Pietro Parolin, diplomate aguerri et fin technicien du Saint-Siège
Le cardinal italien et secrétaire d'État du Vatican, Pietro Parolin (au centre), officie lors d'une messe au lendemain des funérailles du pape François, sur la place Saint-Pierre au Vatican, le 27 avril 2025. ©Damien MEYER / AFP

Diplomate chevronné et polyglotte, connu pour sa fine connaissance des dossiers, le cardinal italien Pietro Parolin jouit d'une solide réputation aussi bien à Rome que sur la scène internationale qui l'érige en candidat sérieux pour succéder au pape François.

Secrétaire d'État (numéro deux du Vatican) sous le pontificat du jésuite argentin, ce spécialiste de l'Asie, du Moyen-Orient et de l'Amérique du Sud a été la cheville ouvrière de la diplomatie du Saint-Siège au cours des 12 dernières années.

Silhouette légèrement courbée, voix fluette, caractère flegmatique au sens de l'humour subtil, Mgr Parolin, 70 ans, est connu de nombreux chefs d'État qu'il a reçus sous les ors du palais apostolique ou rencontrés lors de ses dizaines de voyages aux quatre coins du globe.

Outre son rôle clé sous le pontificat, son ouverture sur certains sujets sociétaux le placent comme une figure de continuité avec François mais son orthodoxie sur d'autres aspects du credo le font aussi apparaître comme capable de séduire une frange plus traditionnelle du collège, et donc de concilier les différents courants de l'Église.

D'autant qu'il maîtrise aussi les codes et les rouages de la Curie romaine, l'appareil administratif du Saint-Siège, et a été membre du « C9 », le groupe de conseillers cardinaux entourant le pape François.

« Il est le cardinal le plus connu de tous. Mais la question est de savoir si sa notoriété aidera à faire consensus sur sa personne. Elle pourrait aussi le desservir », explique à l'AFP une source ecclésiastique à Rome, qui préfère garder l'anonymat.

Par ailleurs, « il n'a jamais eu de responsabilités pastorales et a très peu pris position sur les questions sociétales, il est resté dans un rôle très institutionnel. Il est donc difficile de savoir ce qu'il pense, ce qui peut être un point faible ».

Du Vietnam à la Chine 

S'exprimant aisément aussi bien en français qu'en anglais ou espagnol, Parolin, cheveux poivre et sel et lunettes rectangulaires, apparaît disponible mais prudent auprès des médias, évitant toute déclaration qui pourrait être mal interprétée.

Peu après son élection en 2013, le pape François le choisit comme « Premier ministre » puis le crée cardinal en 2014. Cette année-là, il participe à la médiation qui conduit au dégel entre les États-Unis de Barack Obama et Cuba de Raul Castro.

Mais il joue surtout un rôle clé dans la signature en 2018 d'un accord historique entre le Saint-Siège et la Chine sur les nominations d'évêques, renouvelé depuis.

Une étape cruciale pour la normalisation des relations entre les deux États mais critiquée par certains conservateurs, notamment américains, qui l'accusent de sacrifier les catholiques chinois de l'Église clandestine.

Il défend aussi le dégel dans un dossier similaire avec le Vietnam communiste. Habitué des grands sommets internationaux, il porte les positions du Saint-Siège sur le dossier ukrainien, l'écologie ou les migrations.

Sa relation fidèle à François se heurte pourtant à des limites sur le dossier ukrainien, où Jorge Bergoglio froisse tour à tour Kiev et Moscou dans des déclarations polémiques avec lesquelles il prend ses distances.

Riche carrière 

Né le 17 janvier 1955 près de Venise (nord de l'Italie) d'un père quincailler et d'une mère institutrice, Pietro Parolin est élevé dans une famille profondément catholique.

La perte tragique de son père, décédé dans un accident de voiture lorsqu'il avait 10 ans, marque son enfance et celle de ses frère et sœur. À 14 ans, il entre au séminaire. Après avoir obtenu son baccalauréat, il poursuit ses études de philosophie et de théologie.

Ordonné prêtre à l'âge de 25 ans, il est envoyé à Rome pour étudier le droit canon. Il entre à l'Académie pontificale ecclésiastique, école formant les hauts diplomates du Saint-Siège, qu'il rejoint en 1986 pour y faire toute sa carrière.

Ses missions l'emmènent au Nigeria jusqu'en 1989, puis au Mexique (1989-1992), mais aussi au Rwanda ravagé par la guerre civile, puis comme nonce apostolique (ambassadeur du Saint-Siège) au Venezuela de 2009 à 2013.

Sur les questions sociétales, Parolin semble adopter une position traditionnelle mais équilibrée : il a déclaré que le célibat sacerdotal n'était « pas un dogme » et qualifié en 2023 de « grave et scientifiquement indéfendable » toute idée d'une corrélation entre orientation homosexuelle et violences sexuelles dans l'Église.

Mais il a aussi réaffirmé que le célibat est un « don de Dieu à l'Église », dénoncé l'avortement et la gestation pour autrui, les qualifiant de violations graves de la dignité humaine et critiqué la « théorie du genre ».

Par Clément MELKI / AFP

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