
Le Liban se prépare à affronter une tempête de sable d’une intensité rare qui touchera plusieurs régions pendant trois jours. Face à ce danger, la prudence, la préparation et la réactivité sont plus que jamais nécessaires.
Le Liban se prépare à l’arrivée d’un visiteur aussi redouté qu’imprévisible, une tempête de sable attendue les 22, 23 et 24 avril. Provenant des déserts syriens et irakiens, cette tempête s’annonce intense et devrait affecter de nombreuses régions.
Ce phénomène s'accompagne généralement d’une hausse notable des températures, dépassant les moyennes saisonnières pour atteindre un pic de 35°C sur le littoral mercredi. Bien que ces tempêtes soient rares et que le Liban ne soit pas situé dans les grandes zones désertiques, elles représentent un réel danger et affectent tout de même le quotidien des habitants.
En septembre 2015, une tempête similaire avait frappé le Liban, entraînant plus de 750 hospitalisations pour des troubles respiratoires et faisant cinq victimes. Elle avait également conduit à la fermeture d’écoles et d’administrations.
Dans un contexte de dérèglement climatique qui amplifie la fréquence et l’intensité de ces phénomènes, il devient essentiel de mieux les comprendre, de mesurer les risques et de connaître les bons réflexes pour s’en protéger. Les autorités appellent à la vigilance et encouragent chacun à suivre attentivement les recommandations sanitaires et météorologiques en se renseignant auprès de sources fiables, comme le ministère de la Santé ou les bulletins météo officiels.
Quand le sable envahit l’air
Une tempête de sable est un phénomène atmosphérique marqué par la présence dans l’air de fines particules de sable ou de poussière, soulevées par des vents puissants traversant des régions arides ou semi-arides. Ces vents peuvent arracher les couches superficielles du sol, souvent instables dans les déserts ou sur les terres asséchées. Les particules sont ensuite transportées sur de longues distances, réduisant la visibilité, modifiant la couleur du ciel et dégradant la qualité de l’air.
L’apparition de ces tempêtes est souvent provoquée par une dépression atmosphérique, créant un déséquilibre entre les masses d’air. Par exemple, un contraste entre une zone de basse pression au Levant et un anticyclone sur l’Afrique du Nord peut déclencher des vents chauds venus du sud-ouest, appelés «khamsin», chargés de poussière.
Le Liban subit régulièrement les effets de ces phénomènes, avec un ciel jaune, une chaleur inhabituelle et un air saturé de particules portées par les vents en altitude.
Une perturbation majeure à prévoir
Du 22 au 24 avril, le Liban sera frappé par une tempête de sable, selon les prévisions de Météo Liban. Cette tempête affectera diverses régions, notamment le Bekaa, Tripoli, Beyrouth et Saïda, ainsi que d'autres zones côtières et intérieures.
Les vents violents souffleront entre 60 et 95 km/h, soulevant d’importantes quantités de poussière, réduisant considérablement la visibilité. Cela pourrait compliquer la circulation routière, aérienne et maritime. L’intensité de la tempête diminuera progressivement jusqu’au jeudi 24 avril, mais ses effets resteront perceptibles.
L’agriculture pourrait également être affectée par la dégradation de la qualité de l’air, nuisible à la santé des cultures. En raison de l’air poussiéreux, la visibilité sera fortement réduite, entraînant des perturbations dans les transports.
Un danger silencieux pour la santé
Jean-Paul Khairallah, membre de l’équipe internationale de santé publique à la Fédération internationale des associations d’étudiants en médecine (IFMSA), met en garde contre les effets nocifs des tempêtes de sable sur la santé.
Dans un entretien accordé à Ici Beyrouth, il explique que «lors de ces tempêtes, de très petites particules sont projetées dans l’air à grande vitesse, ce qui leur permet de pénétrer facilement dans les voies respiratoires et jusque dans les poumons». Ces particules peuvent «irriter les bronches, provoquer des inflammations, des toux persistantes, et aggraver l’état des personnes souffrant déjà de troubles respiratoires comme l’asthme ou la bronchite», précise-t-il.
Les fumeurs sont particulièrement à risque, et dans certains cas, ces tempêtes peuvent provoquer des crises graves nécessitant une hospitalisation.
M. Khairallah ajoute que «les particules transportées peuvent contenir des microbes, comme des bactéries ou des virus, ce qui augmente le risque d’infections, surtout chez les personnes fragiles ou avec un système immunitaire affaibli».
Il conclut en soulignant que «ces risques sont souvent sous-estimés, alors qu’ils deviennent de plus en plus fréquents à cause du changement climatique».
Les gestes à suivre pour se protéger
Pour limiter les risques pour la santé, il est vivement recommandé de rester à l’intérieur et de bien fermer portes et fenêtres pour empêcher l’infiltration de poussière.
Les personnes souffrant d’allergies, d’asthme ou de maladies respiratoires doivent suivre leur traitement de manière stricte et rester à l’abri pendant toute la durée de la tempête, tout comme les enfants et les personnes âgées.
En cas de déplacement indispensable, il est conseillé de porter un masque filtrant de type N95 ou FFP2. Il est également important de se laver régulièrement le visage et les mains pour limiter l'exposition aux particules de poussière.
À l’extérieur, il est préférable d’éviter tout effort physique, car l’inhalation de particules peut aggraver les problèmes respiratoires ou déclencher des crises allergiques.
Les conducteurs doivent faire preuve d’une grande prudence en allumant les feux de brouillard, en réduisant leur vitesse, en maintenant une distance de sécurité et en s’appuyant sur les marquages au sol pour s’orienter.
Il est recommandé de garder les fenêtres fermées et d’activer la climatisation. Le port d’un masque et de lunettes est également conseillé.
Ces gestes simples, appliqués dès l’apparition des premiers signes de la tempête, sont essentiels pour préserver notre santé et notre sécurité. En les adoptant, nous nous protégeons tout en veillant sur le bien-être des plus vulnérables autour de nous.
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