
Les frères Dardenne terminent la compétition cannoise avec Jeunes mères, en lice pour une troisième Palme d’or. Leur film rend un hommage émouvant à Emilie Dequenne, révélée par Rosetta et disparue en mars.
Dernier jour de compétition à Cannes, vendredi, avec de sérieux candidats: les frères Dardenne, qui postulent avec Jeunes mères pour une troisième Palme d’or — un record. L’occasion aussi de rendre hommage à leur actrice fétiche, Emilie Dequenne, décédée mi-mars.
Le jury, présidé par l’actrice française Juliette Binoche et composé notamment des Américains Halle Berry et Jeremy Strong, rendra son verdict en début de soirée samedi.
Parmi les 22 films en lice, Un simple accident, nouvelle charge contre la République islamique de l’Iranien Jafar Panahi, Valeur sentimentale, drame familial du Norvégien Joachim Trier, et Deux procureurs, réflexion de l’Ukrainien Sergueï Loznitsa sur la tyrannie à l’époque des purges staliniennes, se sont particulièrement démarqués.
Habitués de la compétition, Jean-Pierre et Luc Dardenne pleurent encore le décès d’Emilie Dequenne, emportée à 43 ans par un cancer rare, au terme d’un combat acharné qu’elle avait rendu public.
L’actrice belge avait été révélée en 1999, à 18 ans, dans leur film Rosetta, qui lui avait valu le prix d’interprétation à Cannes et offert aux rois du cinéma social belge leur première Palme d’or (suivie de L’Enfant en 2005).
«Elle sera un petit peu là», a déclaré Luc Dardenne à l’AFP avant de partir pour la Croisette. «Le festival a eu l’idée de passer le film le dernier jour, comme Rosetta. Donc forcément, c’est le lien. Puis Thierry Frémaux (le directeur général du festival, NDLR) a dit que la sélection était dédiée à Emilie. Donc voilà, elle est là, son fantôme est là.»
Film choral
Rosetta suivait une toute jeune femme déterminée à sortir de la pauvreté. Jeunes mères dresse aussi le portrait de jeunes femmes en situation de précarité, mais il s’agit cette fois d’un film choral, situé dans une maison maternelle hébergeant cinq adolescentes enceintes ou tout juste devenues mères.
«Le film va raconter comment chacune va se libérer d’un poids, d’un destin qui leur a été, comme tous les destins, imposé», résume Jean-Pierre Dardenne, dont le long métrage sort également en salles en France ce vendredi.
Au-delà de l’hommage, son frère Luc appelle à «être au présent», comme «Emilie le dirait»: «C’était une fille qui aimait la vie, et je pense qu’il faut aussi être avec les jeunes filles d’aujourd’hui, sans oublier Emilie.»
Deuxième film du jour, et dernier présenté en compétition, The Mastermind, de l’Américaine Kelly Reichardt, met en scène la star montante britannique Josh O’Connor, 35 ans, dans une histoire de vol d’œuvres d’art aux États-Unis dans les années 1970.
Visage du prince Charles dans la série The Crown et joueur de tennis pris dans un triangle amoureux dans Challengers de Luca Guadagnino (2024), O’Connor figure également au casting d’un autre film en lice pour les prix à Cannes: la romance gay et musicale The History of Sound du Sud-Africain Oliver Hermanus.
Premiers films d’acteurs
Hors compétition, plusieurs prix doivent être décernés dès vendredi, à commencer par la section Un certain regard, qui a accueilli plusieurs premiers films réalisés par des acteurs (Scarlett Johansson avec Eleanor the Great, Kristen Stewart avec The Chronology of Water, Harris Dickinson avec Urchin).
Seront également attribués la Queer Palm, prix alternatif LGBTQI+ qui fête ses 15 ans avec le cinéaste français Christophe Honoré en président du jury, et l’Œil d’or, récompensant le meilleur documentaire. À titre plus léger, le prix du meilleur chien acteur, la traditionnelle Dog Palm, sera également remis.
Enfin, deux avant-premières françaises sont attendues dans la soirée.
13 jours, 13 nuits de Martin Bourboulon, avec Roschdy Zem et Lyna Khoudri (vue en compétition dans Les Aigles de la République du Suédo-Égyptien Tarik Saleh), revient sur l’évacuation de l’ambassade de France à Kaboul, en août 2021, juste avant la prise de la ville par les talibans.
Moi qui t’aimais de Diane Kurys réunit Roschdy Zem et Marina Foïs dans les rôles du couple mythique du cinéma français, Yves Montand et Simone Signoret.
Par Raphaëlle PELTIER / AFP
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