
Un homme condamné en Iran pour le meurtre de sept personnes au cours d'une manifestation du mouvement «Femme vie liberté» en 2022 a été pendu mercredi, une exécution dénoncée comme «extrajudiciaire» par des militants des droits humains, affirmant que ses aveux avaient été obtenus sous la torture.
Abbas Kurkuri, également connu sous le nom de Mojahed Kurkur, a été exécuté à l'aube dans la prison Sheiban à Ahvaz (ouest), selon les ONG Hengaw et Iran Human Rights (IHR), basées en Norvège.
Il avait été condamné à mort pour une attaque survenue à Izeh, une ville du sud-ouest de l'Iran, lors d'une manifestation déclenchée par la mort en détention de Mahsa Amini, une jeune Kurde iranienne morte en septembre 2022 après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour violation présumée du strict code vestimentaire islamique imposé aux femmes dans le pays.
L'homme était accusé d'avoir ouvert le feu avec une arme de guerre et tué sept personnes, dont Kian Pirfalak, un enfant âgé de 10 ans. Les autorités avaient qualifié les faits d'«attaque terroriste».
Le jugement prononcé par le Tribunal révolutionnaire d'Ahvaz, chef-lieu de la province du Khouzistan, a été confirmé par la Cour suprême et la sentence a été exécutée par pendaison, a rapporté le site d'information du pouvoir judiciaire Mizan Online.
Le tribunal a reconnu Abbas Kurkuri coupable de «corruption sur terre» et de «moharebeh» (guerre contre Dieu), les charges les plus graves du code pénal iranien.
Le condamné a été jugé coupable d'avoir «brandi une arme dans l'intention de tuer et de terroriser le public» et d'avoir «commis des crimes en tirant avec une arme militaire et en formant ou rejoignant un groupe rebelle».
Lors du procès, Kurkuri avait avoué et déclaré qu'il avait été «influencé par les réseaux sociaux», selon Mizan. L'accusé a été décrit comme un «délinquant notoire» ayant des antécédents de «perturbation de l'ordre public par des fusillades, des agressions armées, des destructions de biens et le trafic de drogue et d'alcool».
«Tsunami d'exécutions»
Des groupes de défense des droits humains ont affirmé que ses aveux, diffusés à la télévision, avaient été extorqués sous la torture et que sa confession avait été utilisée pour disculper les forces de l'ordre.
«Au cours de sa détention, il a été soumis à des tortures sévères et n'a pas eu accès à un avocat», selon l'ONG Hengaw, soulignant que la mère de Kian Pirfalak, l'enfant de 10 ans tué lors de la manifestation, avait accusé les forces de l'ordre d'avoir tiré.
L'exécution s'est déroulée le jour de l'anniversaire du petit garçon, a relevé Hengaw.
Le directeur de IHR, Mahmood Amiry-Moghaddam, a dénoncé une «exécution extrajudiciaire» et a évoqué un «tsunami d'exécutions», une toutes les six heures en moyenne selon lui.
Selon IHR, au moins 569 personnes ont été pendues en Iran depuis le début de l'année.
Abbas Kurkuri a été «brutalement torturé à l'isolement, et faussement accusé du meurtre de Kian», a dénoncé la prix Nobel de la paix Narges Mohammadi, actuellement en liberté provisoire.
Amnesty International, qui avait exhorté les autorités à épargner M. Kurkuri, avait dénoncé un "procès biaisé de façon flagrante et marqué par une confession obtenue alors qu'il faisait l'objet d'une disparition forcée".
Selon l'enquête de l'ONG, «des agents de sécurité en uniforme ont utilisé la force létale pendant les manifestations à Izeh et ont tiré à balles réelles sur l'enfant».
Plus de 550 personnes ont été tuées dans la répression de la contestation en 2022-2023, selon l'IHR. Des membres des forces de sécurité ont également été tués, soulignent les autorités iraniennes.
L'exécution d'Abbas Kurkuri intervient un jour après que l'Iran a pendu 9 hommes accusés d'être membres du groupe jihadiste État islamique (EI) et d'avoir planifié des attaques dans le pays en 2018.
AFP
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