
Le Premier ministre travailliste australien Anthony Albanese a décroché samedi la victoire aux élections législatives, au terme d'une campagne centrée sur le pouvoir d'achat et l'environnement, et sur laquelle a plané l'ombre de Donald Trump.
«Merci au peuple australien de me donner la chance de continuer de servir la meilleure nation au monde», s'est-il réjoui devant ses partisans réunis à Sydney, qui ont scandé son surnom, «Albo», à l'annonce des résultats.
Coup de tonnerre dans le paysage politique australien, le meneur de l'opposition conservatrice Peter Dutton, chef du Parti libéral, a perdu son siège au profit d'une travailliste.
«Nous n'avons pas fait assez bien lors de cette campagne - cela est évident ce soir, et j'en assume l'entière responsabilité», a-t-il déclaré à ses soutiens.
Les projections de la chaîne nationale ABC annonçaient une victoire écrasante pour le parti travailliste avec jusqu'ici 85 sièges sur les 150 que compte le parlement. La coalition de M. Dutton en obtient 41, les autres partis neuf tandis que quinze restent incertains.
Les Australiens étaient appelés à choisir les membres de la chambre basse et renouveler environ la moitié du Sénat.
«Aujourd'hui, le peuple australien a voté pour les valeurs australiennes. Pour l'équité (...) et pour des possibilités ouvertes à tous», s'est félicité M. Albanese lors de son discours de victoire.
«En ces temps d'incertitude au niveau mondial, les Australiens ont choisi l'optimisme et la détermination.»
Premier ministre depuis une victoire sur le fil aux législatives de 2022, M. Albanese, 62 ans, a promis de développer les énergies renouvelables, lutter contre la crise du logement et financer davantage le système de santé.
Parlementaire depuis 1996, d'origine modeste, il met souvent en avant un mode de vie décontracté pour parler à la classe moyenne, jouant les DJ pour animer ses meetings, cannette de bière à la main, ou arrivant accompagné de son caniche Toto lors d'entretiens télévisés.
Il était donné en légère avance dans les sondages sur Peter Dutton, ancien policier de la brigade des stupéfiants, âgé de 54 ans. Celui-ci proposait de réduire l'immigration, s'attaquer à la délinquance, se débarrasser d'une interdiction du nucléaire civil dans le pays ou supprimer des milliers d'emplois dans la fonction publique.
Effet Trump
Le Premier ministre britannique Keir Starmer, travailliste comme M. Albanese, a salué sur X la victoire de son homologue, louant les liens «plus étroits que jamais» entre les deux pays.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réagi en saluant «le soutien indéfectible de l'Australie». «Nous nous réjouissons à l'idée de renforcer davantage notre partenariat productif (...),» a-t-il ajouté.
En février, Canberra avait indiqué avoir engagé plus de 1,5 milliard de dollars australiens (plus de 960 millions de dollars américains) pour aider l'Ukraine à se défendre.
Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a également félicité M. Albanese pour sa victoire et appelé à «approfondir» les liens avec l'Australie, tandis qu'Emmanuel Macron a jugé sur X que «face aux défis du monde, l’Australie et la France ont tant à accomplir ensemble, en particulier dans l’Indopacifique».
Le Premier ministre indien Narendra Modi a lui aussi réagi, déclarant vouloir «faire progresser notre vision partagée de la paix, de la stabilité et de la prospérité dans la région indopacifique».
Selon certains sondages, le soutien aux conservateurs s'est amoindri en raison de l'offensive commerciale de Donald Trump, qualifié de «grand penseur» par M. Dutton au début de l'année - même si le chef de l'opposition a ensuite durci le ton face à la surtaxe de 10% sur les marchandises australiennes.
D'autre part, M. Dutton a proposé une version «allégée» du projet politique du président américain. «Si on veut comprendre pourquoi une bonne partie de l'électorat a changé (d'avis) durant la campagne électorale ces derniers mois, je pense que c'est la principale raison», analyse Henry Maher, professeur de sciences politiques à l'université de Sydney.
«Nous n'avons pas besoin de mendier, d'emprunter ou de copier (quoi que ce soit) d'ailleurs. Nous ne cherchons pas notre inspiration à l'étranger», a déclaré Anthony Albanese samedi soir.
L'économie a préoccupé les électeurs, de nombreux ménages australiens étant affectés par l'augmentation du prix des denrées alimentaires, de l'électricité ou encore du carburant.
Les électeurs d'Australie, géant de la production de charbon, devaient aussi départager deux dirigeants aux visions contrastées sur la lutte contre le changement climatique.
Le gouvernement travailliste de M. Albanese a promis de faire de l'Australie une superpuissance des énergies renouvelables même s'il a accordé des permis à de nouveaux projets miniers et des subventions à des industries polluantes.
Par Steven TRASK / AFP
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