trois accusatrices ont raconté au procès comment le producteur alors tout puissant leur avait imposé une relation sexuelle après les avoir attirées dans son appartement ou une chambre d'hôtel à New York.

Mais la défense a tout fait pour les discréditer, soulignant notamment qu'elles avaient continué de fréquenter Harvey Weinstein après les faits allégués.

«Humiliations»

«Témoigner face aux perturbations constantes (de la défense), aux humiliations et aux tentatives délibérées de déformer la vérité était épuisant et parfois déshumanisant, mais le verdict d'aujourd'hui me donne de l'espoir, l'espoir qu'il y a une nouvelle prise de conscience autour des violences sexuelles, et que le mythe de la victime parfaite est en train de s'estomper», a souligné Miriam Haley.

En 2020, Harvey Weinstein, producteur d'innombrables succès, de Sexe, mensonges et vidéo à Pulp Fiction, avait été condamné à 23 ans de prison pour les faits concernant Miriam Haley et Jessica Mann, au bout d'un procès retentissant qui symbolisait à l'époque une victoire pour le mouvement #MeToo contre les violences sexuelles.

Ce procès avait ensuite été annulé pour des raisons procédurales.

Les enquêtes en octobre 2017 du New York Times et du New Yorker sur le tout puissant producteur, dont les films ont été auréolés de dizaines d'Oscars, avaient provoqué une onde de choc planétaire, libérant la parole de nombreuses victimes et contraignant les sociétés à de profondes remises en question sur la place des femmes.

À partir de sa chute, en 2017, Harvey Weinstein a été accusé de harcèlement, agression sexuelle ou viol, par plus de 80 femmes, dont les actrices Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow ou Ashley Judd.

Il n'a jamais reconnu aucune agression, évoquant toujours des relations consenties.

Par Diane DESOBEAU / AFP

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