Xavier Dorison, maître du 9e art aux succès discrets
Xavier Dorison, scénariste prolifique mais discret du 9e art, à Paris le 22 mai 2024. ©Joel SAGET / AFP

Xavier Dorison est l’un des scénaristes de bande dessinée les plus prolifiques de sa génération, avec plus de 60 albums à son actif. Pourtant, malgré des millions d’exemplaires vendus, il reste largement méconnu du grand public.

Scénariste de bande dessinée, un métier ingrat? L'une des vedettes de la profession, Xavier Dorison, est un exemple de grand nom du 9e art qui reste méconnu du grand public.

Undertaker, western dont le tome 8 sortira en septembre, 1629 ou l’effrayante histoire des naufragés du Jakarta, récit d’épouvante maritime inspiré de faits réels, Le Château des animaux, saga d’une révolution menée par des bêtes… Autant de grands succès critiques et en librairie.

En 30 ans de carrière, il en est à plus de quatre millions d’exemplaires. Et si réclamé qu’il s’en amuse. «Je pense que je donnerais le Bottin en BD à un éditeur, il me dirait: c’est vachement bien, il y a une vraie idée, un projet, on va le faire».

«Mais je ne suis pas fou. Je lui dirais que non, c’est nul, on ne va pas le faire», plaisante-t-il auprès de l’AFP.

Plus prometteuse est la série dans laquelle il vient de se lancer, aux Éditions Casterman: Les Gorilles du Général, qui évoque la présidence de Charles de Gaulle du point de vue de ses quatre gardes du corps.

Le dessinateur est Julien Telo, 38 ans, qui avait fait auparavant quelques essais avec Xavier Dorison, 52 ans, sans être retenu.

Le tome 1 s’intitule Septembre 59, moment de tension où de Gaulle proclame que «le sort des Algériens appartient aux Algériens» et se met à dos une bonne partie de l’opinion, pro-Algérie française.

Pour les gardes du corps, le contrecoup est immédiat: de lourdes menaces pèsent sur la vie du chef de l’État, qui vont se répercuter sur leur vie personnelle.

«J’ai dû écrire une soixantaine d’albums et, sur les 60, il y en a bien, allez, une moitié qui est un mélange de la grande Histoire et de petites histoires», explique le scénariste.

Son nouveau synopsis pourrait être utilisé pour un film ou un roman. Alors pourquoi avoir privilégié la bande dessinée?

«Même s’il faut un budget pour faire une BD, par rapport à celui d’un épisode de série télé ou d’un film, ce n’est rien du tout. Et là où il n’y a pas d’argent, il y a de la liberté. On peut être exigeant, c’est-à-dire passer du temps», explique Xavier Dorison.

Ce choix du 9e art n’est pas le fruit d’une stratégie très réfléchie.

«Je venais d’un milieu où il n’y avait pas de livres, pas de BD», raconte l’auteur. «Quand j’ai fait mes études en école de commerce, j’ai participé à la création d’une association qui montait le Festival de bande dessinée des grandes écoles. Et, là, j’ai eu l’occasion de rencontrer quelqu’un qui est devenu depuis un très grand dessinateur, Alex Alice».

Il lui propose de passer à l’action: «Je lui dis: écoute, j’écris déjà des histoires, comme ça pour le plaisir… Je vois ton dessin, ça te dirait qu’on fasse une BD ensemble?»

Ce fut Le Troisième Testament, série fantastique médiévale qui atteignit un million d’exemplaires, en neuf tomes entre 1997 et 2018.

Xavier Dorison ne s’est pas limité à la BD. Il est aussi, entre autres, coscénariste du film Les Brigades du Tigre (2006).

Mais, d’après lui, le livre offre un autre avantage indéniable: il se contente d’attelages plus légers qui arrivent plus aisément à destination. «Il m’est arrivé plusieurs fois d’être payé pendant un an pour écrire des films qui n’existeront pas pour des raisons complètement indépendantes de ma volonté», rembobine-t-il.

Pour Les Gorilles du Général, la confiance de l’éditeur est là, quelles que soient les ventes. Des tomes 2 (Colombey) et 3 (L’Ami américain) paraîtront. Des synopsis pour six ou sept albums sont déjà prêts.

Par Hugues HONORE / AFP

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