La canonisation du jeune Carlo Acutis, initialement prévue aujourd’hui à Rome, est suspendue à la suite du décès du pape François. Le processus quant à lui reste intact, mais l’événement est reporté «sine die». Une décision qui attriste des milliers de fidèles, notamment des jeunes, pour qui «le geek de Dieu» incarne une figure de foi moderne.
Le 27 avril 2025 devait marquer une date historique dans le calendrier catholique. Carlo Acutis, un adolescent italien décédé en 2006 à l’âge de 15 ans, et béatifié en 2020, devait être proclamé saint. Cela aurait constitué une première pour un «millénaire», une première aussi pour un passionné d’informatique dont le témoignage de foi traverse tous les continents et toutes les générations. Mais six jours avant cette cérémonie, le pape François a rendu l’âme, suspendant ainsi la canonisation.
Le droit canon est très clair: pas de canonisation sans pontife. Toute déclaration solennelle comme celle d’un nouveau saint ne peut être proclamée en période de «sede vacante», période où le siège pontifical est vacant. L’Église catholique entre désormais dans une période d’attente, emmenant avec elle des milliers de fidèles qui s’apprêtaient à célébrer Carlo Acutis.
Une suspension inattendue
À Rome, les préparatifs battaient leur plein. Des milliers de jeunes y étaient attendus pour le Jubilé des adolescents voulu par le pape François durant cette année jubilaire. Des délégations de paroisses d’Europe, d’Afrique ou encore d’Amérique s’étaient mobilisées pour l’occasion. Des veillées et de nombreuses prières devaient culminer en un moment fort: la proclamation de la sainteté de Carlo.
Deux miracles ont été retenus dans le cadre de la procédure de canonisation. Le premier concerne la guérison en 2013 d’un enfant brésilien souffrant d’une grave anomalie pancréatique. Le second, survenu en 2022, implique une jeune costaricienne gravement blessée lors d’un accident de vélo, qui a retrouvé la santé après que sa mère s’est rendue sur la tombe du bienheureux à Assise. Après enquête, les commissions médicales et théologiques du Vatican ont validé le caractère inexpliqué de ces guérisons.
Mais le décès du pape François a tout figé. Le bureau de presse du Saint-Siège publiait le 21 avril dernier: «À la suite du décès du souverain pontife François, il est annoncé que la célébration eucharistique et le rite de canonisation du Bienheureux Carlo Acutis, prévus le 27 avril 2025 […] sont suspendus.»
La sainteté est accessible à tous
Carlo Acutis était loin d’être un adolescent mystique. Il aimait les jeux vidéo et l’informatique, sortait avec ses amis et portait des sweats à capuche. Mais chaque jour, une partie de son temps était consacrée à la prière, à la messe et au service des plus pauvres. Il avait également créé, à l’âge de 11 ans, un site internet consacré aux miracles eucharistiques. Ainsi, sa vie profondément ancrée dans la foi a fait de lui un exemple pour de nombreux jeunes croyants.
Ce contraste frappe: un adolescent connecté mais croyant, un geek tourné vers Dieu, un enfant de son époque qui vivait pleinement sa foi en ne se coupant pas du monde. C’est donc cette image que le Vatican voulait mettre en avant avec cette canonisation. Dans une Église confrontée à un vieillissement des fidèles, une crise des vocations, faire de Carlo Acutis un saint envoyait un message fort: la sainteté est accessible à tous.
Une attente pleine de foi et d’espérance
Dans les jours qui ont suivi l’annonce de ce report, les réactions étaient à demi-teinte. Pour beaucoup, la tristesse domine. Mais à Rome, certains groupes de pèlerins ont maintenu leur voyage, voulant transformer la suspension de cet événement en un temps de prière et de communion. Pour d’autres, c’est un appel à la patience.
Après tout, le «cyber-apôtre» n’a jamais cherché la reconnaissance. Il affirmait d’ailleurs que «tous naissent comme des originaux, mais beaucoup meurent comme des photocopies». L’attente se transforme donc en prolongement de son message.
À Assise en Italie, où repose son corps, les pèlerins continuent d’affluer. Depuis sa béatification en 2020, le sanctuaire ne cesse d’accueillir des visiteurs venus prier sur sa tombe. Pour l’Église, l’histoire de Carlo Acutis continue d’agir, même sans le décret de canonisation officielle. De nombreux prêtres ou religieux le citent comme une figure inspirante.
En attendant, la vie de l’Église est sous le regard de tous. Le conclave se prépare. Le calendrier jubilaire s’ajuste et la canonisation de Carlo Acutis aura lieu tôt ou tard. Elle ne sera que plus attendue, plus forte encore. La reconnaissance officielle viendra sceller ce que les fidèles vivent déjà.
La suspension de cette canonisation rappelle une vérité essentielle de la foi chrétienne: la sainteté ne dépend pas d’un rite, mais d’un véritable témoignage. Celui de Carlo Acutis, lui, n’a pas été interrompu.
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