
La Russie et l'Ukraine ont entamé vendredi la première étape d'un échange record de prisonniers, impliquant à ce stade 270 militaires et 120 civils, qui avait été annoncé et salué peu auparavant par le président américain Donald Trump.
Cet échange, qui doit au total impliquer "1 000 pour 1 000" personnes de chaque côté, avait été convenu lors de négociations entre Russes et Ukrainiens à Istanbul mi-mai. C'était d'ailleurs le seul résultat tangible de cette réunion.
"C'est la première étape du plus grand échange" depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, a indiqué le président Volodymyr Zelensky dans son adresse du soir. Les phases suivantes sont attendues samedi et dimanche.
"Nous ramènerons tout le monde, sans exception. Chacun de nos citoyens, chaque militaire et civil ukrainien", a assuré M. Zelensky.
Le parquet général ukrainien a toutefois accusé vendredi l'armée russe d'avoir exécuté environ 270 prisonniers de guerre depuis le début de son invasion en février 2022, assurant que cela résultait de "directives" en haut lieu.
Dans l'attente de l'arrivée des Ukrainiens échangés, des membres de familles de prisonniers ou de personnes disparues se sont rassemblés dans la région de Tchernihiv (nord) dans l'espoir de retrouver leurs proches ou au moins d'obtenir des informations sur leur sort.
"Je voudrais que Dieu nous envoie une bonne nouvelle aujourd'hui", a confié à l'AFP Lioudmyla Parkhomenko, venue de Kiev. Depuis deux ans, elle est sans nouvelles de son fils, parti combattre en 2022 avant de disparaître à Bakhmout (est), théâtre de l'une des batailles les plus sanglantes du conflit.
Elle espère voir son fils parmi les militaires échangés ou au moins que les soldats libérés lui "confirment qu'il est vivant".
Retrouver vivant
La Russie donne très peu d'informations sur le sort des captifs ukrainiens et chaque échange réserve son lot de surprises, a déclaré à l'AFP un haut responsable ukrainien sous couvert de l'anonymat.
"Dans presque chaque échange, il y a des gens dont personne ne savait rien", a-t-il déclaré. "Parfois, ils nous rendent des personnes qui figuraient sur les listes de personnes disparues ou qui étaient considérées comme mortes".
Anastassia Rouda, 28 ans, dit être "prête à tout faire" pour retrouver son frère jumeau Maksym, disparu il y a huit mois.
"Nous ne savons même pas s'il est en captivité et nous espérons que les autres gars nous aideront", a raconté la jeune femme à l'AFP. "Que la guerre se termine plus vite et que tout le monde revienne !"
Les autorités ukrainiennes ont publié des vidéos sur lesquelles on peut voir des autobus avec les prisonniers ukrainiens traverser la frontière avec le Bélarus et rouler dans des villages dont des habitants, adultes et enfants, debout au bord de la route, les saluent avec des drapeaux nationaux bleu et jaune. D'autres montrent certains d'entre eux pleurant en appelant leurs proches au téléphone.
Côté russe, Moscou a annoncé avoir également récupéré 270 militaires et 120 civils, dont "des habitants de la région de Koursk capturés par les forces armées ukrainiennes" lors de leur offensive à l'été 2024.
Kiev a indiqué avoir récupéré des soldats de la marine, des forces aéroportées, des forces de défense territoriale, ainsi que de la garde nationale et des gardes-frontières. Trois femmes figurent parmi les Ukrainiens échangés, selon les autorités.
L'échange de prisonniers et de corps de militaires tués au combat reste l'un des derniers domaines de coopération entre Kiev et Moscou, alors que la Russie occupe actuellement environ 20 % du territoire ukrainien.
"Tortures systématiques"
L'échange de vendredi avait été annoncé par Donald Trump, qui pousse les deux belligérants à négocier pour mettre fin le plus vite possible au "bain de sang".
"Félicitations aux deux parties pour cette négociation. Cela pourrait conduire à quelque chose d'énorme ???", a écrit le président des États-Unis sur son réseau Truth Social.
Après plus de trois ans de combats, des milliers de prisonniers de guerre sont détenus dans les deux pays, même si leur nombre exact n'est pas connu.
Les autorités ukrainiennes avaient estimé à 10 000 personnes le nombre de ses citoyens aux mains des Russes. Le nombre de Russes détenus en Ukraine n'a pas été dévoilé mais devrait être inférieur, selon des estimations.
Kiev et Moscou s'accusent mutuellement de violer la Convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre.
La Russie ou les autorités d'occupation dans les régions ukrainiennes organisent régulièrement des procès pour juger les prisonniers de guerre ukrainiens, ce qui va à l'encontre du droit international.
L'ONG Amnesty International a dénoncé les "tortures systématiques et la privation de soins médicaux" de prisonniers ukrainiens en Russie dans un rapport publié en mars.
Plusieurs ex-prisonniers de guerre ukrainiens ont indiqué à l'AFP avoir été torturés en captivité.
Par Daria Andriievska / AFP
Commentaires