Accord américano-ukrainien sur les ressoures naturelles: ce que l'on sait
Le président Trump et le président Zelensky. ©AFP

Kiev et Washington ont scellé un accord sur l'exploitation de minerais, pétrole et gaz de l'Ukraine, censé compenser, selon l'administration américaine, «l'importante aide financière et matérielle» fournie pour défendre ce pays depuis l'invasion de la Russie.

Ce règlement est l'aboutissement de semaines de bras de fer entre les présidents américain Donald Trump et ukrainien Volodymyr Zelensky, deux mois après la retentissante altercation dans le Bureau ovale qui avait fait capoter une première signature.

Voici ce que l'on sait de ce texte qui ne semble a priori pas comporter de garanties américaines de sécurité.

Un accord accepté par Kiev
Donald Trump a toujours exigé une compensation de l'aide militaire et financière américaine versée depuis trois ans. Il a chiffré le montant dû par Kiev à 500 milliards de dollars, soit plus de quatre fois l'assistance fournie jusqu'ici – environ 120 milliards de dollars – selon l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale (IfW Kiel).

M. Zelensky avait rejeté une première mouture de l'accord sur l'exploitation des ressources naturelles ukrainiennes, au motif que «dix générations d'Ukrainiens» auraient eu à payer.

Une autre version aurait dû être signée le 28 février par le président ukrainien à la Maison Blanche. Mais l'altercation sans précédent entre lui, M. Trump et son vice-président JD Vance, sous les caméras du monde entier, avait précipité son départ et annulé la signature.

Après une énième mouture proposée par Washington, mais toujours rejetée par Kiev en mars, un document a finalement été accepté ces jours-ci par l'Ukraine.

Avant la signature mercredi à Washington, le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal a salué «vraiment un bel accord international équitable entre les gouvernements américain et ukrainien».

Le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent s'est aussi réjoui que son pays ait «une chance de participer, d'obtenir (...) une compensation» pour l'aide fournie à l'Ukraine.

Comment fonctionne l'accord ?
Les deux États doivent mettre en place un fonds d'investissement à parts égales pour la reconstruction de l'Ukraine et qui devrait donner aux États-Unis un accès à ses ressources naturelles : minerais, terres rares, gaz, pétrole.

D'après la ministre ukrainienne de l'Economie, Ioulia Svyrydenko, il s'agira de financer des «projets d'extraction» de ces ressources naturelles, dont Kiev «conservera l'entière propriété et le contrôle».

Les bénéfices dégagés par le fonds seront réinvestis en Ukraine, laquelle n'aura «aucune dette» à rembourser pour l'aide américaine fournie depuis 2022.

Il s'agira de financer uniquement des projets d'extractions et d'infrastructures minières, pétrolières et gazières en Ukraine pour les dix prochaines années.

«Les transferts et développements de technologies sont une part importante de l'accord, car nous avons besoin d'investissements mais aussi d'innovations», a fait valoir Mme Svyrydenko.

Elle aussi laissé entendre que l'accord, s'il est ratifié, n'empêcherait pas une intégration de son pays à l'Union européenne.

Quelles ressources naturelles en Ukraine ?
Selon diverses estimations, l'Ukraine concentre à elle-seule quelque 5 % des ressources minières mondiales, mais toutes ne sont pas exploitées ou facilement exploitables. D'autres sont en territoires occupés par la Russie.

Elle se place en quarantième position des pays producteurs de minerais, toutes catégories confondues (charbon inclus), selon la publication World Mining Data en 2024.

L'Ukraine est ainsi assise sur trois minerais stratégiques : le manganèse (8e producteur mondial), le titane (11e) et le graphite (14e), indispensable aux batteries électriques.

De ce dernier minerai, l'Ukraine concentre «20 % des ressources mondiales estimées», d'après le Bureau français de recherches géologiques et minières (BRGM).

Kiev est aussi selon le BRGM «un des principaux pays d'Europe en matière de potentiel» d'exploitation du lithium, incontournable pour les batteries.

Le pays possède enfin l'une des plus grosses réserves en Europe de lithium, mais non encore exploitée.

En revanche, l'Ukraine n'est pas spécialement réputée pour ses réserves de terres rares, une catégorie très spécifique de 17 métaux indispensables à l'économie mondiale (écrans, drones, éoliennes, moteurs électriques...).

Des garanties de sécurité ?
Réaffirmant ce que Donald Trump martèle depuis des mois, le Trésor américain a salué un accord qui «reconnaît l'importante aide financière et matérielle que le peuple américain a fournie à la défense de l'Ukraine».

Le Trésor a ajouté la mention «depuis l'invasion à grande échelle de la Russie», fait très rare dans la bouche de Washington depuis le rapprochement avec Moscou.

Mais selon des extraits de l'accord publiés par la presse, il ne semble pas y avoir d'obligations de sécurité américaines – encore moins de fourniture d'armements – face à la Russie, des garanties pourtant exigées par l'Ukraine.

Il est simplement mentionné dans le texte que les États-Unis «soutiennent les efforts de l'Ukraine en vue d'obtenir les garanties de sécurité nécessaires à une paix durable».

Par AFP

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