Les finances du Vatican: mission (presque) divine pour Léon XIV?
Le pape nouvellement élu, Léon XIV, Robert Prevost (G), fait un geste alors qu'il arrive sur le balcon de la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre pour la première fois, après que les cardinaux ont terminé le conclave, au Vatican, le 8 mai 2025. ©AFP

Alors que les rideaux du conclave viennent de se refermer et que le nouveau pape Léon XIV s’est installé sur le trône de saint Pierre, un gros dossier l’attend sur son bureau doré: les finances du Vatican, qui naviguent en eaux troubles. Certes, la mission première du souverain pontife est spirituelle, mais à Rome, les anges ne suffisent plus à équilibrer les comptes.

En pleine mutation spirituelle et sociale, le Vatican fait face à une réalité plus terre-à-terre, celle de ses comptes dans le rouge. La gestion financière du Saint-Siège semble s’apparenter davantage à celle d’un État endetté qu’à un modèle de vertu. À la tête de l’Église catholique, le tout nouveau pape Léon XIV hérite non seulement d’une mission spirituelle, mais aussi d’un chantier économique d’envergure.

En effet, le Vatican affichait en 2023 un déficit de 83,5 millions d’euros sur un budget de 1,2 milliard, selon des informations rapportées par Radio France internationale (RFI). Ce trou budgétaire, qui varie depuis des années entre 50 et 90 millions, toujours selon RFI, représente près de 7% des dépenses annuelles. Le budget 2025, jugé trop audacieux par le secrétaire à l’économie, a même été refusé avant d’être adopté en mars après révision.

Ce déséquilibre financier s’explique en grande partie par la chute des recettes, en particulier des dons, longtemps considérés comme une source essentielle de revenus. Et pourtant, le Saint-Siège détient un patrimoine immobilier considérable, avec quelque 5.000 biens immobiliers à travers le monde, un chiffre digne d’un empire. Mais d’après RFI, seulement 14% de ces propriétés sont louées au prix du marché. Le reste est accordé à des loyers bradés à des proches ou employés de l’Église. Résultat: pour combler les pertes, entre 20 et 25 millions d’euros de patrimoine sont vendus chaque année. On est loin du miracle de la multiplication des pains!

La situation est d’autant plus préoccupante du côté des dépenses. Le fonds de pension des quelque 5.000 employés et retraités du Vatican est, lui aussi, dans le rouge: entre 350 millions et 1 milliard d’euros de déficit, selon les estimations. Une faille si béante que le pape François a dû, en novembre dernier, remplacer tout le Conseil d’administration.

L’un des grands défis du nouveau pontificat sera sans doute de poursuivre la réforme de la transparence budgétaire, engagée timidement sous François. À ce jour, le Vatican ne publie qu’une partie de ses comptes, ce qui alimente critiques, suspicions et appels à une meilleure reddition des comptes.

Alors que l’Église cherche à renouveler sa mission dans un monde en mutation, Léon XIV hérite d’une équation à résoudre: comment concilier rigueur financière, vocation spirituelle et gestion moderne? Le nouveau pape n’a donc pas seulement une Église à guider, mais un budget à redresser. Entre réforme des pensions, gestion des actifs et transparence administrative, le pontificat de Léon XIV s’annonce aussi comptable que pastoral.

Commentaires
  • Aucun commentaire