Garcess Kanaan réinvente Strindberg dans un cri théâtral: «The Father»
Affiche officielle de la pièce «The Father» au théâtre Le Monnot. ©«The Father»

Une œuvre du théâtre moderne revient sur les planches alors que The Father («Le Père») investit le théâtre Le Monnot du 4 au 7 juin 2025. Cette nouvelle adaptation de la tragédie psychologique d’August Strindberg explore la lutte d’une famille pour le pouvoir, la vérité et l’identité. 

Du 4 au 7 juin 2025, le théâtre Le Monnot présente The Father, une adaptation percutante de la célèbre tragédie d’August Strindberg. Cette pièce dévoile la désintégration de l’autorité et de la santé mentale d’un père dans un foyer marqué par la méfiance et le conflit autour de l’avenir de sa fille. Adaptée et mise en scène par Garcess Kanaan, la pièce offre une lecture contemporaine de l’intense drame psychologique de Strindberg. La distribution d’acteurs inclut Julien Chaaya, Joanna Toubia, Melissa Aziz et Melissa Hjeij. L’équipe créative est formée de l’assistante à la mise en scène Lynn Bawab, du concepteur lumière Mohamad Farhat, et de Michelle Feghali à la régie son.  

La pièce se concentre sur une lutte âpre entre un mari, le Capitaine, et sa femme, Laura, au sujet de l’éducation de leur fille, Bertha. Le conflit principal survient lorsque Laura manipule les faits pour contrôler l’avenir de Bertha, tout en sapant l’autorité et la santé mentale du Capitaine.

Les thèmes principaux oscillent entre lutte de pouvoir au sein du couple et autorité patriarcale. D’un côté, folie et manipulation; de l’autre, rôles de genre et contrôle. Des enjeux toujours d’actualité.

Le retour de la pièce adaptée en libanais et mise en scène par Garcess Kanaan, jeune talent prometteur, est un premier élan affirmé vers la professionnalisation de son projet de diplôme en août 2024. Cette pièce s’est frayé un chemin pour retrouver les planches du théâtre, Le Monnot. Ce n’est pas sans embûches économiques, politiques et sociales, que cette pièce, comme tant d’autres, tient le ou les coups. Les spectateurs fidèles du théâtre, dont l’œil est aiguisé, sauront déceler la magie de cette œuvre: une mise en scène épurée, une scénographie esthétique, une direction d’acteurs pointilleuse et un texte ficelé.

Dans cette pièce, comme cela devrait être le cas dans tant d’autres…, les acteurs s’écoutent. Ils jouent de tout leur être. Ils se parlent. Ils en oublient leur paraître et la conscience de soi, un point à relever de nos jours. Garcess Kanaan est un adepte de la méthode Stanislavski, qui mise sur les émotions.

Le metteur en scène affirme avoir voulu garder l’esprit d’époque dans son adaptation. En 1887, les femmes étaient plus futées que les hommes. Il se dit «féministe». Pour lui, l’union des femmes fait leur force. Il revendique également le droit des hommes à être humains avant d’être voués à n’être que forts. Parfois, pleurer s’avère être un acte courageux.

Après avoir gagné le cœur du public et un prix du théâtre Le Monnot encourageant les jeunes talents en août 2024, The Father revient sur les planches en projet professionnel. On a envie de retrouver la perspicacité de la mise en scène, la pertinence et la fluidité du récit, l’harmonie des costumes signée Béchara Atallah, le jeu d’ombres et de lumières, la justesse du jeu et les émotions des acteurs. Ils se portent les uns les autres sur scène jusqu’à incarner leurs personnages, puis les transcender, en nous communiquant une version universelle des relations humaines. Puisse-t-on arriver un jour à porter un regard d’écoute les uns sur les autres. Qu’est-ce que la scène sinon un pas de plus vers un espace d’expression, sans jugement aucun? Et qu’est-ce que le théâtre sinon un pas de plus vers l’humain?

 

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