Sur les pas de la haute couture au Petit Palais de Paris
Le Petit Palais, Paris. ©Le Petit Palais, Paris, site web officiel.

Le Petit Palais consacre une exposition inédite à la maison Worth, pionnière de la haute couture parisienne. Plus de 400 pièces rares dévoilent l’évolution stylistique de cinq générations de créateurs.

Pour la première fois, la maison Worth, à l’origine de la haute couture, fait l’objet d’une exposition à Paris présentant des pièces très rares, pour revenir sur l’histoire de l’un des symboles du luxe à la française.

Fruit d’une collaboration avec le Palais Galliera – le musée de la mode de Paris –, cette rétrospective au Petit Palais, intitulée «Worth, inventer la haute couture», met en lumière cette maison fondée en 1858 dans la capitale française par l’Anglais Charles Frederick Worth (1825-1895) et qui a créé des vêtements jusqu’au milieu du XXe siècle.

Considéré par de nombreux historiens comme le «père de la haute couture», Charles Frederick Worth a en effet révolutionné le milieu de la mode en imposant la figure du créateur comme centrale.
Auparavant, les exigences de la clientèle s’imposaient. Worth, lui, vend ses propres créations, met en place la saisonnalité des collections et la pratique des défilés. Il est par ailleurs le premier à signer ses modèles.

«Worth n’est pas le premier mais l’un des plus importants à renverser ce système», explique Marine Kisiel, conservatrice au Palais Galliera et co-commissaire de l’exposition.
Le couturier «imagine cette martingale à la fois économique et géniale qui consiste à vendre trois fois le même produit à la cliente: en vendant les métrages de tissu, l’ingéniosité du modèle et la personnalisation, et enfin en vendant le génie», poursuit-elle. De quoi facturer ses modèles à des «prix exorbitants», précise-t-elle.

À travers plus de 400 pièces – vêtements, accessoires ou encore peintures –, cette rétrospective permet de (re)découvrir le style de Charles Frederick Worth mais également celui de ses fils Jean-Philippe et Gaston, et de ses petits-fils Jean-Charles et Jacques, qui ont ensuite pris la relève.
Un style caractérisé à chaque période par «l’opulence, la théâtralité et l’historicisme», affirme Sophie Grossiord, conservatrice générale du Palais Galliera et co-commissaire de l’exposition.

Le style tapissier et sa surcharge décorative, les robes à tournures et à faux-culs ou encore les «travestis», ces robes portées lors des bals costumés, sont plébiscités notamment par l’impératrice Eugénie (épouse de l’empereur français Napoléon III) et l’impératrice Élisabeth d’Autriche, mieux connue sous le nom de Sissi (épouse de l’empereur François-Joseph).

Des robes de jour aux manteaux d’opéra, en passant par les robes de thé et les tenues de bal, la maison Worth habille les femmes tout au long de la journée.
Son style évolue au fil des ans et de ses créateurs. Au début du XXe siècle, Worth livre ainsi des silhouettes inspirées du Premier Empire (1804-1815), comme c’est la mode à l’époque, plus épurées, à la fois droites et fuselées.
À cette époque, le couturier Paul Poiret fait ses armes chez Worth, avant de lancer son propre atelier en 1903.

Dans les années 1920, la maison poursuit l’aventure avec une prédilection pour l’Art déco, et le fameux «bleu Worth» s’impose.
«L’ambition de l’exposition, c’est de dépasser le seul Charles Frederick, père fondateur, auquel peut-être souvent sont ramenées la maison et la griffe, de montrer la continuité, la filiation, mais aussi le renouveau de génération en génération qu’ont impulsé ses fils et petits-fils jusqu’au XXe siècle», explique Sophie Grossiord.

Cette exposition, c’est surtout «une occasion unique de voir (des robes) qu’on ne reverra peut-être plus», souligne par ailleurs Annick Lemoine, la directrice du Petit Palais. Elles «sont d’une telle fragilité qu’au-delà de l’exposition, elles vont être remisées», précise-t-elle.
Le Petit Palais, musée des beaux-arts de la Ville de Paris, est situé en bas de la célèbre avenue des Champs-Élysées. L’exposition est ouverte du 7 mai au 7 septembre.

Avec AFP

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