
Oman a annoncé mardi un accord de cessez-le-feu entre les États-Unis et les Houthis pro-iraniens au Yémen.
Les Houthis du Yémen et les États-Unis sont convenus d'un cessez-le-feu, a confirmé le ministre omanais des Affaires étrangères, Badr al-Boussaïdi, peu après que Donald Trump a annoncé la fin des frappes américaines contre ce groupe soutenu par l'Iran. Cependant, le chef des Houthis, Mahdi el-Mashat, a annoncé que les attaques contre Israël vont continuer.
"À la suite des récentes discussions et contacts menés par le sultanat d'Oman avec les États-Unis et les autorités concernées à Sanaa (...) les efforts ont abouti à un accord de cessez-le-feu entre les deux parties", a annoncé le ministre omanais, précisant qu'"à l'avenir, aucune des deux parties ne prendra pour cible l'autre, y compris les navires américains, en mer Rouge et dans le détroit de Bab al-Mandeb".
Le département d'État américain a pour sa part fait savoir que Washington garantira la protection de la navigation maritime à travers le détroit de Bab el-Mandeb à la suite d'un nouvel accord conclu avec le mouvement houthi.
L'envoyé spécial du président des États-Unis Donald Trump, Steve Witkoff, a dirigé les négociations sur l'Iran et a œuvré la semaine dernière pour négocier un cessez-le-feu avec les Houthis, ont indiqué les sources. Elles ont ajouté que les pourparlers ont été facilités par les Omanis, qui ont souvent joué le rôle d'intermédiaires entre les États-Unis et le mouvement pro-iranien.
M.Trump, a annoncé mardi l'arrêt des frappes contre les Houthis au Yémen, en affirmant que ce groupe avait accepté de ne plus bombarder les navires naviguant sur une voie essentielle pour le commerce mondial.
Cette annonce est intervenue quelques heures après des bombardements aériens israéliens qui ont détruit l'aéroport international de la capitale yéménite, Sanaa, et fait trois tués, selon le groupe.
«Les Houthis ont annoncé (...) qu'ils ne voulaient plus se battre. Ils ne veulent tout simplement plus se battre. Et nous allons honorer cela. «Nous arrêterons les bombardements, et ils ont capitulé», a déclaré le président américain dans le Bureau ovale, aux côtés du Premier ministre canadien, Mark Carney.
«Ils disent qu'ils ne feront plus exploser de navires, et c'était notre objectif», a ajouté M. Trump en soulignant que l'information provenait d'une « très, très bonne source».
“Aucun recul”
Plus tard, le chef des Houthis, Mahdi el-Mashat, a indiqué dans un communiqué, que l’accord avec Washington, ne concernait pas Israël.
«Il n’y aura aucun recul dans notre soutien à Gaza, peu importe le coût», a-t-il écrit. Selon lui, les récents événements prouvent que «nos frappes sont douloureuses et se poursuivront», en allusion au missile lancé contre l’aéroport Ben Gourion. «Notre riposte aux attaques israéliennes, avec la volonté de Dieu, sera dévastatrice et insupportable pour l’ennemi israélien», a-t-il menacé, promettant une intensification des frappes.
S’adressant directement aux Israéliens, il a lancé: «À partir de maintenant, restez dans vos abris ou retournez immédiatement dans vos pays d’origine. Votre gouvernement défaillant ne pourra plus vous protéger. Aucune attaque ne nous fera dévier de notre décision de soutenir Gaza jusqu’à la fin de l’agression et la levée du blocus».
Affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, les Houthis ont revendiqué des dizaines d'attaques de missiles et de drones contre Israël depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza. Ils ont aussi attaqué des navires qu'ils estiment liés à Israël au large du Yémen, sur une voie maritime essentielle pour le commerce mondial.
En représailles, les États-Unis, sous la présidence de Joe Biden, ont lancé à partir de janvier 2024 des raids contre des positions des rebelles au Yémen. Ces frappes se sont intensifiées depuis le 15 mars, sous l'administration de Donald Trump.
En riposte à un tir de missile des Houthis dimanche sur le principal aéroport international d'Israël, Israël a mené des frappes contre l'aéroport de Sanaa, des stations électriques de la région et une cimenterie à Amrane (nord), a indiqué la chaîne des rebelles Al-Massirah en faisant état de trois morts.
Aéroport complètement détruit
« Trois des sept avions appartenant à la compagnie nationale Yemenia ont été détruits à l'aéroport de Sanaa, et l'aéroport international a été complètement détruit », a indiqué un responsable aéroportuaire.
Depuis 2022, seule la compagnie nationale yéménite Yemenia assure une liaison commerciale limitée à partir de l'aéroport de Sanaa, avec Amman comme principale destination. L'aéroport accueille aussi des vols humanitaires opérés par l'ONU.
Les Houthis ont averti que « l'agression (israélienne) ne restera pas sans réponse ».
Soutenus par l'Iran, ennemi juré d'Israël, les Houthis sont en guerre contre le pouvoir au Yémen depuis 2014 et contrôlent une large partie de ce pays pauvre de la péninsule arabique situé à plus de 1 800 km du territoire israélien.
Lundi, des frappes israéliennes sur des régions contrôlées par les Houthis dans l'ouest du pays ont fait quatre morts, selon ce groupe.
Israël a indiqué avoir ciblé des infrastructures des Houthis, pour la cinquième fois depuis juillet 2024, « en réponse aux attaques répétées du régime terroriste houthi contre l'État d'Israël ».
Les Houthis font partie, avec le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais notamment, de ce que l'Iran présente comme «l'axe de la résistance » face à Israël. Téhéran dément néanmoins fournir une aide militaire à ce groupe.
« Directement responsable »
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a accusé l'Iran d'être «directement responsable » des attaques des Houthis contre Israël et averti qu'il en subirait «toutes les conséquences ».
Alors que la quasi-totalité des tirs des Houthis ont été interceptés depuis plus d'un an par les défenses aériennes israéliennes, dimanche un missile a frappé directement pour la première fois à l'intérieur du périmètre de l'aéroport Ben Gourion près de Tel-Aviv.
Le groupe yéménite a revendiqué « un tir de missile balistique hypersonique sur Ben Gourion », qui a provoqué une brève interruption du trafic aérien et une suspension provisoire de vols internationaux.
L'Iran a nié avoir aidé les Houthis dans l'attaque et son chef de la diplomatie, Abbas Araghchi, a accusé Israël de vouloir entraîner les États-Unis dans une « catastrophe » au Moyen-Orient.
« Le soutien mortel au génocide de Netanyahou à Gaza et la guerre menée au nom de Netanyahou au Yémen n'ont rien apporté au peuple américain », a estimé M. Araghchi sur X, mettant en garde contre «toute erreur à l'encontre de l'Iran ».
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