Quand la résurrection du Christ était célébrée durant huit jours
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Fête chrétienne vieille de 2000 ans, Pâques célèbre la résurrection du Christ et constitue le cœur de la foi chrétienne. Temps de joie et de partage, des cloches de Pâques à la chasse aux œufs en passant par l’agneau pascal, les traditions qui entourent cette fête sont nombreuses. Saviez-vous que le lundi de Pâques est un vestige du temps de l’empereur Constantin où toute la semaine suivant Pâques était fériée? C’est ce qu’on appelait l’octave de Pâques, qui a prévalu dans le calendrier liturgique jusqu’en 1802. Retour sur cette petite histoire…

On pourrait définir le lundi de Pâques – jour férié – comme le rescapé d’une ancienne tradition chrétienne, l’octave de Pâques.

L’octave de Pâques est établie par l’empereur romain Constantin (272-337 après J.-C.) et s’étend du dimanche commémorant la résurrection du Christ au dimanche de la Miséricorde. Pendant cette semaine fériée qui prolonge la célébration du retour à la vie de Jésus, les chrétiens participaient à des messes quotidiennes et certains entreprenaient même un pèlerinage jusqu’à Rome.

Pourtant, dans la tradition chrétienne, c’est souvent le chiffre sept qui revient régulièrement.  Alors, pourquoi parle-t-on d'octave, dérivé du latin octavus qui signifie huitième?

Octave: huitième jour, celui de la plénitude

Pour le père Mathieu Thouvenot, il ne faut pas se contenter d'une journée pour fêter Pâques! Car «tout commence avec la résurrection du Christ», défend-il dans une interview accordée en avril 2013 à la Radio chrétienne francophone (RCF).

«Tout redémarre. Cette résurrection est tellement énorme qu’on ne peut pas se contenter d’une journée pour la fêter!», poursuit-il. 

Ainsi l’octave de Pâques se déroulait du dimanche de Pâques au dimanche suivant.

«Le huitième jour, c’est le jour de la plénitude. Une semaine dure sept jours. Et le huitième jour, c’est l’aboutissement final, le jour de la recréation, un signe d’éternité. C’est la Genèse qui nous dit pourquoi la semaine fait sept jours. La Genèse s’arrêtait là. Et l’Évangile, avec la résurrection de Jésus, nous annonce un huitième jour qui est comme l’aboutissement de la création. Il faut aller jusqu’à la résurrection de Jésus pour aboutir à l’état ultime de ce que Dieu avait prévu», explique aussi le Père Thouvenot.

Une semaine très solennelle qui rassemblait tout le monde dans la prière, permettant ainsi de prolonger la fête de Pâques.

Symbolique    

La pratique de l'octave religieuse se trouvait déjà dans l'Ancien Testament avec la fête des Tabernacles (Lv 23-26).

Huit jours durant lesquels on prenait le temps de puiser au fond de soi, d’aller à l'essentiel d'un quotidien qui se répète. Un temps pour se ressourcer intérieurement et reprendre ainsi des forces pour le lendemain.

Huit jours qui permettaient aussi d’échapper au stress, au sensationnel et à l’agitation du quotidien moderne. Huit jours de spiritualité.

Les prières se répétaient au fil des jours, de même que les chants. Les églises faisaient résonner les cloches à 18h, tout au long de l’octave pascale.

Ainsi, tous les moyens étaient mis en œuvre dans la liturgie pour entretenir la joie pascale: l'alléluia était entonné avant la lecture de l’Évangile, mais également dans les psaumes ou les chants. 

L’octave de Pâques donnait ainsi une tonalité particulière à la fête de Pâques, puisque chaque jour qui la suivait était encore jour de fête!

Ces huit jours nous rappelaient ainsi que le mystère de la résurrection du Christ est au cœur de toute notre vie chrétienne! 

Une tradition qui prit fin en 1802

Cette tradition prit fin en 1802 avec Napoléon Bonaparte qui, depuis la signature du Concordat, en 1801, reprit l’organisation des pratiques de l’Église catholique de France sous sa tutelle.

Il décida alors de revoir le nombre de jours fériés à la baisse (50 à l’époque). En sortirent indemnes l’Assomption, l’Ascension, Noël et la Toussaint.

Par cette action, Napoléon souhaitait également placer l'Église catholique sous l'autorité de l'État et limiter son influence. Pour y parvenir, lui et le pape Pie VII conclurent alors un traité de concordat et convinrent de ne laisser que le lundi férié pour Pâques.

Comme nombre de réformes de Napoléon Bonaparte, celle-ci a perduré dans le calendrier des Français. Aujourd’hui, tout comme le lundi de Pâques, sur les onze jours chômés en France chaque année, six sont un héritage des traditions chrétiennes. Des habitudes que même la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État n’a pas abolies.

L’histoire du lundi de Pâques

L’origine du mot Pâques viendrait de l’hébreu Pessa’h qui signifie «le passage». Ce dernier faisant écho à la fuite des Juifs de l’Égypte et à la traversée de la mer Rouge.

Aujourd’hui, la religion juive célèbre la Pâque (sans «s») à chaque début de printemps pour commémorer ces faits historiques.

Pour les chrétiens, Pâques fait référence à la résurrection du Christ après sa crucifixion à Jérusalem.

La célébration a lieu à la fin du Carême, une saison de jeûne et de repentance de quarante jours en référence aux quarante jours de jeûne de Jésus-Christ dans le désert.

La période maigre culmine avec la Semaine sainte et une commémoration des événements bibliques entourant la persécution, la crucifixion et la mort de Jésus. 

La Semaine sainte comprend ainsi le dimanche des Rameaux, le Jeudi saint, le Vendredi saint, le Samedi saint et Pâques. 

Cette fête catholique est fêtée le dimanche qui suit la première pleine lune après l’équinoxe de printemps. Un jour festif, symbole de renouveau et d’amour.

Même s’il ne reste de l’octave ancienne que le lundi de Pâques comme jour férié, cet héritage rappelle que la Résurrection reste, pour les chrétiens, un événement fondateur qui dépasse le simple cadre d’un jour de fête.

 

 

 

 

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