
Valeur refuge par excellence, l’or demeure un pilier de stabilité en temps de crise. Inusable, rassurant, il ne cesse de briller quand tout vacille. Mais une question persiste: quel type d’or résiste le mieux aux turbulences économiques? Bijoux ou lingots? Et peut-on vraiment réaliser des gains à la revente?
Quand les marchés dégringolent, le cours de l’or grimpe. Pourtant, tous les ors ne se valent pas en termes de pureté, de liquidité ou encore de fiscalité. Investir dans des bijoux peut sembler séduisant: à la fois plaisir esthétique, marque d’identité et valeur patrimoniale, le bijou conjugue goût du beau et sécurité. Il incarne aussi un lien affectif fort, notamment chez les femmes, envers l’or et les pierres précieuses. Mais en matière d’investissement, les bijoux révèlent vite leurs limites.
Les bijoux: élégants, mais peu rentables
En général, les bijoux sont en or 18 carats (soit 75% d’or pur), bien moins pur que les lingots (99,9%). À cela s’ajoutent les coûts de fabrication – main-d’œuvre, design, marque – qui gonflent le prix d’achat, mais ne sont pas pris en compte à la revente.
Résultat: la revente d’un bijou subit une décote importante, liée à la fonte, à l’état de la pièce, ou encore à sa non-conformité aux standards de l’or d’investissement. Les acheteurs exigent souvent une expertise, rendant la vente plus lente et plus aléatoire que celle d’un lingot. En clair, les bijoux sont pratiques pour un transport discret, mais leur valeur de revente reste inférieure au prix d’achat.
Comment est calculé le prix de revente?
Le processus est simple mais précis:
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Pesée du bijou: un bijou de 10 g en or 18 carats équivaut à 7,5 g d’or pur. (10 x 0,75 = 7,5)
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Conversion: on applique le cours du jour de l’once d’or (en dollars ou euros), converti au prix au gramme.
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Décote: le professionnel applique ensuite une décote de 8 à 15% pour couvrir ses marges et frais de traitement.
Seule la valeur de l’or pur est donc remboursée, amputée d’une commission. Le reste – design, travail, marque – est perdu.
Interrogé par Ici Beyrouth, un bijoutier libanais sous couvert d’anonymat confie, qu’en moyenne, le coût de fabrication par gramme varie entre 5 et 6 dollars pour l’or local, et peut grimper à 8 ou 10 dollars pour l’or italien ou turc. Il souligne également que les fluctuations quotidiennes du prix de l’or (2 à 3 dollars par gramme) freinent les ventes et réduisent la demande. «Aujourd’hui, seuls les plus fortunés parmi les Libanais peuvent encore se permettre d’acheter de l’or et ils privilégient les onces d’investissement», explique-t-il.
Lingots et pièces: la solution des investisseurs
Les lingots et pièces d’or (comme les Napoléons ou les Krugerrands) sont classés comme or d’investissement. Leur pureté (souvent 99,9%) et leur poids sont certifiés, ce qui facilite leur revente à l’international. De plus, dans certains pays, ils bénéficient d’avantages fiscaux et sont exonérés de TVA. Mais ils nécessitent aussi des précautions de stockage: coffre sécurisé, assurance, etc.
Le mot de la fin: diversifiez!
Face à l’incertitude, mieux vaut ne pas mettre tous ses lingots dans le même panier. Une combinaison judicieuse de bijoux, de pièces et de lingots peut offrir à la fois mobilité, sécurité et valeur à long terme.
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