
À la surprise générale, le baril de Brent a replongé sous la barre des 70 dollars, atteignant des niveaux inédits depuis la pandémie. Entre décisions stratégiques de l’Opep+, ralentissement de la demande et tensions géopolitiques en sourdine, le marché de l’or noir vacille… au plus grand bonheur des consommateurs. Mais si certains y voient une aubaine, d'autres, comme les producteurs de schiste américains, tirent déjà la sonnette d’alarme. Un retournement aussi soudain que stratégique.
Le marché pétrolier semble avoir décidé de faire une pause estivale anticipée. Le baril de Brent, référence européenne, s'échangeait mardi autour de 65,7 dollars, un prix que l'on n'avait pas vu depuis la pandémie de Covid-19 en 2020. Pourtant, il y a seulement deux ans, les prix flirtaient avec les 100 dollars le baril après l'invasion russe de l'Ukraine. Une chute vertigineuse qui laisse perplexes les observateurs et ravit les consommateurs.
Ce retournement de situation est le fruit d'une décision stratégique de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et alliés (Opep+). En avril 2025, l'organisation a opté pour une augmentation graduelle de sa production. Objectif: réintroduire 2,2 millions de barils par jour sur le marché d'ici septembre 2026. Cette décision, motivée par des «fondamentaux de marché sains» et une «perspective positive du marché», a immédiatement affecté les prix, les faisant chuter sous les 70 dollars le baril.
Quid des conséquences?
Cette baisse des prix n'est pas sans conséquences. Les producteurs de pétrole de schiste américains, qui avaient fait des États-Unis le plus grand producteur mondial d'or noir, se retrouvent aujourd'hui confrontés à la première crise majeure de leur secteur. Si les prix du brut venaient à dévisser à 50 dollars, la production américaine pourrait perdre jusqu'à 300.000 barils par jour, soit davantage que la production totale de certains petits pays membres de l'Opep+. Des suppressions d'emplois ont déjà commencé, et plusieurs plateformes ont été arrêtées pour éviter d’éventuelles difficultés financières.
En revanche, si les cours continuent de baisser, les principaux bénéficiaires seront d’abord, les consommateurs, qui verront le coût de l'essence et du diesel diminuer, les entreprises utilisant des produits pétroliers, telles que les compagnies aériennes et les transporteurs et les États non producteurs de pétrole, qui verront leur facture énergétique allégée.
Cette chute des prix du pétrole rappelle les fluctuations passées du marché. En 2008, le prix du baril avait atteint des sommets historiques avant de s'effondrer lors de la crise financière mondiale. Plus récemment, en 2020, la pandémie de Covid-19 avait provoqué une chute brutale des prix, suivie d'une reprise rapide. Ces cycles de hausse et de baisse illustrent la volatilité inhérente au marché pétrolier.
Alors, cette baisse est-elle le début d'une tendance durable ou un simple coup de pouce estival? Seul l'avenir nous le dira.
En attendant, profitons de cette accalmie pour remplir nos réservoirs et espérer que le marché pétrolier nous accordera encore quelques semaines de répit.
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