
Une enquête vidéo récemment diffusée par l’Autorité israélienne de radiodiffusion révèle à quel point il peut être facile, pour les Israéliens, de pirater un téléphone. Ce reportage met particulièrement en lumière les capacités technologiques de l’unité 81, le département technologique de l’armée israélienne.
Dans une démonstration encadrée, un expert en cybersécurité montre avec quelle rapidité – et quelle discrétion – un téléphone peut être contrôlé à distance. Caméra, micro, géolocalisation… tout peut être activé à l’insu de l’utilisateur.
«Je vais vous montrer comment je prends le contrôle de votre téléphone», lance-t-il posément. En quelques secondes, le piratage est effectué. Posté derrière un ordinateur configuré pour intercepter la connexion, l’attaquant prend la main dès que le téléphone s’y connecte.
Le point de départ: une simple manipulation
L’intrusion commence par une opération discrète. Il suffit que l’utilisateur installe à son insu un malware (logiciel malveillant) sur son appareil. Cela peut passer par un lien piégé, une application en apparence anodine ou un fichier contenant un logiciel espion.
Une fois le logiciel en place, l’ordinateur du pirate est prêt à se connecter au téléphone dès que son utilisateur l’active. La liaison établie, l’accès à distance est instantané, et le pirate dispose alors d’un contrôle total.
Grâce à cet accès, la caméra frontale du téléphone peut être activée sans alerte ni témoin lumineux. Une photo de l’utilisateur est alors prise en temps réel, et tout ce que la caméra capture peut être visionné à distance, à tout moment.
L’accès au GPS permet également au pirate de localiser sa cible avec précision, qu’elle soit chez elle, au travail ou en déplacement. «Je peux savoir où vous dormez, où vous vivez, si vous êtes avec votre famille ou au bureau», explique l’expert.
Le micro peut lui aussi être activé à distance. En quelques secondes, l’environnement sonore est enregistré avec clarté, toujours à l’insu de l’utilisateur. Les enregistrements peuvent ensuite être conservés et analysés.
Ces capacités ne relèvent pas de la fiction. Le logiciel espion Pegasus, développé par la société israélienne NSO Group, en est un exemple. Capable d’infecter les appareils Android et iOS sans que l’utilisateur s’en rende compte – ce qu’on appelle une attaque zero-click —, il permet un accès total: activation de la caméra et du micro, extraction des messages et des photos, accès aux applications chiffrées et localisation en temps réel.
Pegasus aurait été utilisé par plusieurs gouvernements pour surveiller journalistes, militants et responsables politiques, souvent sans cadre légal. Une réalité qui démontre à quel point ces outils d’espionnage sont devenus à la fois puissants et accessibles, bien au-delà des usages militaires.
Une attaque simple, des conséquences graves
Ce qui rend cette démonstration particulièrement inquiétante, c’est l’absence totale de signes visibles. Aucune alerte, aucun comportement suspect ne permet de détecter l’intrusion. «Les chances que vous vous en rendiez compte sont très, très faibles», précise calmement l’expert.
Et le plus inquiétant, c’est sans doute sa conclusion, lancée avec désinvolture: «L’attaque que j’ai menée est relativement simple». Autrement dit, ce niveau d’intrusion ne demande ni outils ultra-sophistiqués ni compétences réservées aux services secrets. Il suffit d’un moment d’inattention, d’un fichier ou d’une application piégée… et le pirate a déjà accès à l’appareil.
C’est dire à quel point l’espionnage numérique évolue rapidement, et de façon inquiétante. L’unité 81, connue pour ses technologies avancées, est un acteur central du renseignement israélien. Mais les outils qu’elle utilise pourraient, en théorie, être reproduits par des hackers expérimentés ailleurs dans le monde.
Se protéger, c’est possible
Si ce reportage met en lumière les capacités redoutables d’une unité militaire de renseignement, il fait aussi office de signal d’alarme pour les utilisateurs ordinaires. Car ces techniques, aussi sophistiquées semblent-elles, s’appuient sur des failles qui peuvent toucher tout un chacun.
Pour limiter les risques d’intrusion, il est essentiel d’adopter quelques réflexes: éviter de télécharger des applications inconnues ou des fichiers suspects, même s’ils paraissent provenir d’une source fiable. Se méfier des liens reçus par message ou par e-mail, surtout lorsqu’ils sont inattendus, est tout aussi crucial.
Maintenir une bonne hygiène numérique passe aussi par l’utilisation d’un antivirus à jour, et par l’installation régulière des mises à jour du système et des applications. Ces correctifs comblent souvent des brèches que des pirates pourraient exploiter.
Le numérique facilite notre quotidien, mais, comme le montre ce reportage – et comme l’a révélé l’affaire Pegasus –, il expose aussi à des menaces invisibles. Être informé, c’est déjà se protéger.
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