En Europe, un dimanche électoral sous tension
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Ce dimanche 18 mai a été marqué par trois référendums importants au sein de l’UE: Roumanie, Pologne et Portugal. Des scrutins marqués par la victoire de candidats europhiles face à une extrême droite de plus en plus importante sur le continent. Alors que l’Europe traverse une période compliquée avec la guerre en Ukraine et des relations de plus en plus compliquées avec les États-Unis, un vent pro-européen semble souffler sur le Vieux Continent. 

Roumanie: l’Europe l’emporte sur l’extrême-droite

Ces élections ont opposé deux visions de la Roumanie: d’un côté, celle de Nicușor Dan, une vision européenne, favorable au soutien à l’Ukraine ainsi qu’au respect des institutions de l’UE et de l’Otan; de l’autre, celle de George Simion, plus critique à l’égard de l’UE et de sa politique jugée «absurde», plus hostile à l’aide militaire accordée à l’Ukraine et prônant la neutralité dans le conflit qui l’oppose à la Russie.

Ce scrutin devait initialement avoir lieu en décembre 2024, mais une décision de la Cour constitutionnelle en a décidé autrement. Celle-ci a accusé le candidat d’extrême droite Călin Georgescu d’avoir été favorisé par une campagne de désinformation orchestrée par la Russie, annulant ainsi le premier tour des élections et le reportant à mai 2025.

Quelques mois plus tard, Georgescu a été inculpé pour «fausses déclarations» concernant le financement de sa campagne, ce qui l’a rendu inéligible aux prochaines élections. Face à cela, l’intéressé a décidé d’apporter son soutien à un autre candidat d’extrême droite, George Simion.

Le premier tour a été marqué par une écrasante victoire de Simion, avec plus de 40% des suffrages, un score notamment dû au soutien apporté par Georgescu. Tandis que son adversaire, le maire pro-européen de Bucarest, Nicușor Dan, a obtenu un résultat deux fois inférieur. Cependant, grâce à une nette augmentation du taux de participation, M. Dan est parvenu à l’emporter au second tour.

Simion, fervent admirateur de Donald Trump, a dans un premier temps refusé de reconnaître sa défaite en s’autoproclamant «nouveau président de la Roumanie» et en dénonçant des «fraudes» lors de l’ouverture des scrutins, avant de finalement féliciter son adversaire tout en promettant de «poursuivre son combat».

La victoire de Dan marque ainsi un rejet du discours nationaliste et la volonté des Roumains de s’inscrire dans les futures initiatives européennes, dans un contexte régional qui reste marqué par une montée de l’extrême droite.

Pologne: une victoire aux répercussions incertaines

Le premier tour de l’élection présidentielle tenu en Pologne a été remporté de justesse par le maire de Varsovie, Rafał Trzaskowski, membre du parti de l’actuel Premier ministre Donald Tusk, «Plateforme civique».

Il obtient 31% des suffrages, devançant de peu Karol Nawrocki, candidat ultraconservateur, nationaliste et europhobe du PiS (Droit et Justice). En troisième position arrive le candidat d’extrême droite Sławomir Mentzen, qui a réalisé un score important grâce à une forte mobilisation des jeunes électeurs. Un autre représentant d’extrême droite se classe quatrième.

Bien que Trzaskowski soit arrivé en tête, l’issue du second tour, prévu le 1ᵉʳ juin, demeure très incertaine. Nombre d’observateurs estiment que Nawrocki, admirateur de Donald Trump, pourrait capter les voix des deux candidats d’extrême droite éliminés au premier tour; dans ce cas, la courte avance de Trzaskowski ne suffirait pas.

Ce scrutin s’avère décisif pour l’avenir du pays et de l’Europe, dans un contexte de guerre en Ukraine et de tensions avec Washington. Trzaskowski, dans la continuité de la politique du Premier ministre Tusk, plaide pour une Europe plus indépendante et forte, et souhaite que la Pologne joue à l’avenir un rôle majeur au sein de l’UE.

À l’inverse, le PiS se montre plus réservé à l’égard de l’Europe; porté par des valeurs identitaires, il a centré sa campagne sur l’hostilité à l’afflux de réfugiés ukrainiens, tout en soutenant l’aide militaire à l’Ukraine. Les relations entre le PiS et l’UE sont d’ailleurs tendues: de 2015 à 2023, alors que le parti était au pouvoir, Bruxelles a sanctionné la Pologne à plusieurs reprises pour non-respect de l’État de droit, entraînant la perte de milliards d’euros pour le pays.

Portugal: victorieux, Luis Monténégro reste dans l’impasse

Au Portugal, des élections législatives anticipées ont eu lieu en raison de la perte de confiance du Premier ministre Luís Montenegro au Parlement en mars 2025, provoquée par un conflit d’intérêts.

Les élections du 18 mai ont été marquées par la victoire du parti de Luís Montenegro, qui devrait donc conserver son poste de Premier ministre. Il a même obtenu un résultat en hausse par rapport aux élections de 2024. Une progression notable, mais toujours insuffisante pour atteindre la majorité absolue nécessaire à la stabilité politique du pays.

Ces élections ont également été marquées par une percée du parti d’extrême droite Chega («Assez»), qui franchit pour la première fois de son histoire la barre des 20% des suffrages. Cette performance a créé la surprise et place Chega à égalité avec le Parti socialiste (PS).

Si ce scrutin représente une grande victoire pour l’extrême droite, il constitue en revanche une véritable douche froide pour le PS, qui perd 20 sièges au Parlement par rapport aux dernières élections. Le secrétaire général du parti, Pedro Nuno Santos, a annoncé sa démission à la suite de ces résultats.

Selon certains observateurs, «c’est une défaite aux proportions historiques» pour la gauche portugaise. Les votes des Portugais de l’étranger n’ayant pas encore été dépouillés, il est fort probable que Chega devance le PS en nombre de sièges au Parlement dans les prochains jours.

Malgré la victoire du gouvernement sortant, le pays reste dans une impasse politique: sans majorité absolue, il est impossible de faire adopter des lois. Le gouvernement de Luís Montenegro est donc contraint de former des alliances. Il a le choix entre le PS, un parti aux orientations très éloignées des siennes, et le parti d’extrême droite Chega, avec lequel il a toujours refusé de gouverner.

 

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