Trois voies face à Israël: guerre, armistice ou normalisation
©Ici Beyrouth

Le Liban se retrouve confronté à trois options dans sa relation avec Israël: maintenir l’état d’hostilité et de guerre, revenir à l’accord d’armistice de 1949, ou s’engager dans la voie vers la paix et la normalisation.

Dans le premier scénario, celui de la confrontation prolongée, les Libanais doivent être pleinement conscients du prix à payer – en vies humaines, en destructions massives et en instabilité chronique pouvant durer indéfiniment. Dans un tel contexte, le pays ne pourra espérer ni croissance économique durable, ni climat propice à l’investissement. Pire encore, il sera isolé sur le plan régional et international, et perçu comme un territoire livré aux activités armées illégales ainsi qu’aux groupes armés échappant au contrôle de l’État.

Si toutefois le choix de maintenir cet état d’hostilité est délibéré et assumé par l’État, ce dernier devra en porter l’entière responsabilité. Il lui reviendra alors de mettre en place une stratégie globale de confrontation face à Israël. Car on ne peut exposer son peuple et son pays à l’inconnu sans en évaluer clairement les conséquences.

La vraie question est donc la suivante: l’État libanais est-il véritablement prêt à emprunter cette voie et à en assumer tous les risques?

La deuxième option serait un retour à l’accord d’armistice signé en 1949 – une voie incontestablement préférable à celle de l’hostilité permanente. Mais cette option n’est envisageable que si l’État libanais retrouve l’entière souveraineté sur les questions de guerre et de paix, ainsi que le monopole des armes. Tant que des formations armées, libanaises ou palestiniennes, continueront à prôner la destruction d’Israël par la violence et opéreront librement sur le sol libanais, un armistice restera une coquille vide, dénuée de toute portée concrète.

L’histoire récente en témoigne. L’accord du Caire de 1969 avait permis à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) de s’implanter au Liban-Sud, après le renoncement de l’État à sa souveraineté dans cette région. Ce choix politique a entraîné des décennies de chaos, dont les Libanais continuent de payer le prix, sur les plans humain et matériel.

Dans ce contexte, il est impossible d’exonérer l’État et ceux qui le dirigeaient alors de leur responsabilité dans les catastrophes qui ont frappé le Liban et les Libanais. Leur renoncement à assumer leurs fonctions et leur passivité face à des dynamiques destructrices ont précipité le pays dans le chaos. Cette même logique s’est répétée depuis 1992 avec le Hezbollah: les gouvernements successifs ont toléré la confiscation de la décision étatique, laissant les Libanais en proie aux conséquences d’un agenda militaire unilatéral. Ce silence coupable a mené le pays dans des guerres et des crises à ce jour non résolues. Il est temps désormais d’exiger des comptes à ceux qui ont gouverné pendant des décennies, transformant le Liban en champ de bataille et causant des milliers de morts et de blessés ainsi qu’une destruction massive sans jamais en assumer la moindre responsabilité.

Reste enfin l’option de la paix et de la normalisation, une voie certes ardue, mais incontestablement plus constructive que celle de la confrontation permanente, surtout si elle permet de régler les différends frontaliers et d’aboutir à un accord sur la question des réfugiés palestiniens présents sur le sol libanais.

Les Libanais sont fatigués de voir la cause palestinienne instrumentalisée au prix de leurs vies, de leurs biens et de leurs intérêts nationaux. Ils sont également lassés d’entendre certains vouloir jeter Israël à la mer, alors qu’une mer de chaos, de ruine et de sang a englouti les porteurs de ces slogans, entraînant avec eux tous les Libanais. Ces derniers cherchent toujours une planche de salut qui puisse les sauver de ces marchands d’illusions.

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