
Certains partisans du Courant patriotique libre (CPL) ont toujours eu l’art de magnifier ses victoires. Lors des dernières élections législatives, ils ont clamé sans fin que leur bloc était le plus important, faisant fi des chiffres qui mettaient les Forces libanaises en tête. Ils ont continué à faire valoir leur groupe, affirmant qu’il était composé exclusivement de membres du CPL, contrairement aux Forces libanaises, dont certains alliés ne détenaient pas de carte du parti. Ce discours a perduré jusqu’à ce qu’il vole en éclats: quatre députés ont claqué la porte, Mohammad Yahya a pris ses distances et le Tashnag a cessé de collaborer avec le CPL sur les grandes décisions. Aujourd’hui, sans exagération, le bloc ne compte plus que douze députés.
Rebelote aujourd’hui lors des élections municipales. Comme à chaque échéance locale, le CPL a noué des alliances variées, tenant compte des dynamiques familiales propres à ce scrutin. Mais dans les trois batailles les plus emblématiques du Mont-Liban – Jbeil, Jounieh et Jdeidé – le parti a essuyé des défaites nettes. Aucun siège remporté et un rapport de force clairement en sa défaveur, deux tiers contre un. Un échec retentissant pour une formation qui revendiquait autrefois représenter 70% des chrétiens.
Plutôt que de reconnaître cette réalité, le CPL persiste à ignorer les chiffres et à se proclamer vainqueur dans plusieurs localités. À Deir el-Qamar, par exemple, il s’est allié au Parti national libéral (PNL), traditionnellement implanté dans la région, pour affronter une liste soutenue par le député Georges Adwan. Ce dernier y a pourtant marqué des points en faisant élire trois candidats. Le CPL a salué une victoire, passant sous silence le fait qu’il avait uni ses forces à celles de ses anciens adversaires – une stratégie également adoptée par Adwan.
Même schéma à Qartaba, où le CPL s’est attribué une victoire pourtant acquise grâce à une liste soutenue par toutes les forces politiques locales – Kataëb, Forces libanaises et autres – à l’exception notable de l’ancien député Farès Souhaid.
Ce mécanisme d’auto-congratulation s’est systématisé: selon les critères du CPL, il gagne partout. Mais les véritables batailles se jouent ailleurs – et sont plus difficiles. La première, dans les localités de Batroun, où un consensus s’est formé autour de Marcellino el-Harak à la tête de la ville. La seconde, à Jezzine, où le CPL a subi une défaite majeure lors des dernières législatives et devra désormais tenter de se reconstruire.
Sur le reste du territoire, son impact reste limité, même s’il va certainement revendiquer d’autres victoires.
Le véritable problème ne réside pas tant dans les discours triomphalistes du CPL que dans le désaveu grandissant de sa propre base. En effet, le mouvement a transformé le mandat présidentiel qu’il revendiquait comme une victoire historique en une succession de défaites, tant sur le plan politique que populaire. Et loin d’en tirer les leçons, il s’est replié dans une posture d’opposition systématique, refusant tout compromis avec le mandat en cours.
Le CPL paie aujourd’hui le prix de positions peu courageuses, allant jusqu’à considérer l’élection d’un mokhtar ou d’un membre de conseil municipal comme une victoire nationale.
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