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Des véhicules militaires israéliens prennent position lors d'une opération de l'armée dans la banlieue est de Naplouse, en Cisjordanie occupée, le 9 mai 2025. ©Jaafar Ashtiyeh / AFP

Une organisation israélienne de défense des droits humains a dénoncé lundi la décision du gouvernement de lancer un vaste programme de cadastrage en Cisjordanie occupée, y voyant un moyen d'annexer le territoire palestinien.

Dimanche, le cabinet de sécurité israélien a décidé de lancer un processus d'immatriculation foncière dans la zone C --celle sous contrôle total d'Israël-- de la Cisjordanie, qui couvre plus de 60% du territoire.

Occupée depuis 1967, la Cisjordanie ne dispose pas d'un cadastre complet reconnu par Israël.

Certains habitants détiennent par exemple des titres de propriété antérieurs à l'occupation israélienne qui ne sont pas toujours enregistrés auprès des autorités israéliennes.

La décision du gouvernement est "un moyen d'annexion" car des Palestiniens pourraient perdre leurs terres si les autorités israéliennes ne reconnaissaient pas leurs droits, craint Yonatan Mizrachi de l'ONG israélienne La paix maintenant.

Le projet israélien pourrait conduire à "un vol massif de terres", a indiqué son ONG, ajoutant qu'il pourrait aboutir "au transfert de la propriété de la grande majorité de la zone C à l'État" israélien.

"Les Palestiniens n'auront aucun moyen concret de faire valoir leurs droits de propriété", a ajouté le groupe anticolonisation.

Certains ministres israéliens plaident pour l'annexion de la Cisjordanie, où vivent environ trois millions de Palestiniens aux côtés de près de 500.000 Israéliens résidant dans des colonies, illégales au regard du droit international.

Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, figure d'extrême droite qui vit lui-même dans une colonie, a déclaré que 2025 serait l'année où Israël étendrait sa souveraineté sur certaines parties de la Cisjordanie.

Le ministre de la Défense, Israël Katz, a salué le projet du gouvernement comme "une décision révolutionnaire qui rend justice aux colonies juives en Judée-Samarie", le nom biblique utilisé par le gouvernement israélien pour désigner la Cisjordanie.

Le processus conduira au "renforcement, à l'établissement et à l'expansion" des colonies, a-t-il estimé.

Mohammad Abu al-Rob, directeur de la communication du Premier ministre de l'Autorité palestinienne, a déclaré à l'AFP que cette décision constituait "une escalade dangereuse des politiques illégales d'Israël visant à renforcer son occupation et à faire progresser l'annexion de facto".

La zone C est "une partie indissociable" du reste des territoires palestiniens, a-t-il déclaré en appelant la communauté internationale à "rejeter cette décision illégale et à prendre des mesures immédiates et concrètes pour empêcher sa mise en œuvre".

La Cour internationale de justice, plus haute juridiction de l'ONU, a jugé en juillet 2024 -- dans un "avis consultatif" qualifié d'"absurde" par Israël -- que la poursuite de l'occupation en Cisjordanie était "illicite" et qu'Israël avait "l'obligation de cesser immédiatement toute nouvelle activité de colonisation" et d'"évacuer tous les colons".

Fin 2024, La paix maintenant dénombrait 147 colonies reconnues par les autorités israéliennes en Cisjordanie ainsi que 224 colonies dites sauvages établies sans l'aval des autorités.

L'année 2023 avait marqué un record pour le développement des colonies en Cisjordanie, avec le plus grand nombre de permis de construire délivrés depuis 30 ans, selon l'UE.

AFP

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