
Les Brics doivent monter au créneau, lundi à Rio de Janeiro, pour défendre le multilatéralisme, en pleine guerre commerciale lancée par le président américain Donald Trump contre le monde et en particulier contre la Chine, poids lourd du groupe des pays émergents.
Les ministres des Affaires étrangères (ou leurs représentants) des pays membres se réunissent durant deux jours, avec en vue le sommet des chefs d'État prévu à Rio les 6 et 7 juillet.
Le Brésil exerce cette année la présidence tournante du bloc qui réunit, en plus de la Chine : Russie, Inde, Afrique du Sud, Arabie saoudite, Égypte, Émirats arabes unis, Éthiopie, Indonésie et Iran.
Cette rencontre se tient à un moment critique pour l'économie mondiale.
Le Fonds monétaire international (FMI) s'attend à ce que la croissance mondiale atteigne 2,8% cette année, une valeur révisée à la baisse face aux droits de douane dégainés par Donald Trump et aux mesures de représailles prises par les autres pays.
« Les ministres négocient une déclaration visant à réaffirmer la centralité et l'importance du système commercial multilatéral », a indiqué samedi le chef négociateur du Brésil, Mauricio Lyrio.
Le bloc, qui représente presque la moitié de la population mondiale et 39% du PIB mondial, va chercher à se poser en défenseur d'un commerce basé sur des règles face aux mesures unilatérales « d'où qu'elles viennent », a-t-il dit devant des journalistes.
Depuis son retour en janvier, le président américain a imposé des droits de douane d'au moins 10% à la plupart des partenaires commerciaux des États-Unis et une surtaxe distincte de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire des États-Unis.
Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes de 125% sur les produits américains.
Domination du dollar
Au menu pourrait figurer la question sensible des transactions en devises non américaines au sein des Brics, abordée en octobre lors du dernier sommet du bloc à Kazan, en Russie.
Or, Donald Trump a menacé d'imposer des droits de douane de 100% aux pays concernés s'ils tentent de mettre fin à la domination internationale du dollar.
Le Brésil fait partie des pays les moins durement frappés par les nouveaux droits de douane (il a écopé de 10%).
Par conséquent, selon Roberto Goulart Menezes, professeur de relations internationales à l'université de Brasilia, le gouvernement du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva devrait chercher à ce que la « prudence » l'emporte.
« Si nous avons une posture plus dure à l'égard des États-Unis, cela voudra dire que la position de la Chine a prévalu », explique-t-il à l'AFP.
La réunion sera présidée par le ministre brésilien des Affaires étrangères Mauro Vieira, et comptera sur la présence du Russe Sergueï Lavrov et du Chinois Wang Yi, entre autres.
Elle doit s'ouvrir vers 11H00 locales (14H00 GMT). La déclaration finale est prévue dans l'après-midi.
Climat et Ukraine
Le changement climatique devrait y occuper une place de choix, à quelques mois de la COP30, la conférence climat de l'ONU, que le Brésil accueillera en novembre dans la ville amazonienne de Belem.
« La question du financement est absolument centrale » pour les Brics, a insisté le négociateur Mauricio Lyrio. Il a réitéré la position brésilienne selon laquelle les pays riches ont l'« obligation » de financer la transition énergétique dans les autres pays.
Le bureau américain chargé de la diplomatie climatique va disparaître, a annoncé vendredi Washington, trois mois après l'annonce retentissante du nouveau retrait des États-Unis, premier pollueur historique mondial, de l'accord de Paris sur le climat.
Enfin, le positionnement des Brics sur la guerre en Ukraine sera scruté de près, alors que l'administration Trump pousse pour un accord de paix dont les contours paraissent favorables à Moscou.
Dans ses derniers rendez-vous, souligne M. Goulart Menezes, le bloc s'est contenté de propos « généraux » sur le conflit, sans « aucune condamnation de la Russie de la part des autres membres ».
Mardi, les Brics seront rejoints dans leurs discussions par les neuf pays associés au groupe.
Par Lucia LACURCIA/AFP
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