
L'Iran et les États-Unis tiendront cette semaine une nouvelle réunion sur l'épineux dossier du nucléaire iranien, malgré des divergences affichées en public sur la question de l'enrichissement d'uranium.
Parallèlement, les puissances occidentales accentuent la pression sur Téhéran pour le pousser à négocier: Washington ainsi que Londres, Paris et Berlin (E3) ont déposé formellement mardi soir une résolution auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour condamner «le non-respect» par Téhéran de ses obligations nucléaires.
Le vote est prévu lors d'une session nocturne mercredi.
L'Iran et les États-Unis, autrefois proches alliés mais à couteaux tirés depuis quatre décennies, ont tenu depuis avril cinq cycles de pourparlers sous médiation du sultanat d'Oman.
Ils tentent de s'entendre sur un potentiel accord qui empêcherait l'Iran de se doter de l'arme atomique, une ambition dont se défend farouchement Téhéran, en échange d'une levée des sanctions qui paralysent son économie.
Les discussions butent sur la question de l'enrichissement d'uranium.
Les États-Unis exigent que l'Iran y renonce totalement, tandis que Téhéran considère cette demande comme non négociable, arguant qu'elle est contraire au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) dont il est signataire.
«Beaucoup de patience»
Selon l'AIEA, l'Iran est le seul État non doté d'armes nucléaires à enrichir de l'uranium à un niveau élevé (60%), bien au-delà de la limite de 3,67% fixée par l'accord multilatéral sur le nucléaire conclu avec l'Iran en 2015, mais dont les États-Unis se sont retirés.
Pour fabriquer une bombe nucléaire, l'enrichissement doit être poussé jusqu'à 90%.
«Le prochain cycle de négociations indirectes entre l'Iran et les États-Unis est prévu pour dimanche prochain à Mascate», capitale d'Oman, a indiqué mardi dans un communiqué la diplomatie iranienne.
Le président américain Donald Trump a lui annoncé que cette réunion aurait lieu jeudi. Oman, médiateur entre les deux pays, n'a pour l'heure pas commenté.
Le principal négociateur côté iranien, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi, «se rendra en Norvège mercredi et jeudi» pour assister au Forum d'Oslo, a ajouté son ministère.
L'Iran a indiqué lundi qu'il soumettrait à son tour dans les prochains jours une proposition d'accord aux États-Unis, après une première initiative américaine critiquée par le pouvoir iranien.
Le texte américain, qui n'a pas été rendu public, ne mentionne pas la question de la levée des sanctions, dont Téhéran fait une priorité, selon le président du Parlement iranien, Mohammad-Bagher Ghalibaf.
Mercredi, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait qualifié la proposition américaine de «100% contraire» aux intérêts de son pays.
Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Majid Takht-Ravanchi, a toutefois démenti que les négociations se trouvaient dans une impasse.
«Toute négociation au niveau international (...) nécessite beaucoup de patience pour parvenir à un résultat», a ajouté ce diplomate chevronné dans une interview accordée à l'agence de presse officielle Irna et publiée mardi.
Informations classifiées
Mais le vote à venir sur la résolution présentée par les Occidentaux au Conseil des gouverneurs de l'AIEA pourrait provoquer des tensions: l'Iran a en effet menacé de réduire sa coopération avec l'instance onusienne en cas d'adoption.
D'autant que le texte, consulté par l'AFP, fait planer la menace d'un renvoi du dossier devant les Nations unies.
Cette mesure donnerait des arguments à ces pays pour déclencher un mécanisme permettant de rétablir des sanctions onusiennes contre l'Iran, une clause prévue dans l'accord sur le nucléaire de 2015.
Ce pacte avait été conclu entre l'Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie) plus l'Allemagne.
Mais en 2018, Donald Trump en avait retiré unilatéralement son pays et rétabli des sanctions américaines contre l'Iran. En représailles, Téhéran a dans la foulée fait monter en puissance son programme nucléaire.
Israël, son ennemi juré et allié des États-Unis, y voit une menace existentielle, et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou n'a pas écarté de frapper militairement les installations nucléaires iraniennes.
L'Iran a affirmé lundi qu'il riposterait en ciblant les installations nucléaires d'Israël, pays considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient.
Téhéran a assuré samedi qu'il disposait d'informations classifiées sur Israël, notamment sur ses programmes balistique et nucléaire.
Les députés iraniens ont accusé mardi les États-Unis de travailler de concert avec Israël et d'avoir transformé les pourparlers en «piège stratégique» pour l'Iran.
AFP
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