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Des gens regardent une maison démolie appartenant à la famille d'Ahsan Ul Haq Sheikh, soupçonné d'être impliqué dans l'attaque touristique de Pahalgam, dans le village de Murran à Pulwama, au sud de Srinagar, le 26 avril 2025. ©Tauseef MUSTAFA / AFP

Le Premier ministre pakistanais s'est dit prêt samedi à une « enquête neutre » sur l'attaque meurtrière au Cachemire imputée par l'Inde au Pakistan.

S'exprimant en anglais, fait inhabituel, lors d'une cérémonie militaire, Shehbaz Sharif a répété qu'accuser son pays d'être lié à la mort de 26 civils mardi dans la région disputée du Cachemire était « infondé ».

L'Inde, elle, mène toujours une chasse à l'homme au Cachemire, assurant notamment rechercher deux tireurs pakistanais.

Alors que tous les regards sont tournés vers la ligne de contrôle (LoC), la frontière de facto au Cachemire, forces indiennes et pakistanaises ont de nouveau échangé des tirs, pour la deuxième journée consécutive, a rapporté l'armée indienne.

Elle assure que des tirs d'armes légères « non provoqués » sont venus de « nombreux » postes de l'armée pakistanaise, qui, elle, n'a pas commenté pas l'événement.

Tôt vendredi, les deux puissances nucléaires - qui se sont livrées trois guerres depuis leur partition dans la douleur en 1947, au départ du colonisateur britannique - avaient déjà brièvement échangé des tirs.

L'Arabie saoudite, allié traditionnel du Pakistan et où le Premier ministre indien Narendra Modi se trouvait au moment de l'attaque mardi, assure vouloir enrayer la spirale du conflit.

Ryad « mène des démarches pour éviter une escalade » et « que la situation échappe à tout contrôle », a indiqué un haut responsable saoudien à l'AFP.

L'Iran, rival historique de l'Arabie saoudite et qui a mené début 2024 une série de tirs au Pakistan, a également proposé sa médiation.

Menaces et sanctions 

Au Cachemire, après que M. Modi a promis que son pays traquerait les tireurs de mardi « jusqu'au bout de la terre », la police indienne a diffusé les portraits-robots de deux ressortissants pakistanais, les présentant comme membres du groupe Lashkar-e-Taiba (LeT), basé au Pakistan.

Et l'armée indienne a détruit vendredi à l'explosif deux maisons présentées comme appartenant aux familles des auteurs de l'attaque.

Mercredi, le ministre indien de la Défense Rajnath Singh avait menacé de représailles « ceux qui ont organisé ça en cachette », visant implicitement le Pakistan.

Le ministre pakistanais de la Défense a rétorqué vendredi sur la chaîne Sky News. « Nous répliquerons, nous ajusterons notre réponse en fonction de ce que fera l'Inde (…) il est possible qu'une guerre totale éclate et cela aura des répercussions graves », a menacé Khawaja Asif.

Mercredi, l'Inde a ouvert le bal des sanctions, avec la suspension d'un traité sur le partage des eaux de l'Indus, la fermeture du principal poste-frontière terrestre et l'expulsion de diplomates.

Le Pakistan a riposté en appliquant à chaque sanction une mesure de réciprocité.

Conséquence immédiate, les compagnies aériennes indiennes ont été contraintes de modifier le trajet de leurs vols vers l'ouest et le nord-ouest pour éviter le Pakistan.

Et à la frontière, désormais fermée, des familles déchirées font leurs adieux à des épouses, des cousins ou des enfants forcés de rester de l'autre côté, maintenant que tous les visas ont été annulés par Islamabad et New Delhi - le Pakistan fait toutefois exception pour les pèlerins sikhs venus d'Inde.

Vikram Udasi, un médecin indien, a déclaré que sa famille était « prise au piège » avec son épouse pakistanaise et leur enfant, coincés de l'autre côté du poste-frontière d'Attari-Wagah.

« S'il vous plaît, laissez-les revenir. Allez-y, annulez les visas touristiques et autres visas de court séjour, mais permettez à ceux qui ont une famille et un visa de long séjour de rentrer, je vous en supplie », a imploré l’homme de 37 ans.

« Régler le problème » 

Le Conseil de sécurité de l'ONU, dont le Pakistan est actuellement membre non permanent, a condamné l'« attaque terroriste » de mardi.

En 2019 déjà, après une attaque meurtrière contre un convoi de militaires indiens, les deux pays avaient échangé des tirs.

De nombreux experts craignent une riposte militaire de New Delhi, alors que les opinions publiques des deux pays sont chauffées à blanc.

Dans ce contexte, l'ONU plaide pour « une résolution pacifique » et appelle à « la retenue maximale ».

Donald Trump a jugé vendredi que l'Inde et le Pakistan allaient « régler le problème d'une manière ou d'une autre ».

Le Cachemire a été partagé entre l'Inde et le Pakistan à leur indépendance en 1947. Ils continuent depuis à réclamer la souveraineté sur l'ensemble du territoire.

Depuis 1989, les combats entre insurgés séparatistes et troupes indiennes ont fait des dizaines de milliers de morts.

Par Zain Zaman JANJUA avec le bureau de l'AFP en Inde/AFP

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