Washington exige la fin des armes illégales, l’Iran sous pression
©Ici Beyrouth

Washington et Téhéran continuent d’emprunter des chemins diamétralement opposés. D’un côté, les États-Unis poursuivent leur objectif de lutter contre le terrorisme dans la région et de mettre fin à la prolifération des armes illégales, dans le cadre d’une politique visant à établir une paix durable au Moyen-Orient. De l’autre, l'Iran persiste à soutenir ses factions armées dans la région, les utilisant comme leviers dans les négociations nucléaires, dont la quatrième phase débutera samedi prochain.

En prévision de la très attendue visite de Donald Trump dans la région, qui débutera en Arabie saoudite, l’administration américaine a donné pour instruction à ses forces déployées de poursuivre leurs opérations contre le terrorisme, notamment en Syrie. Elle a également exigé du président intérimaire syrien, Ahmad el-Chareh, qu'il interdise toute activité politique ou militaire des groupes palestiniens et qu’il expulse leurs cadres du territoire syrien.

En réponse, les forces de sécurité syriennes ont procédé à l’arrestation de plusieurs dirigeants palestiniens du Jihad islamique, avant que les Brigades al-Qods n’interviennent pour réclamer leur libération. M. Chareh a réaffirmé que seul l’État syrien avait autorité sur les armes, rejetant l’idée que la Syrie puisse servir de base arrière pour des opérations contre Israël. «La Syrie ne constitue pas une menace pour les pays de la région, y compris Israël», a déclaré le ministre syrien des Affaires étrangères lors de son intervention devant le Conseil de sécurité de l’ONU.

Dans le même temps, l’administration Trump redouble d’efforts pour désarmer les factions militaires iraniennes, y compris le Hamas et le Hezbollah, avant de pouvoir envisager une normalisation dans la région.

Parmi les évolutions récentes observées par certains diplomates, on note les manifestations des Gazaouis contre le Hamas, appelant à son départ, ainsi que l’annonce de Mahmoud Abbas concernant la création d’un poste de vice-président pour Gaza. Le Hamas se retrouve ainsi pris entre le marteau de l’Autorité palestinienne, le mécontentement populaire et l’enclume de la machine militaire israélienne. Dans ce contexte, Mahmoud Abbas a posé ses conditions pour la paix: la création d'un «État palestinien indépendant, souverain, viable et reconnu, avec une pleine adhésion à l’ONU».

Il a également exigé l'arrêt des opérations militaires israéliennes en Cisjordanie, l’arrêt de la colonisation et des attaques des colons, ainsi que le respect des lieux saints à Jérusalem et en Cisjordanie, tout en appelant à une trêve totale à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem. Ces mesures visent à instaurer la confiance et préparer le terrain pour un véritable processus politique menant à une paix juste et durable selon les principes de la légalité internationale et des résolutions des Nations unies.

Côté iranien, Téhéran scrute les développements tout en cherchant à préserver l'influence de la révolution iranienne à travers ses bras armés. Après l’appel de Trump à résoudre la question nucléaire par la diplomatie, ou, en dernier recours, par la guerre, l’Iran a rapidement réagi pour éviter la solution militaire israélienne.

Des négociations indirectes ont ainsi été engagées, avec l’intention d’inclure des responsables européens, afin de souligner la volonté des Iraniens de s’inscrire dans un dialogue international. L'Iran a également pris ses distances avec ses groupes armés, notamment le Hezbollah, et a rejeté l’idée de traiter ce dossier par des canaux externes. Il a insisté pour que toute discussion à ce sujet se fasse uniquement par le biais de négociations directes avec les dirigeants de ces groupes, comme il l’a clairement indiqué à Washington et Riyad.

Dans ce contexte, un responsable sécuritaire libanais assure que la situation est sous contrôle. Par ailleurs, l’ambassadeur iranien, Mojtaba Amani, a été convoqué par le ministère des Affaires étrangères libanais à la suite de son affirmation que «le désarmement est une conspiration contre l'État libanais». Avant cette convocation, Amani avait précisé que son pays respecterait les décisions des Libanais concernant les armes du Hezbollah et qu’il n’avait pas l’intention d’imposer sa vision au Liban.

Le message du ministre libanais des Affaires étrangères a été clair: «Le Liban est un État souverain, libre et indépendant, et ne permettra à personne de s'ingérer dans ses affaires. Personne ne pourra lui imposer une position ni négocier en son nom. Le Liban ne fait pas partie du camp dirigé par l'Iran pour que ce dernier lui dicte ses choix.» Selon un leader souverainiste, l’élection du président Joseph Aoun a marqué un tournant historique, symbolisant le «retrait du Liban de l’influence iranienne».

Les responsables du Hezbollah ont bien pris la mesure du message, surtout après la déclaration du président Aoun, qui a souligné que «la seule solution pour le Liban passe par la diplomatie». S’adressant à ceux qui prônent la guerre, il a ajouté: «Nous ne pouvons plus supporter le langage de la guerre.»

Parallèlement, des sources proches des Forces libanaises affirment que le tandem chiite (Amal-Hezbollah), en particulier le Hezbollah, traverse une phase délicate. Le groupe cherche à maintenir sa position tout en œuvrant à légitimer les acquis obtenus par la force, notamment en recherchant des avantages politiques en échange du dépôt des armes. C’est pourquoi les responsables du Hezbollah sont montés au créneau, réaffirmant leur attachement à leur arsenal tout en posant leurs conditions pour son abandon. Le président du Parlement, Nabih Berry, a d’ailleurs abordé la question en déclarant: «Nous ne remettrons pas nos armes tant que les conditions imposées à Israël ne sont pas respectées. Nos armes sont notre atout, et nous ne les abandonnerons pas sans une mise en œuvre effective de l'accord de cessez-le-feu et sans un dialogue sur son avenir».

Selon un leader souverainiste, le tandem chiite, en particulier le Hezbollah, n’est plus en mesure d’imposer ses conditions. Le parti pro-iranien a perdu, même s’il refuse de le reconnaître. Israël a éliminé ses dirigeants, détruit le Liban-Sud et déplacé sa base populaire, qui ne lui est plus fidèle. Aujourd'hui, cette base réclame la liberté et un État inclusif qui puisse accueillir tout le monde.

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