«Malika» et «The Last Dismissal»: épées, étoiles et contes réinventés
«The Last Dismissal» -photo de film. ©Farah Jouni

La productrice Farah Jouni propulse deux courts-métrages poignants sur la scène internationale: Malika, un drame fantastique réalisé par Maram Taibah, explore les rêves et l’émancipation féminine, et The Last Dismissal, réalisé par Jawaher Alamri, aborde le deuil à travers le regard d’une adolescente. Ces deux œuvres, saluées pour leur sensibilité et leur force narrative, ont reçu plusieurs distinctions dans des festivals internationaux. Farah Jouni partage sa vision de ces deux œuvres marquantes. 

Produit par Farah Jouni, Malika est un voyage cinématographique audacieux qui redéfinit la narration saoudienne. Ce court-métrage fantastique, réalisé par la cinéaste saoudienne Maram Taibah, est une œuvre émotive qui explore l’identité, l’émancipation et les liens familiaux.

Soutenu par le prestigieux programme AlUla Creates Film, le film a reçu une reconnaissance internationale pour la richesse de son récit et sa profondeur artistique.

Malika a récemment été sélectionné au Festival du film arabe de Toronto. Il a également été nommé dans la catégorie du Meilleur court-métrage au Festival du film de la mer Rouge, au Festival du film saoudien, ainsi qu’au Chelsea International Film Festival de New York. Le film a conquis tant le public que la critique.

Farah Jouni est également productrice de développement pour The Last Dismissal. Le film, écrit et réalisé par Jawaher Alamri, raconte l’histoire d’une adolescente confrontée au deuil de sa meilleure amie. Obligée d’assister à un cours sur les rites de préparation du corps à la mort dans son collège, elle entame un parcours émotionnel poignant.

Le film a été largement salué, remportant notamment le Prix spécial du jury au Festival international du film du Caire. Il a aussi été primé au Hollywood ShortsFest, où il a reçu les prix de la Meilleure réalisatrice et de la Meilleure actrice. Par ailleurs, The Last Dismissal a été nommé pour le prix Youssef Chahine du meilleur court-métrage et pour le Meilleur court-métrage à la 11ᵉ édition du Festival du film saoudien.

Malika et The Last Dismissal ressemblent aux histoires d’enfants. Ils incarnent en effet des contes d’enfants pour adultes. On retrouve Le Petit Chaperon rouge, Blanche-Neige et Alice au pays des merveilles. Cependant, les thèmes sont ceux qu’une femme adulte découvre peu à peu au fil des ans: que la force existe dans un regard, qu’elle doit brandir elle-même son épée et se donner le droit de mettre sa couronne sur la tête, qu’importe si elle scintille ou si elle tombe en fumée blanche. Même si la mort est au bout du chemin, on n’oublie pas. On peut toujours trouver le cran et la force, dans la douleur, d’honorer les siens. Que le conformisme peut être bravé et qu’une voix peut percer l’écran et être entendue.

Ces courts-métrages sont tout aussi bien surprenants par leur trame bien ficelée que par le suspense de l’histoire. Le spectateur ne peut lâcher le fil un seul instant. Les couleurs vives dans Malika, ou ternes dans The Last Dismissal, sont frappantes dans les deux cas. Le blanc ressurgit ici ou là comme un hymne à la mort.

Dans ce mélange de réel et de fiction, on perçoit la cruauté du documentaire dans les mots choisis et dans les maux révélés, mais aussi dans la magie du rêve, de l’amitié, de la puissance féminine et de l’enfance, sujets différents, mais si concrètement présentés. Et l’on s’envole alors à travers ces plans féeriques. On les traverse à la recherche des étoiles.

Questions à la productrice Farah Jouni

Pourquoi ces films abordent-ils l’enfance et l’émancipation des femmes?
Ce n’était pas une démarche préméditée. J’ai simplement répondu à la vision des réalisatrices et aux thèmes qu’elles souhaitaient explorer. The Last Dismissal capture une époque marquante, qui mérite d’être reconnue, notamment pour celles et ceux d’entre nous qui l’ont vécue et qui avancent aujourd’hui avec enthousiasme vers un avenir prometteur.

Concernant Malika, le choix a été plus stratégique. Maram possède une voix singulière et authentique dans le genre fantastique. En tant qu’Arabes, nous portons des siècles de traditions orales, de contes, de légendes et de traumatismes transmis de génération en génération. Et pourtant, nous n’avons jamais réellement défini notre propre cadre narratif dans le genre fantastique. Travailler avec Maram Taibah, dans le cadre de l’initiative «AlUla Creates» de Film AlUla, nous a offert l’opportunité de poser les bases d’un univers qui pourrait évoluer vers une véritable franchise. Avec ses mondes riches et profonds, nous développons actuellement un long-métrage inspiré de l’univers de Malika.

Selon vous, quel est le point commun entre Malika et The Last Dismissal? Quel message aimeriez-vous transmettre à travers ces films?

Le point commun, c’est le monde intérieur de l’enfant; cet espace brut, intense, émotionnel, où réside le besoin profond d’être vu, entendu, reconnu. Dans les deux films, les protagonistes évoluent dans un univers qui ne les comprend pas totalement – qu’il s’agisse d’Aljadi, rejetée et incomprise, ou de Salma, qui lutte pour prendre en main son propre destin. Au cœur de ces récits, il y a cette part intime de l’enfance, cet endroit où coexistent vérité, peur, force et imagination.

Qu’est-ce qui vous inspire en tant que productrice?

Je suis inspirée par les talents bruts, encore en émergence. En tant que productrice, je suis en quête permanente de nouvelles voix, celles des personnes prêtes à plonger dans leur monde intérieur et à le traduire en art avec sincérité, authenticité et vulnérabilité. Mon rôle, c’est de leur offrir l’environnement et les moyens nécessaires pour qu’ils puissent s’exprimer pleinement. C’est là que la magie opère.

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