
Le président Volodymyr Zelensky est arrivé mercredi à Berlin pour rencontrer le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz, l'un de ses plus fervents soutiens, au moment où Washington durcit le ton face à la guerre que poursuit la Russie en Ukraine.
«Nous sommes déjà arrivés, nous roulons dans Berlin», a déclaré à l'AFP un membre de la délégation ukrainienne sous le couvert de l'anonymat.
Sa visite portera sur «le soutien allemand à l'Ukraine et sur les efforts déployés pour parvenir à un cessez-le-feu» avec la Russie, selon le porte-parole du gouvernement allemand, Stefan Kornelius.
Pour faire avancer les discussions de paix, Volodymyr Zelensky a proposé mardi une rencontre trilatérale avec les présidents américain Donald Trump et russe Vladimir Poutine, lors d'une conférence de presse sous embargo jusqu'à mercredi matin.
Le chef de l'État ukrainien et le chancelier allemand doivent s'exprimer ensemble devant la presse vers 13H30 (11H30 GMT). Dans l'après-midi, Volodymyr Zelensky rencontrera aussi le président Frank-Walter Steinmeier.
Donald Trump a une nouvelle fois laissé éclater mardi sa frustration envers Vladimir Poutine, accusé de «jouer avec le feu», la Russie reprochant pour sa part à l'Ukraine d'intensifier ses attaques aériennes pour faire échouer les négociations entre les deux pays.
Sanctions ?
Donald Trump, qui pourrait annoncer dès cette semaine de nouvelles sanctions contre la Russie selon CNN et le Wall Street Journal, avait déjà estimé dimanche que le dirigeant russe était «devenu complètement fou».
Sous pression américaine pour mettre fin au conflit lancé par l'invasion russe en février 2022, la Russie et l'Ukraine ont tenu ce mois-ci à Istanbul des pourparlers qui n'ont pas permis de réelle percée.
Berlin met en cause Moscou pour cet enlisement.
Friedrich Merz a appelé cette semaine à la fermeté en jugeant que les offres de négociation étaient perçues par Moscou comme un signe «de faiblesse».
Depuis son arrivée au pouvoir le 6 mai dernier, le chef de gouvernement s'est engagé à soutenir avec détermination l'Ukraine, de concert avec Paris, Londres et Varsovie, tranchant avec son prédécesseur social-démocrate Olaf Scholz, qui se montrait ambivalent sur la question.
Friedrich Merz entend aussi augmenter sensiblement les dépenses de défense de l'Allemagne pour créer l'armée conventionnelle la plus forte d'Europe, des plans jugés «très inquiétants» par le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.
Lors de leurs entretiens à Berlin à partir de midi (10H00 GMT), MM. Zelensky et Merz devraient aussi discuter des efforts de l'UE pour faire pression contre Moscou avec un nouveau paquet de sanctions.
Lundi, M. Merz a en outre affirmé que les principaux alliés occidentaux de l'Ukraine, dont Berlin, ne fixaient plus de restrictions à la portée des armes fournies à Kiev, entraînant une mise en garde du Kremlin.
Missiles longue portée
Il n'a toutefois pas précisé si ces propos marquaient un réel changement par rapport aux pratiques déjà existantes ou à venir.
Kiev continue en particulier de réclamer, en vain, la livraison par Berlin de missiles longue portée Taurus, d'une portée de plus de 500 km, permettant d'atteindre le territoire russe en profondeur.
Sous Olaf Scholz, l'Allemagne, deuxième fournisseur d'aide militaire à l'Ukraine après les États-Unis, a toujours refusé de lui fournir ces armes, craignant une aggravation des tensions avec la Russie.
Depuis son arrivée au pouvoir, M. Merz tergiverse sur le sujet, préférant jouer de «l'ambiguïté stratégique» en ne dévoilant pas ses cartes. Berlin paraît toutefois dans la réalité peu empressé de livrer ces missiles.
Jusqu'à présent, l'Allemagne n'a pas fourni à l'Ukraine d'armes d'une portée supérieure à 70 kilomètres environ.
Après avoir adopté la semaine passée un 17è paquet de sanctions contre Moscou, ciblant près de 200 navires de sa «flotte fantôme» utilisée par la Russie pour contourner les restrictions sur les exportations pétrolières, l'UE concocte une nouvelle salve.
«Pour que Poutine vienne enfin à la table des négociations (...), nous devons maintenir la pression. Nous, les Européens, nous allons continuer à serrer la vis des sanctions», a prévenu mardi le chef de la diplomatie allemande Johann Wadephul, avant de se rendre en visite à Washington.
Par Céline LE PRIOUX/AFP
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