L'Iran et les États-Unis, qui ont tenu des pourparlers sur le nucléaire samedi à Rome, poursuivront les discussions le 26 avril à Oman, selon le ministre iranien des Affaires étrangères.

"Nous nous retrouverons samedi prochain à Oman", a déclaré Abbas Araghchi à la télévision d'État, précisant que "des discussions techniques au niveau des experts débuteront mercredi". Le sultanat d'Oman joue le rôle de médiateur dans ces pourparlers.

"Les deux parties ont convenu de poursuivre ces discussions indirectes dans quelques jours à un niveau technique, avant de se réunir à nouveau samedi prochain", a écrit Esmaïl Baghaï sur X.

Les deux pays ont conclu leur deuxième session de pourparlers indirects sur le programme nucléaire iranien, qualifiés de "constructifs" par les médias iraniens. Ces discussions ont eu lieu une semaine après les premiers échanges à Oman, également qualifiés de “constructifs” par les deux parties, qui sont ennemies depuis la Révolution islamique de 1979.

L'objectif des discussions est de parvenir à un accord "équitable, durable et contraignant" garantissant un Iran sans armes nucléaires, la levée des sanctions, tout en maintenant sa capacité à développer une énergie nucléaire pacifique, a précisé le ministère omanais des Affaires étrangères sur X.

Le ministre omanais a ajouté que les négociations prennent de l’ampleur, affirmant qu'« un accord est désormais possible ».

Les pourparlers sont dirigés par le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, et l’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et ont commencé vers 09H30 GMT, selon la télévision d'État iranienne et un responsable américain.

Ces discussions "indirectes", comme lors de la précédente session à Mascate, se sont tenues à la résidence de l'ambassadeur d'Oman, avec le ministre omanais assurant la médiation, a expliqué Esmaïl Baghaï à la télévision d'État iranienne.

Les négociations ont duré quatre heures, selon la télévision iranienne, qui a montré des images de la délégation quittant les lieux. "L'atmosphère des discussions a été constructive", a ajouté une envoyée spéciale de la télévision d'État, précisant que de nouveaux pourparlers pourraient se tenir “dans les prochains jours”. L'agence de presse iranienne Tasnim a également parlé d'une “atmosphère constructive”.

“Pièces séparées”

"Les deux délégations sont dans des pièces séparées", entre lesquelles le ministre omanais "convoie les messages des deux parties", a détaillé le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères.

Il s'agit de la deuxième réunion à ce niveau depuis le retrait unilatéral des États-Unis, en 2018, sous la présidence de Donald Trump, de l'accord international sur le nucléaire iranien, qui prévoyait un encadrement des activités nucléaires de l'Iran en échange d'une levée des sanctions.

Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a relancé sa politique de “pression maximale” contre l'Iran, avec lequel les États-Unis n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980. Trump a appelé en mars l'Iran à négocier un nouvel accord, mais a menacé de bombarder l'Iran en cas d’échec de la diplomatie.

Cependant, Trump a affirmé jeudi qu'il n'était “pas pressé” d'utiliser l'option militaire. “Je pense que l'Iran veut discuter”, a-t-il souligné.

La délégation iranienne est arrivée à Rome dans la nuit, selon des images diffusées par la télévision d'État iranienne, montrant Abbas Araghchi descendant d’un avion.

À la veille des discussions, Araghchi a exprimé ses "sérieux doutes" quant aux intentions des États-Unis. “Nous sommes conscients que le chemin vers un accord n'est pas sans embûches”, a écrit Esmaïl Baghaï samedi sur X.

Les pays occidentaux et Israël, considéré comme la seule puissance nucléaire du Moyen-Orient, soupçonnent l'Iran de chercher à se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces accusations et défend son droit à l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, notamment pour produire de l'électricité.

Rafael Grossi, le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a affirmé dans une interview au journal français Le Monde que l'Iran n'était “pas loin” de disposer de la bombe atomique.

Après le retrait des États-Unis de l'accord de 2015 et le rétablissement des sanctions américaines, Téhéran a progressivement pris ses distances avec l'accord en représailles. Le pays enrichit de l'uranium jusqu'à 60 %, bien au-dessus du plafond de 3,67 % fixé par l'accord, mais en deçà du seuil de 90 % nécessaire pour fabriquer une arme atomique, selon l'AIEA.

Marco Rubio, secrétaire d'État américain, a appelé les Européens, membres de l'accord, à prendre rapidement une “décision importante” concernant le “rétablissement des sanctions” internationales contre l'Iran, soulignant que l'Iran “ne respecte clairement pas l'accord actuel”.

“Lignes rouges”

L'Iran insiste pour que les négociations se limitent au nucléaire et à la levée des sanctions et considère comme une "ligne rouge" l'arrêt de toutes ses activités.

Abbas Araghchi a averti vendredi les États-Unis contre “des demandes déraisonnables” après que Steve Witkoff a exigé en début de semaine un démantèlement total du programme nucléaire iranien, y compris à des fins civiles.

Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique d'Iran, ont exclu toute discussion sur les capacités militaires et de défense, dont le programme balistique qui suscite des inquiétudes à l'international.

L'influence régionale de l'Iran figure également parmi “les lignes rouges” du pays, selon l'agence de presse officielle Irna.

Téhéran soutient ce qu’il appelle l'“axe de la résistance”, une alliance de groupes armés hostiles à Israël, incluant le Hamas palestinien, le Hezbollah libanais, les rebelles Houthis du Yémen et des milices chiites en Irak.

Israël, après le lancement des pourparlers irano-américains, a réaffirmé sa détermination à empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire, déclarant disposer d'un “plan d'action” pour ce faire.

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