La Knesset rejette la dissolution : Netanyahou sauvé par les ultra-orthodoxes
Le ministre des Finances israélien Bezalel Smotrich, le ministre de la Justice Yariv Levin, le Premier ministre Benjamin Netanyahou, le ministre de la Défense Israel Katz et le ministre de l'Énergie et des Infrastructures Eli Cohen applaudissent pendant le discours du président argentin devant le Parlement israélien (Knesset) à son siège à Jérusalem, le 11 juin 2025. ©Menachem Kahana / AFP

Le Parlement israélien a rejeté jeudi matin à une courte majorité un projet de loi présenté par l’opposition visant à sa dissolution, après la conclusion d’un accord entre Benjamin Netanyahou et les partis ultra-orthodoxes de sa coalition.

Au total, 61 députés sur les 120 que compte la Knesset ont voté contre le texte, et 53 pour, en lecture préliminaire. S’il avait été adopté, ce projet de loi aurait pu mener à des élections anticipées.

L’ensemble des partis d’opposition avait présenté le texte alors que la majorité apparaissait désunie sur l’épineuse question de la conscription des juifs ultra-orthodoxes.

Ceux-ci bénéficient depuis des décennies d’une exemption de plus en plus mal acceptée par la société israélienne, alors que le pays est en guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza depuis l’attaque lancée par le mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

L’opposition espérait faire tomber le gouvernement, l’un des plus à droite de l’histoire d’Israël, en tentant de rallier les partis ultra-orthodoxes alliés du Premier ministre Benjamin Netanyahou, et qui avaient menacé de le lâcher.

M. Netanyahou doit en effet composer avec une frange de son parti, le Likoud, qui pousse pour une loi visant à enrôler plus d’ultra-orthodoxes et à durcir les sanctions contre les insoumis, véritable casus belli pour les partis qui représentent les «harédim» («ceux qui craignent Dieu» en hébreu) et exigent, eux, une loi garantissant durablement leur affranchissement des obligations militaires.

«Danger existentiel»

Avant le vote de la Knesset, le président de la Commission parlementaire des affaires étrangères et de la défense, Youri Edelstein, membre du Likoud, avait toutefois annoncé sur X «qu’un accord sur les principes de base du projet de loi sur la conscription» avait été trouvé, sans en préciser les termes.

Après cet échec, l’opposition devra attendre six mois pour retenter de dissoudre la Knesset.

«Nous sommes sur la voie d’une véritable réforme de la société israélienne et du renforcement de la sécurité de l’État d’Israël», a assuré M. Edelstein.

Les deux formations ultra-orthodoxes de la majorité, Shass (séfarades) et Judaïsme unifié de la Torah (JUT, ashkénazes), avaient déclaré publiquement qu’ils soutiendraient une dissolution. Mais, selon certains observateurs, le chef du Shass, Aryeh Deri, négociait dans le même temps un compromis en coulisses.

Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich (extrême droite), avait déclaré lors de la session plénière de la Knesset que faire tomber le gouvernement en temps de guerre constituerait un «danger existentiel» pour Israël.

«L’histoire ne pardonnera pas à quiconque entraînera l’État d’Israël dans des élections en temps de guerre», avait-il dit.

Il avait aussi lancé un appel aux «frères ultra-orthodoxes» à servir dans l’armée. C’est «un besoin existentiel, national et sécuritaire» qui doit être accompli «tout en préservant le gouvernement», a-t-il ajouté.

«Organiser l’exemption»

Les résultats du vote montrent qu’une frange minoritaire des députés ultra-orthodoxes alliés jusque-là du gouvernement ont soutenu la proposition de loi de l’opposition.

«Quand les coalitions commencent à s’effondrer, cela finit par arriver. (Le processus) a commencé et vous le savez», a déclaré le chef de l’opposition israélienne, le centriste Yaïr Lapid.

Le gouvernement a aidé les ultraorthodoxes «à organiser l’exemption de dizaines de milliers de jeunes en bonne santé», a-t-il dénoncé.

«La coalition est plus forte que jamais (…) et nous allons de l’avant», lui a répondu le ministre des Communications, Shlomo Karhi.

Formé en décembre 2022, le gouvernement de M. Netanyahou tient grâce à une alliance entre son parti, le Likoud, des formations d’extrême droite, et des partis juifs ultra-orthodoxes, dont le départ en bloc signifierait la fin du gouvernement.

Selon un sondage publié dans le quotidien de droite Israël Hayom en mars, 85 % des juifs israéliens soutiennent un changement dans la loi sur la conscription des harédim, dont 41 % en faveur d’une loi rendant effectivement obligatoire le service militaire (32 mois pour les hommes) pour tous ceux en âge de le faire.

Delphine Mathieussent / AFP

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