Le pro-européen Nicusor Dan investi président de la Roumanie
Le président roumain élu Nicusor Dan prononce son discours devant le Parlement après sa cérémonie de prestation de serment au palais du Parlement à Bucarest, le 26 mai 2025. © Daniel MIHAILESCU / AFP

Une semaine après sa victoire contre son rival nationaliste, le maire pro-européen de Bucarest, Nicusor Dan, a prêté serment lundi pour devenir le nouveau président de la Roumanie et un rempart face à «l'influence russe».

À 55 ans, ce mathématicien formé à Normale Sup et à la Sorbonne, une grande école et une université parisiennes, accède au poste suprême dans un pays meurtri par des mois de bataille politique et confronté au déficit le plus lourd de l'UE.

«Je jure de consacrer toute ma force et toute ma compétence au progrès spirituel et matériel du peuple roumain, (...) de défendre la démocratie, les droits et les libertés fondamentales des citoyens», a déclaré le nouveau chef d’État de 55 ans dans l'enceinte de l'imposant Parlement, devant un parterre de personnalités du monde politique, judiciaire et religieux.

Dans un discours, il a appelé «les partis politiques à agir dans l'intérêt national» alors que «l’État roumain a besoin d'un changement fondamental».

«Résister»

Signe du climat tendu, les députés du parti nationaliste AUR ont boycotté la cérémonie, estimant qu'elle visait à «légitimer une trahison nationale».

Leur chef vaincu dans les urnes, George Simion, avait appelé la veille sur le réseau social X à «résister».

S'il n'a pas lancé d'appel à manifester, la gendarmerie se tenait en alerte après des messages envoyés par ses partisans sur la plateforme TikTok, sans toutefois s'attendre à de grands rassemblements en raison du temps pluvieux.

Fort d'un score de plus de 40% au premier tour, M. Simion, 38 ans, avait la victoire à portée de main mais la forte mobilisation des électeurs attachés aux valeurs européennes a changé la donne.

«Chaque jour, nous sommes de plus en plus nombreux», a assuré le souverainiste, promettant de ne pas baisser les bras après l'échec de son recours en justice au motif «d'ingérences extérieures» dans l'élection, notamment de la France.

Deux poids deux mesures, selon lui, car un premier scrutin le 24 novembre avait été annulé, les autorités évoquant des suspicions d'influence russe après l'arrivée en tête surprise d'un ex-haut fonctionnaire du même bord que George Simion, Calin Georgescu.

Face à ces accusations de «coup d'État», Nicusor Dan a insisté au soir de sa victoire sur la nécessité de réconcilier les «deux Roumanie».

Après la cérémonie, il doit se rendre au palais Cotroceni pour une passation de pouvoirs avec le président par intérim Ilie Bolojan, possible futur Premier ministre.

Car Nicusor Dan a désormais la rude tâche de mener des négociations pour nommer un chef du gouvernement après l'éclatement dans l'entre-deux tours de la coalition au pouvoir, composée notamment des sociaux-démocrates et des libéraux.

Contre «l'isolationnisme»

Ce fervent Européen et soutien de l'Ukraine voisine, qui va siéger aux sommets de l'UE et de l'Otan, compte aussi peser sur la scène internationale.

Il s'est rendu dimanche à Varsovie pour soutenir son alter ego polonais, le maire Rafal Trzaskowski, qui aspire à la présidence dimanche prochain.

«La semaine dernière, nous avons remporté les élections roumaines. La population a rejeté l'isolationnisme et l'influence russe», a-t-il déclaré sur scène devant des milliers de personnes, souhaitant le même dénouement en Pologne.

Au programme également, la lutte contre la corruption, qui mine l'État de 19 millions d'habitants et a motivé le vote protestataire de nombreux habitants des campagnes.

Cet ancien militant anti-corruption a fait campagne sur le slogan d'une Roumanie «honnête».

Soucieux d'offrir une autre image après des décennies de gestion «arrogante», il continue à accompagner à pied sa fille de neuf ans à l'école, symbole du «nouveau chapitre» qu'il veut construire.

Il joue sur son naturel réservé qui lui a valu des critiques pendant la campagne, mais qui s'est révélé être un atout face aux invectives de l'ex-hooligan George Simion.

Par Anne BEADE et Ani SANDU / AFP

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