
Les ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et de ses alliés (Opep+) devraient confirmer mercredi leur calendrier de production, laissant aux huit membres les plus audacieux le soin d'ouvrir davantage les vannes malgré des cours en berne.
Le cartel des 22 pays producteurs possède une importante capacité de production de pétrole inexploitée, car depuis 2022, pour endiguer le recul des cours, ils ont adopté une stratégie de coupes à plusieurs bandes.
Lors de la précédente réunion ministérielle en décembre 2024, l'Opep+, jouant la prudence, avait décidé d'attendre jusqu'à fin 2026 pour revenir sur les réductions collectives d'environ 2 millions de barils quotidiens, et celles additionnelles de certains pays membres de 1,65 million de barils par jour.
Sur ces volumes de brut là, jusqu'à présent «il n'a pas été question de révision» du calendrier, explique à l'AFP Giovanni Staunovo, analyste d'UBS. L'alliance veut éviter de voir les prix s'écrouler, comme cela avait été le cas entre 2014 et 2016 avec un marché inondé de barils.
La rencontre par visioconférence est prévue à partir de 13H00 GMT (15H00 à Vienne, siège de l'Opep).
Nouveaux barils à venir
C'est la troisième enveloppe des «coupes volontaires supplémentaires» selon l'expression utilisée par l'organisation, consenties par huit pays, qui concentre l'attention du marché pétrolier.
Dans un premier temps, Ryad, Moscou et les six autres membres ayant diminué leur production quotidienne de 2,2 millions de barils, ont décidé d'une réintroduction progressive.
Mais début avril, ils ont annoncé une accélération du rythme, un revirement qui a provoqué un déclin des cours de l'or noir, désormais situés entre 60 et 65 dollars le baril.
Ce groupe a en effet augmenté les volumes de 411.000 barils par jour pour mai et juin, soit trois fois plus que ce qui était initialement prévu.
Il doit désormais dévoiler samedi ses plans pour juillet, avec à la clé une possible nouvelle hausse d'ampleur.
Officiellement, les huit pays justifient cette décision par des «fondamentaux de marché sains comme en témoignent les faibles réserves de pétrole» à travers le monde.
Mais cette explication est accueillie avec scepticisme par le marché au vu des inquiétudes sur la demande dans un contexte de guerre commerciale lancée par Donald Trump.
Pas de débâcle en vue
En ouvrant les vannes, l'Arabie saoudite, pays dont la voix compte le plus au sein de l'Opep+, mettrait en fait la pression sur les membres dépassant leurs quotas, en faisant par cette stratégie chuter les prix et donc fondre leurs profits.
C'est donc pour punir les tricheurs que les huit pays seraient prêts à réintroduire de nouveaux barils malgré un cours de l'or noir déjà au plus bas depuis la sortie de la pandémie de Covid-19.
Le Kazakhstan, principal réfractaire, «continue de produire environ 350.000 barils par jour de plus que son quota», rappelle Arne Lohmann Rasmussen, chez Global Risk Management.
Derrière cette volte-face, joue aussi la volonté de regagner des parts de marché et surtout de répondre aux demandes du président Donald Trump, désireux de faire baisser les prix du pétrole pour lutter contre l'inflation.
Les observateurs ne prévoient pas pour autant une débâcle des cours car l'annonce prévue samedi « semble déjà largement intégrée », prédit Ole R. Hvalbye, analyste chez SEB, qui s'attend à une réaction « modérée » des marchés.
Par Pol-Malo LE BRIS / AFP
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